L’ÉPÎTRE DE JACQUES
UNE INTRODUCTION
Communément appelée l’évangile du bon sens ou l’épître des bonnes œuvres. L’écrivain sacré s’intéresse plus à ce que le chrétien doit faire plutôt qu’à ce qu’il doit croire (sans que cela en soit moins important). C’est la foi pratique du chrétien complet (parfait voulant dire mature cf. Jacques. 1:4, 17, 25; 2:22; 3:2). Sans se voiler la face, l’immaturité ou le manque de sagesse est certainement le problème n° 1 de l’église (de manière générale). Dieu voudrait que nous croissions et nous exhorte à croître dans sa grâce et dans sa connaissance (2 Pierre 3:18), Jésus lui-même, étant notre exemple, se fortifiait en esprit, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui (Luc 2:40, 52). Dieu ne nous a pas donné sa Parole juste pour que nous ayons de grosses têtes, pour nous informer, mais pour nous transformer: de la tête, au cœur à la volonté, à l’action.
C’est pourquoi:
- La sagesse est disponible pour tous 1:5-8.
- Elle est nécessaire pour enseigner 3:1-2.
- Elle nous vient d’en haut 3:17-18.
- Elle nous évite les querelles d’en bas 3:16; 4:1-4.
Parmi les chapitres 3, versets 16 classiques, à l’exemple de Jn 3:16; Malachie 3:16; Colossiens 3:16; 1Timothée 3:16, etc. pourquoi ne pas y ajouter Jacques 3:16 qui portraiture très bien ce qui se passe dans beaucoup d’églises: « Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. » N’allons pourtant pas chercher au loin l’antidote nécessaire pour résoudre ce problème qui gangrène l’église et la société. Il se trouve dans les deux versets suivants qui nous invitent à aller à la recherche de la sagesse, la demander à Dieu (Jacq. 1:5) car: « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. Le fruit de la justice est semée dans la paix par ceux qui recherchent la paix » (Jacq. 3:17-18). Entre ces versets, honnêtement, quel est celui qui nous décrit le mieux? Jacques n’est pas un causeur, c’est un prédicateur tranchant et percutant. Il prêche et n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il met au défi chrétiennes et chrétiens à aller à la recherche de la maturité, de la sainteté de vie et à se débarrasser de toutes formes d’hypocrisie. Jacques, c’est à prendre ou à laisser.
Jacques, comme déjà dit, se préoccupe plus de la conduite plutôt que des crédos. Que ce que nous clamons être s’accompagne d’actes concrets, palpables et tangibles et non juste de verbiage, de bobards ou autres faux-semblants. « Recherchons la paix et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Heb. 12:14). La Bible est ce moyen ou outil de sanctification. C’est elle que le Saint-Esprit va utiliser pour transformer nos vies, nous raffiner, tailler pour que nous ressemblions au fur et à mesure à l’image de Son Fils. Il ne sert à rien d’être bardé de diplômes et de titres sans que cela ne transforme nos vies. Les dogmes n’ont de valeur que dans la pratique. D’ailleurs les plus grands opposants de Jésus ont été ceux-là qui avaient la théologie et qui la contredisaient par leurs actes.
Croire et être convaincu de la vérité devrait apporter un changement notoire dans nos vies. Marchons comme nous parlons (Eph. 4:1). Qu’il y ait harmonie entre ce que nous disons et ce que nous vivons. Possédons ce que nous professons. La grâce ne doit jamais nous conduire à la licence. Ce serait un mauvais témoignage.
