Le prophète MALACHIE
UNE INTRODUCTION
Étude N° 1
Malachie fait partie des 12 petits prophètes. Petits de par la longueur de leur livre et non par l’importance ou la grandeur de leur message. Au fait, la notion de petits et grands prophètes est étrangère à la pensée juive. Malachie est considéré comme le dernier prophète de l’Ancien Testament. Il est prophète-messager de Dieu, c’est le sens de son nom. Un nom qu’il était fier de porter et le répète par deux fois dans le livre ( 2:7; 3:1). On sait peu de lui mais le plus important, c’est ce que Dieu dit et ce qu’il a à nous dire de Dieu. L’oracle (1:1) qu’il portait lui pesait et comme messager, son rôle était de le transmettre fidèlement.
I. Caractéristiques : Un livre spécial et solennel.
- Il est la conclusion de l’A.T, charnière entre les 2 Testaments avant les 4 siècles de silence (rien à espérer après lui jusqu’à l’arrivée du Messie 4 siècles plus tard), avant que ne retentisse la voix du précurseur (Jean Baptiste) préparant le chemin du Seigneur. C’est le livre qui, dans l’A.T, sonne la dernière alarme avant l’entrée en scène de la dernière parole de Dieu aux hommes au moyen de son Fils (Héb. 1:1).
- Contrairement aux autres prophètes, le message de Malachie est d’un style dialogué, de confrontation, simple et direct. Ce qui lui donne une réputation de livre didactique-dialectique, exposant la rétrogradation du peuple. Le peuple de Dieu était dans une mauvaise posture spirituelle, il doutait de tout, questionnait tout. Un cynisme poussé à l’extrême au point de mettre en question les affirmations de Dieu. Pourtant, vu de près, toutes leurs doléances avaient été prises en compte par Dieu.
- A la fois Accusateur et Avocat. Il connaissait assez bien les excuses qu’avançait le peuple. A plusieurs reprises, il dénonce les infidélités du peuple.
- L’expression « Vous dites » (1:6, 7, 12, 13 ; 2:14, 17 ; 3:7, 8, 13, 14, etc.). Dieu prend en compte leur complainte mais y répond aussi (n’est-ce pas merveilleux!). Et Dieu aussi leur pose une série de questions auxquelles il répond en personne (rien ne lui échappe). Douze fois dans les 3 premiers chapitres, il établit le contraste entre: « Vous dites » et « Ainsi parle l’Éternel » (l’expression: « Dit l’Eternel. . . » revient 21 x dans le texte), montrant que ce que le peuple disait était contraire à ce que Dieu disait. Il connaît les pensées et les sentiments de nos cœurs et expose ce que nous pensons que nous n’oserions jamais dire ou faire en public. Pourtant, « nos péchés secrets sont des scandales ouverts devant lui ». Malachie dévoile nos visages religieux du Dimanche prétextant être ce que nous ne sommes pas du Lundi au Samedi.
- Le livre de Malachie est cité, au moins, trois (3) fois dans le N.T. 1:2 ; 3:1 ; 4:5 (Cf. Mt.11:10; Marc 1:2; Luc 7:27).
- L’expression « l’Éternel des armées » y revient 24 x (Cf. Gen. 2:1) Une expression qui nous prouve la toute-puissance de Dieu.
- Confirme la réalité d’un livre de souvenir (Ps 56:8; 139:16; Apoc. 20:12; 21:17. Luc 10:20; Phil. 4:3).
- Par six (6), il y fait cas d’alliance (de Lévi, de Moïse, de mariage, de nouvelle alliance (2:4-5, 8, 10, 14; 3:1).
- « Des 55 versets du livre, Dieu en prononce 47. » Comme disaient nos aînés dans la foi : « L’homme a écrit, mais l’auteur, c’est bien Dieu », dire confirmé par la Bible (2 Tim. 3:16-17; 2 Pierre 1:19-21).
II. CONTEXTE
Malachie exerça son ministère après le retour d’Israël de l’exil Babylonien. Exil qui a duré 70 ans. Il entre en scène à un moment où le temple était déjà fonctionnel et les sacrifices en activité. Son message fait suite à celui des prophètes Aggée et Zacharie, et suit de très près l’époque de Néhémie, le gouverneur. D’ailleurs pour bien comprendre ce livre, il serait bien de le lire en même temps que celui d’Esdras et Néhémie, particulièrement le chapitre 13 de ce dernier.