I. La lettre: Jacques s’avère être un bon étudiant de l’Ancien Testament. Il connaissait la loi à laquelle il savait qu’une obéissance parfaite était impossible. Pourtant le commandement est saint, jute et bon (Rom. 7:12), et la loi royale et libératrice (2:8, 12). Il avait la plus haute estime pour la parole de Dieu qu’il qualifie de miroir, de loi parfaite et de loi de liberté. Une épître aux couleurs juives de par sa forme et son contenu (dans 2:2, il utilise le mot synagogue, modèle sur lequel s’appuiera l’église dans ses activités et administration cf. 3:1; 5:14; il y parle de la loi 2:11; emploi une expression bien juive, le Seigneur des armées au 5:4). Il nous parle d’Abraham, notre père, d’Isaac, de Rahab (des noms connus des Juifs comme des païens), de Job (5:11), d’Élie (5:17). Voici une lettre de 5 chapitres, 108 versets, 60 impératif (un pour chaque 2 versets), plus de 40 allusions à l’A.T., tirées d’au moins 20 livres de l’A.T. Une lettre bien imagée et animée. Tout y passe, (1:6,10,11; 3:4,5,7,12; 4:14; 5:2,3,7,18); plusieurs références au Sermon sur la Montagne; 15x (+ 3x au singulier), il s’adresse à ses lecteurs par l’expression affective de « frères » (le mot ‘frères‘ tient compte du genre étant un épicène c.-à-d. dépourvu de genre et donc implique à la fois frères et soeurs), créant ainsi un équilibre dans son enseignement, ménageant la chèvre et le chou, et maniant la carotte et le bâton avec autant de compassion que possible (1:1, 16, 19; 2:2, 5, 15; 3:1, 10, 12; 4:11; 5:7, 9, 10, 12, 19). A cause de ses multiples illustrations, l’épître a aussi été appelée le livre des Proverbes du N.T. Même s’il ne fait mention ni de l’incarnation, ni de la mort de Christ, ni de la résurrection (choses qu’ils considèrent comme sues de ses lecteurs), il proclame clairement le jugement de Dieu (2:12; 5:9) et le retour de Christ (5:7).
Notons, en passant, quelques parallèles entre Jacques et Actes 15 (preuve qu’il s’agit de la même personne).
Actes Jacques
« bien-aimés » 15:25 1:16, 19; 2:5, etc.
« Hommes frères, écoutez-moi » 15:13 2:5;
« Salut! » 15:23 1:1
15:19 5:19-20
« âmes »15:24 1:21; 5:20.
Même s’il ne cite pas verbatim les mots de Jésus, on ne peut cependant s’empêcher de voir un lien étroit entre Jacques et l’enseignement de Jésus. Pourrait-il en être autrement! C’est comme s’il avait été (sans être croyant à ce moment-là) témoin oculaire du sermon sur la montagne dans Mt 5-7. Pourquoi ne pas voir en Jacques, un écho du Sermon sur la Montagne dans un commentaire adressé cette-fois à l’église? Voici quelques parallèles entre Jacques et le sermon du Seigneur:
JACQUES SERMON SUR LA MONTAGNE JACQUES SERMON SUR LA MONTAGNE
1:2 5:12 6:15 2:13 5:2 6:19
1:4 5:48 5:16 2:18 5:12 7:34-35
1:5 7:7 7:21 2:24 5:13 6:9
1:9 5:3 7:16 3:11-12 4:9 5:4
1:11 6:19 5:9 3:18 4:11 7:1-2
1:13 7:13 5:21 4:2 1:22 7:24
1:20 5:22 6:24 4:4 2:8 7:12
2:1 7:1-2 7:3-5 2:2-4 2:5-7 7:6
2:8-11 7:11-12 7:13-14 2:12-13 2:14-19 7:15-23
2:20-26 7:24-27
II. But de la lettre: Les croyants auxquels il écrit passaient par de rudes épreuves et des moments assez difficiles. Alors, l’homme de Dieu, inspiré, leur écrit pour les encourager, les consoler, les admonester et les avertir. Face a certains désordres dans l’église, avec la plume et un cœur de pasteur, il les rappelle à l’ordre. Il y avait aussi chez ces croyants, comme dans l’église de nos jours, une certaine tendance à séparer la foi et les bonnes œuvres, alors l’épître vient corriger cette dichotomie. Martin Luther, dans son zèle pour la confirmation de la doctrine de la justification par la foi seule, dira que c’est « une lettre de paille », mais nous le comprenons bien, vu son arrière-plan. Plus tard, il verra et comprendra que Jacques est le recto et Paul le verso de la même pièce. Loin de Jacques de placer les œuvres au-dessus de la foi, il se serait mis en porte-à-faux contre tout l’enseignement de la Bible, qui dit que sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu (Héb. 11:6). Les œuvres mettent en exergue la foi mais ne sont pas la cause de la foi. Loin d’être la lettre de paille, Jacques est plutôt une lettre de paix, semée dans la paix pour ceux qui recherchent la paix (3:18). De Genèse à Apocalyspe, nul ne serait sauvé au moyen des bonnes œuvres (Es. 64:5), mais une fois sauvé, notre vie ne saurait restée stérile Eph. 2:10; Tite 2:11-14. « Seule la foi sauve, mais la foi qui sauve n’est jamais seule » (Calvin). Il n’y a alors aucune contradiction entre Romains et Jacques, ils se complètent. D’ailleurs, la Bible étant une unité et ne se contredisant pas, comme suggestion, il faudrait toujours lire Romains, Jacques et Galates ensemble. Ayant été justifiés par la foi (Romains), nous vivons par la foi (Galates) et sommes appelés à mettre cette foi en action (Jacques). Jamais l’un sans l’autre.
Paul James
Crois en l’évangile Vis l’évangile
La Justification: Le fruit Bonnes œuvres: La racine
La foi agissante par l’amour (on ne peut aimer sans agir) La foi agissante par les œuvres
La Raison et le cœur (la foi n’est pas que dans la tête) Les mains et les pieds (l’action)
III. Date: Une lettre très pratique. Probablement écrite avant tout autre livre du N.T. Première à être écrite mais dernière à être acceptée dans le Canon biblique, ayant rencontré plus d’une opposition. On ne peut en fixer la date avec exactitude, tout au moins entre 44-49 Ap. J. C. Il est cependant certain qu’elle fut écrite bien avant la destruction de Jérusalem (70 Ap. J.C.) et avant la fameuse conférence (plutôt que concile) de Jérusalem. L’épître ne fait cas d’aucun de ces deux événements.
IV. Destinataires:
« Aux douze tribus qui sont dans la dispersion » (1:1 cf. 1 Pierre 1:1) Même si à un moment donnée, cette expression désignait spécifiquement des chrétiens juifs, elle a fini par s’appliquer à tous ceux qui ont placé leur « foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ » (2:1), qui attendent son avènement (5:7-8) et qui sont dispersés, comme témoins, à travers les continents. Ils sont cette « diaspora » chargée « d’annoncer les vertus de celui qui les appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1Pierre 2:9).
Découvrons à présent:
V. L’homme JACQUES (Mt 13:55; Mc 7:5)
Jacques est exactement le même nom que Jacob, qui veut dire: « Trompeur ». Comme son homonyme de l’A.T, qui fut bouleversé par sa rencontre avec Dieu (Gen. 28), Jacques fut transformé par sa rencontre avec le Christ ressuscité. Il y a 4 « Jacques » dans le N.T.
1) Jacques, frère de Jean, tous deux fils de Zébédée (Marc 3:17; Mt 4:21). Jésus leur donna le nom de « Boarnagès, qui signifie fils du tonnerre » (Marc 3:17), certainement à cause de leur tempérament (Luc 9:54). Dans un élan d’amour maternel, leur mère vint se prosterner devant Jésus et demanda à ce que ses deux fils s’asseyent l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans son royaume. Elle comme eux ne savaient en réalité qu’est-ce qu’ils demandaient (Mt 20:20-22). Eh bien, ce Jacques (apôtre), frère de Jean, fut décapité par le roi Hérode, après avoir été emprisonné (Actes 12:1–2). Sa mise à mort eut lieu très tôt dans l’histoire de l’église primitive pour que ce soit lui qui écrive cette lettre.