III. CONTENU : Quel est le message du livre?:
Malgré le retour de la captivité, il y avait une totale indifférence aux choses spirituelles. Certainement que la routine a pris le dessus. Ce qui se passait dans la vie du peuple est très proche de notre temps. Parmi ceux qui professent le nom du Seigneur, il y a une indifférence, une froideur glaciale. Les gens lisent la Bible, ont une forme de religiosité (tout en niant ce qui en fait la force), mais ni les pasteurs, les évêques, les prêtres (les religieux, le clergé)…, ni le peuple ne croyaient vraiment en Dieu. C’est vrai que Dieu est sur les lèvres, mais les cœurs en sont bien éloignés. La religion était juste un exercice, une gymnastique externe (2 Tim. 3:4-5).
a. La prêtrise (les choses sacrées) était profanée, violation du sacerdoce (Mal. 3:8; Néh. 13:7-9, 29).
b. Ils ont violé l’alliance de leurs pères en se mariant à des filles de dieux étrangers (Mal. 2:10-16; Néh. 13:23-27), mariages mixtes, langage hybride, regard dédain à la loi divine.
c. Négligence à soutenir la maison (l’œuvre) de Dieu (Mal. 3:10; Néh. 13:10-12); frustrant Dieu par leur infidélité dans les dîmes. Tout simplement, ils volaient Dieu.
C’est pour remédier à toutes ces choses que Dieu envoie son messager afin de rappeler le peuple à l’ordre, leur redonner espoir en parlant de l’arrivée du Messie, mais aussi du jugement prochain.
8 Questions de dialogue (presqu’à bâtons rompus) entre Dieu et ceux qui clament être des siens nous donnent un résumé du message du prophète Malachie:
1. « En quoi nous as-tu aimés? » (1:2). Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. Bien souvent, en notre for intérieur, nous disons la même chose (Ps. 73:2-3, 13-14). le péché nous a aveuglés au point de ne plus voir ni l’amour, ni la grâce de Dieu ( Mal. 1:2-5). Tout le long du livre, on voit un peuple bien dubitatif au sujet de cet amour. Pourtant Dieu nous aime (nous y reviendrons) et c’est vrai (Jér. 31:3).
- Dieu déclare son amour à la nation (1:2)
- La nation met en doute cet amour (1:2)
- Dieu leur donne bien de preuves de son amour (1:3-5)
Si dans l’A.T, nous avons la déclaration d’amour de Dieu à Israël, dans le N.T, cet amour est pour le monde (Jn 3:16).
2. « En quoi avons-nous méprisé ton nom? » (1:6). Un fils normalement honore son père, un serviteur honore son maître, des sujets honorent leur roi, la créature honore son créateur, mais pour Israël, point de crainte de Dieu dans les cœurs. N’est ce pas que cela est vrai de nos jours? Soyons honnêtes, nous appartenons à Christ mais combien de fois le déshonorons-nous? Honorons-le car son nom est grand (1:5, 6, 11, 14; 2:2, 5; 3:16; 4:2; 1Pierre 4:14-16). Dieu mérite le meilleur de nous. Rappelons-nous que Jésus a dit que ce n’est pas tout ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur qui entreront dans le royaume de Dieu, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7:21).
3. « En quoi t’avons-nous profané? » (1:7) Ils offraient à Dieu des animaux infirmes, chétifs, malades, des aliments avariés. Ils offraient les choses les plus viles, indignes et appelaient cela sacrifice, adoration et honneur à Dieu. Aucun gouvernant de ce monde n’aurait toléré cela. Ce que l’on se gênerait à donner ou à faire aux hommes, on ose le faire à Dieu sans sourciller. Cessons de traiter Dieu ainsi. Dieu est fatigué de recevoir nos restants, le surplus, le superflu. Apprenons à lui donner le meilleur de notre temps, de notre labeur, de nos talents, de notre avoir et de nos dons. Il ne veut pas de nos mégots. Ayons la même détermination que David qui ne voulut point offrir à Dieu des holocaustes qui ne lui coûtaient rien (2 Sam. 24:24). Ne donnons pas ce dont nous ne voulons plus.
4. « En sorte qu’il n’a plus égard aux offrandes et qu’il ne peut rien agréer de vos mains, et vous dites: Pourquoi?… Parce que l’Éternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse » (2:13-14). Infidélité caractérisée et caractérielle envers Dieu, envers les croyants, les autres et surtout envers la conjointe (Prov. 2:17).
5. « En quoi l’avons-nous fatigué? » (2:17). Notons bien le contexte de la question. Les prêtres qui sont supposés garder le savoir, conduire le peuple dans tout le conseil de Dieu sont ceux-là même qui sont les pierres d’achoppement, les occasions de scandale et qui déroutent le peuple de Dieu (2:7-11). Plusieurs actes d’accusation:
- Ils se mariaient à des filles de dieux étrangers (2:11); 2Cor. 6:11-7:1.
- Ils profanaient la grâce de Dieu en pensant que l’essentiel était d’être sincère. On peut être sincère tout en étant dans l’erreur (surtout dans le domaine de la religion où l’on peut faire preuve d’un zèle sans intelligence).