2) Jacques, fils d’Alphée, aussi appelé « Jacques le mineur » (Mt 10:3; Marc 3:19; 15:40; Actes 1:13 ). Même s’il est nommé parmi les apôtres, l’on sait très peu de lui et il est peu probable qu’il ait écrit cette épître.
3) Jacques, père de Jude (ou Judas pas l’Iscariot) Luc 6:16; Actes 1:13.
4) Jacques, demi-frère du Seigneur, frère de Jude, de Joseph, de Simon (Mt 13:55).
Tous ces « Jacques » passés au crible, aucun doute qu’il ne peut s’agir que de Jacques, frère du Seigneur. Ce dernier, avec ses autres frères et sœurs, fut du vivant de Jésus, un de ses farouches opposants, le qualifiant de quelqu’un: « hors de sens » (Mc 3:21). Les frères de Jésus qui auraient dû être les premiers à l’applaudir et à l’accueillir, ont plutôt été ses détracteurs. Ils se sont moqués car « eux non plus ne croyaient pas en lui » (Pathétique!) Jn 7:3-5.
Étant le demi-frère de Jésus, ce qui veut dire que contrairement à ce qui se dit à propos de la perpétuelle virginité de Marie, qui n’a aucune base biblique, Marie, mère de Jésus, a eu d’autres frères (pas des cousins mais des frères) et des sœurs (aucune erreur de sémantique ou de filiation à ce niveau): au moins 4 frères et 2 sœurs (Marc 13:53-56).
VI. SA VIE ET SA CONVERSION
Certainement que celle-ci eut lieu lors d’une rencontre spéciale et privée que lui accorda Jésus le ressuscité, confirmée par Paul: « Ensuite, il est apparu à Jacques… » (1 Cor. 15:7). Il a certainement été témoin oculaire de plusieurs miracles accomplis par le Seigneur, présent lorsqu’il changea l’eau en vin (2:11), présent lorsqu’il parla de ses vrais frères et sœurs (Mt 12:46-50), mais ce fut le miracle de la résurrection qui sonna le glas de sa conversion. A présent, Jésus n’est plus pour lui le « grand frère » trouble-fête et empêcheur de tourner en rond, mais le Seigneur qu’il adore et auquel, il obéit. Après cette entrevue post-résurrection, il est présent à la première réunion de prière (Actes 1:12-14), et certainement parmi les heureux présents de ce jour de Pentecôte (Actes 2:1-4) de l’église. C’est ainsi que le façonnement et la formation ont commencé dans sa vie.
VII. SON MINISTERE
Jacques croissait vite dans sa foi. Il devint bientôt un des personnages incontournables du Nouveau Testament
- Présent et en prière dans la chambre haute avec Marie, la mère de Jésus, ses frères et en compagnie des apôtres (Actes 1:13). Une tradition nous dit qu’à cause de son engagement et de sa ferveur dans la prière, il était appelé l’homme aux genoux calleux ou genoux de chameau. Régulièrement à genoux dans la prière et constamment à la recherche de la face du Seigneur. Ce n’est pas pour rien qu’il nous dira que: « la prière fervente du juste a une grande efficacité » (Jacq. 5:15).
- Répondra plus tard au sobriquet de Jacques le juste (Joseph son père était un homme juste Mt 1:19), certainement pour sa soif de justice (Mt 5:6).
- Conducteur principal (c’est lui et non Pierre) et premier pasteur de l’église de Jérusalem (avec au moins 3000 membres) et cela pour au moins 30 ans (Actes 15:13-21 ; Gal. 2:9).
- Paul se réfère à lui comme: « Jacques, le frère du Seigneur » (Gal. 1:19) et Jude (autre frère de Jésus) comme étant « frère de Jacques » (Jude 1:1).
- Lorsque Pierre fut miraculeusement libéré de prison, pendant que l’église ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu (Actes 12:5), il demanda d’en annoncer la nouvelle « à Jacques » (Actes 12:17).
- A la conférence de Jérusalem, c’est Jacques qui va faire preuve de grande sagesse dans les recommandations prises et signera le mot de la fin à propos de comment recevoir les païens dans l’église (Actes 15:13-21).
- Il est l’une des 3 « colonnes » (avec Jean et Céphas) qui donnèrent la main d’association à Paul et à Barnabas afin qu’ils allassent annoncer l’évangile aux païens, leur recommandant aussi de se souvenir des pauvres (Gal. 2:9).
- C’est le comportement d’une délégation envoyée par Jacques qui fut à la base d’une discorde entre Pierre et Paul, incitant Paul à résister et à dénoncer la dissimulation et l’hypocrisie de Pierre (Gal. 2:11-12).
- Dans Actes 21:18-25 (dernière mention de Jacques dans ce livre), nous lisons que: « Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les anciens s’y réunirent. » C’est à Jacques que Paul va remettre l’aide financière destinée aux pauvres. Preuves que Paul tenait Jacques en grande estime.
10. Une tradition dit même qu’à l’époque, Jacques était devenu si populaire qu’aller à ou venir de Jérusalem, était synonyme d’aller chez Jacques ou de venir de chez Jacques. Son nom était sur toutes les lèvres.
11. Jacques et son frère (Jude) étaient si bien connus à l’époque qu’une simple introduction de sa personne comme serviteur dans cette épître disait tout de sa personne à ses lecteurs et contemporains.
12. Jacques dit la tradition est mort entre 61-62 (30 ans après la résurrection de Christ), accusé paraît-il par Ananias le souverain sacrificateur d’avoir changé les lois juives. Il fut lapidé ou décapité par les Juifs et jeté dans la vallée de Kidron, hors de Jérusalem, à l’âge de 60 ans.
VIII. SON MESSAGE
Réjouissons-nous! Voici que nous avons entre nos mains, et devant nos yeux, celui-là même qui a vécu 30 ans, dans la même maison parentale que notre Seigneur. Il nous fait part de la vie en direct, sans péché et sans reproche de notre Seigneur. Il nous parle par révélation et par expérience. Quoi de plus vrai! Nous avons aussi entre nos mains le premier écrit circulaire du N.T. Preuve que la foi n’a jamais changé. L’épître nous donne quelques indications sur la personnalité de Jacques. A cause de son style direct, hardi, court et animé, pointant du doigt l’injustice sociale ((1:6, 10, 17-18, 23; 2:1-7; 5:1-5), il a été comparé à Amos de l’Ancien Testament.
L’épître n’étant pas adressée à une église ou à une personne en particulier, elle traite, à vrai dire, de sujets d’actualité, d’hier comme d’aujourd’hui. Elle nous parle de: joie, d’épreuves, de tentations, de récompense, de prière, d’humilité, de sagesse, de religion, d’acception de personnes, de mondanité, de matérialisme, de cupidité, d’ambition, de querelles, de piété. Jacques se rappelle que maintes fois, face à Jésus, il a perdu le contrôle de ses nerfs. Il se rappelle de combien de fois, il a mal parlé. Mais ce qui compte, c’est le présent. A présent, il nous parle avec un cœur de pasteur. Il nous exhorte, encourage, admoneste.
Cela dit, voyons le 1er verset de la lettre (Jacques 1:1).