- L’adoration était devenue une superstition bouffante, sentimentalisme creux et sensations émotionnelles avec état d’âme (2:13).
- Le peuple était juste composé d’hypocrites vivant selon leur propre convoitise. Il tournait la parole de Dieu en dérision (2:14-16). Des mises en garde alors:
Aux prêtres :
– Qui n’ont pas donné à Dieu l’honneur et la révérence qu’il mérite (2:6).
– Offrant à Dieu ce qu’ils ne donneront pas aux gouverneurs (2:8).
– Refusant de servir sans gain (2:10). S’inquiétant plus du profit et du statut.
– Ayant échoué sur toute la ligne (2:1-9).
Au peuple :
– Coupable de péché les uns envers les autres (2:10).
– Contredisant Dieu, dénigrant la famille et changeant le bien en mal et le mal en bien (2:11-17).
6. « En quoi devons-nous revenir? » (3:7 Cf. Zach. 1:32). Ils étaient surpris. Ils ne se sont même pas rendu compte qu’ils se soient éloignés de Dieu. Ils pensaient plutôt que Dieu a de la chance de les avoir comme son peuple. Comme certains chrétiens qui dans certaines églises pensent que le pasteur ou l’église a de la chance d’avoir quelqu’un de leur trempe, ou même certains pasteurs qui se voient indispensables. Nul ne l’est!
7. « En quoi t’avons-nous trompé? » (3:8). C’est comme s’ils disaient au prophète: « Incroyable et impensable! Nous, même les hommes, on ne les vole pas et comment dis-tu que nous avons volé Dieu ? On ne fait pas de mal à une mouche »; mais Dieu leur dit : « Vous me volez dans les dîmes et offrandes. » Un peuple qui frustre Dieu d’où l’appel à la repentance.
N’oublions pas frères: Dieu n’est le débiteur de personne. Encore de nos jours, il honore celui qui m’honore, mais ceux qui le méprisent seront méprisés (1 Sam. 2:30).
8. « Qu’avons-nous dit contre toi? » (3:13-14). Dieu a enregistré nos murmures, nos plaintes, et toutes nos paroles vaines. Nous rendrons compte de tout.
Pourtant, Dieu merci! Le message de Malachie, loin d’être négatif ou chaotique, est plein d’espoir pour les vrais croyants. Dieu n’abandonnera jamais son peuple. Après tous ces avertissements, il y a un message d’espoir.
Au chapitre 3:1, nous voyons Jésus notre Sauveur. Il est assis comme raffineur, purificateur, laveur des siens (3:2-3). Il nous lave à éclat. Nos sacrifices sont rendus acceptables devant Dieu par Jésus notre substitut, notre avocat (3:4, 6; 1 Pierre 2:5; 1 Jn 2:1-2 ).
Au milieu de toute cette profession de foi inutile et vide, heureusement qu’il y a un reste fidèle à Dieu, un reste qui craint Dieu (Mal. 3:16). Un trésor caché, un peuple qui lui appartient et qui expérimentera l’accomplissement de ses promesses (Mal 3:17).
V. CONCLUSION: LE JOUR VIENT…
Au chapitre 4, Malachie parle du jour de Christ, un jour où l’orgueilleux et le méchant seront défaits mais pour ceux qui craignent son nom, se lèvera le soleil de la justice (v.2), avec la guérison sous ses ailes. Nous aurons le même cœur qu’Abraham, Jacob, Lévi.
Dans ce dernier livre de l’A.T., Dieu appelle à la repentance, c’est par le même thème que commencera le N.T.: “Repentez-vous car le Royaume des cieux est proche.” (Même message repris par Jean Baptiste Mt 3:2, par Jésus Mt 4:17, par les apôtres Actes 2:38, et que l’église, plus que tout autre et plus que jamais, doit faire retentir de nos jours). Alors, repentons-nous de nos péchés, rappelons-nous de son amour, revenons à lui. Émerveillons-nous et apprécions cet amour et parlons-en l’un à l’autre.
Un dernier mot: Si l’A.T. se termine par une malédiction, une menace, une condamnation, le N.T quant à lui, se termine par une bénédiction, par la grâce. « Il n’y aura plus d’anathème (malédiction) » (Apoc. 22:3); « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous! Amen! » Apoc. 22:21. Jésus n’est pas venu pour nous frapper d’interdit mais pour que nous soyons sauvés par lui (Jn 3:17; 12:47). Il est venu pour ôter le péché, afin de détruire les œuvres du diable, et en lui, il n’y a point de péché (1 Jn 3:5, 8). Ne foulons pas aux pieds cette grâce de Dieu. Saisissons-nous-en!