Jacques, serviteur: Quelle humble entrée en scène! Jacques n’est pas un cabotin. Il n’a aucune soif de notoriété. Il ne s’arroge aucune position d’influence et aucun titre qui le placerait sur un piédestal. Avec un tel héritage, on se serait attendu à une entrée en matière rocambolesque, avec trompettes et feu d’artifice: Jacques, apôtre, demi-frère cadet direct du Seigneur Jésus, pilier de l’église de Jérusalem, témoin oculaire de sa résurrection. Loin de se voir comme un privilégié frère du Seigneur, Jacques est humble et doux de cœur, il n’est pas dépassé par les événements. Il n’avait pas besoin d’un titre ostentatoire pour être lu et obéit
Tout simplement, Jacques serviteur (doulos = esclave). Un doulos est un serviteur qui a épuisé (purgé) ses années de servitude et est sur le point d’être libéré, affranchi par son maître. Mais voici que contre toute attente, ce serviteur ayant pesé le pour et contre, ayant analysé toute la situations et pris en compte toutes les alternatives et avantages que ce monde peut lui offrir, il décide plutôt qu’il est mieux de continuer à rester auprès de son maître. A partir de ce moment, c’est un choix volontaire et délibéré. C’est ainsi qu’il choisit celui qui l’a choisi le premier. Pour témoigner de son libre choix, durant les temps bibliques, on lui perçait l’oreille comme marque indélébile et irréversible de son choix (Cf. Exode 21:2-6). Paul, autre serviteur de Jésus-Christ, se réfère à cette marque dans Gal. 6:17 et l’appelle: «stigmate. » C’était aussi les seules marques que Jésus a bien voulu présenter à ses disciples, lui le Serviteur Souffrant, tel qu’en a parlé le prophète Esaïe (53). Et désormais, lorsque cet homme se retrouve dans la rue, l’attention n’était plus sur sa personne mais sur son maître qui l’a affranchi. Jacques a compris à son tour qu’il a été racheté à un grand prix. Qu’en est-il de nous? Avons-nous compris cela?
«Ne savez-vous pas que votre corps est le Temple du Saint-Esprit, qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes point à vous-mêmes ; Car vous avez été achetés par prix ; glorifiez donc Dieu en votre corps, et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » 1Cor. 6:19-20.
« Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres. » Jn 8:32, 36.
« Or par la grâce qui m’est donnée je dis à chacun d’entre vous, que nul ne présume d’être plus sage qu’il ne faut ; mais que chacun pense modestement de soi-même, selon que Dieu a départi à chacun la mesure de la foi. » Rom. 12:3;
« Vous avez été achetés par prix ; ne devenez point les esclaves des hommes. » 1 Cor. 7:23;
« Ayant donc été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice. Mais maintenant que vous êtes affranchis du péché, et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sanctification ; et pour fin la vie éternelle. » Rom. 6:18, 22.
« … étant libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des serviteurs de Dieu. » 1 Pet. 2:16.
La grâce doit nous motiver à l’excellence et non à la médiocrité.
Proverbes 20:6 est certainement la meilleure description que l’on puisse faire de Jacques: « Beaucoup de gens proclament leur bonté; mais un homme fidèle, qui le trouvera? »
Jacques, serviteur. Qu’est-ce qu’un serviteur?
« Servir », mot clé pour tout service spirituel. Malheureusement, comme les disciples, nous nous préoccupons plus pour une position, un titre. C’est ce qui nous motive. Cela se voit dans la question des disciples, qui malgré les trois années vécues en compagnie de Christ, n’ont toujours pas compris, et à Jésus de les ramener à la raison Luc 22:23-24. Le serviteur est le plus grand, c’est la clé dans Luc 22:26. Voilà la vraie valeur. Le vrai chef, ce n’est pas celui qui dépose ses pieds sur la table et donne des ordres, c’est celui qui sert et non celui qui est servi. C’est vrai qu’il est difficile d’être un serviteur mais pas impossible.
Comme serviteurs, nos vies « contaminent » celles des autres. Celui dont la vie ne reflète aucun exemple et qui est incapable d’influer sur la vie des autres, ne pourra jamais être un leader. Comme leader, ce qui « t’infecte » infectera les autres.
Le serviteur n’est pas un tyran. Jésus est notre exemple suprême Phil. 2:1-11. Il n’était pas un tyran mais un homme avec un linge dont il s’est ceint afin de servir (Jn 13:2-17). Un homme qui fait avant d’enseigner et non le contraire (Actes 1:1). Paul, Timothée, Epaphrodite ont bien compris cela Phil. 2:19-30. Dieu nous appelle à mettre la main à la pâte. Ne nous inquiétons pas de pécule ou des conséquences. Dieu donne ce qu’il ordonne. Alors, rien à craindre.
Conclusion: Si Jacques n’avait pas une haute opinion de sa personne, il élève son Seigneur aux plus hauts sommets. Loin de se voir comme frère cadet de Jésus, voyez comment est-ce qu’il le décrit:
1. DIEU: A présent, il confesse celui qu’il avait rejeté. Preuve que:
- Le salut est par grâce et non par la race. Il ne coule pas d’une vaine à une autre (Jn 1:12-13). Que personne ne se glorifie ou pense qu’il est converti juste parce qu’il a – selon l’abus de langage populaire – accepté Christ durant telle campagne, avec tel évangéliste ou tel pasteur renommé. Ça ne sauve pas et ça ne purifie pas des péchés. Peut importe avec qui et où (le salut est une affaire entre Dieu et le pécheur), ce qui importe c’est d’être né de nouveau et d’être une nouvelle créature (Jn 3:3-8; 2Cor. 5:17; Gal. 6: 15).
- L’environnement et les privilèges spirituelles ne sont pas une garantie de salut. Naître dans une famille chrétienne, ne fait de personne un chrétien comme naître dans une étable, ne fait de personne un animal. Certains sont nés entre les pages de la Bible, mais vivent hors de Christ. Judas (un des apôtres) a vu ce qu’Abraham et David n’ont pas vu, pourtant il s’en est allé en son lieu. On peut avoir tout le patois et jargon biblique, et avoir son cœur loin de Dieu. Dommage!
2. SEIGNEUR: (12x dans la lettre) Pas frère mais Seigneur. Ceci ne plaisait certainement pas à Satan. Pour toi et moi, s’il est Seigneur, quel paradoxe alors, ce serait de lui dire: non! Étant Seigneur, il doit être obéit à la lettre.
- En disant Seigneur (il utilise le terme kurios), c’est exactement le même nom que l’Éternel de l’A.T. Le Jéhovah de l’A.T est le Jésus du N.T. Il n’y a pas d’hiérarchie dans la divinité. Soit Dieu est Dieu ou il ne l’est point du tout. Jésus ne saurait être moins que Dieu car il est Dieu. Thomas a douté de cela, jusqu’à ce qu’à son tour, il ait un face à face avec Jésus le ressuscité. Il le confessa disant: « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20:28). Étant kurios, Jésus est Jéhovah, il est Dieu.
- Dans le texte original, c’est plus explicite: Jacques, de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, serviteur. Le parallèle est fait entre Dieu et le Seigneur Jésus-Christ. On peut retraduire en disant: Jacques, serviteur de Jésus-Christ qui est Seigneur et Dieu. Incontournable! Il est Dieu (au moins 13 x dans Jacques), il est Seigneur (1:1; 2:1; 4:10; 5:7-8, 10, 14-15)
3. JÉSUS: Son nom d’homme et d’humiliation, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Mt 1:21.
4. CHRIST: Le Choisi, l’oint. Actes 2:36.
L’expression Seigneur Jésus-Christ revient 2 fois 1:1; 2:1, et 1x, Jacques l’appelle: ”Le juste” (5:6).
- Comme SEIGNEUR: Il est le Dieu SOUVERAIN
- JÉSUS: Le Dieu SAUVEUR
- CHRIST: Le Dieu SPÉCIAL
Qui est-il pour toi?