PHILIPPIENS

L’ÉPÎTRE DE PAUL AUX PHILIPPIENS

« A cœur ouvert avec l’apôtre Paul! »

Étude N° 3

Texte: 1:7-11

Contrairement à ce qui se voit dans notre monde actuel, la vie de Paul, sa foi, sa joie n’avaient rien de naïf. C’est l’homme qui se réjouit dans les circonstances difficiles, diverses et des plus inhabituelles. La preuve, lors de son arrestation à Philippes, au bon milieu de la nuit, il priait et chantait à la gloire de Dieu le Père (Actes 16:25). Il sait se réjouir, il se réjouit de la bonne manière, et se réjouit encore de ce que les croyants à Philippes étaient sincères dans leur foi. Son cœur déborde et bat la chamade pour chacun d’eux, pris individuellement. En ce qui concerne les Philippiens, il le leur dit ainsi: « Il est juste que je pense ainsi de vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur… »

Depuis quand avez-vous entendu de tels mots d’affection sortir de la bouche des conducteurs d’églises de nos jours? Rien de banal, pas juste des mots jetés en l’air pour faire langue de bois, non c’est sincère, et le contraire ne saurait être prouvé. « Je vous porte dans mon cœur » leur dit Paul, et nous savons que dans le langage biblique, le cœur c’est l’affection, la compassion, la volonté, les entrailles (les boyaux) mais aussi la conscience (2 Cor 3:3). Que c’est merveilleux lorsque notre amour n’est pas un jargon de mots et des lèvres, mais en action et en vérité! Que c’est merveilleux lorsque notre amour est accompagné de joie et non de remords. On aime l’autre avec joie, rien de pathétique ou d’apathique, pas de sensiblerie. Bien souvent, notre amour est une fontaine de mots, aride d’actions. Un jeune homme qui brûlait d’amour pour sa dulcinée lui fit des aveux d’amour: « Je t’aime à mort, je suis prêt à escalader les montagnes, à traverser les rivières, à braver les lions, rien que pour toi. Je te rendrais visite ce soir, s’il ne pleut pas. »

Il les porte dans son cœur parce qu’il prie régulièrement pour eux (comme précisé au v.4), comme il le faisait aussi au profit des Éphésiens (1:15-23; 3:14-21), aux Colossiens (1:9-12). Paul s’approche de Dieu en se souvenant d’eux, sans discrimination. L’amour basé sur Christ durera tandis que celui basé sur des considérations humaines ou des intérêts, s’effritera. Comment se fait-il que de nos jours, une seule faute vous fait oublier tous les liens qui nous unissent? N’est-ce pas là une preuve que notre amour n’était qu’un mirage?

L’amour de Paul était vrai. Il portait ces croyants dans son cœur, il va au fond de sa pensée pour des raisons qu’il précise :

  • « dans mes liens » v.7: C’est pour l’évangile qu’il est en prison. Les Philippiens l’ont probablement soutenu lorsqu’il se tint devant l’empereur Néron (2 Tim. 4:16-17) qu’il appelle « le lion ». Là, ils lui envoyèrent Épaphrodite pour l’encourager et qui vint avec de quoi subvenir à ses besoins (4:10, 14, 18). L’éloignement, le bannissement n’ont pas eu d’impact sur son amour pour eux;
  • « dans la défense et la confirmation de l’Évangile » v.7 (1:15-16, 29-30). Il désirait les voir croître en Christ, il voulait leur bien-être spirituel. C’est une grâce que Dieu nous donne de faire l’éloge et l’apologétique (défendre) l’évangile, et de le confirmer. Malheureusement, de nos jours, beaucoup de chrétiens n’ont plus rien à défendre. Ils ne prêchent qu’un évangile édulcoré, bon marché, cru de manière superficielle. L’église de Philippes s’est courageusement tenue aux côtés de Paul afin de défendre et de confirmer que l’évangile était la vraie cause, au point même de soutenir Paul financièrement. C’est aussi cela le partenariat, la vraie communion qui va au-delà de la poignée de main donnée du dimanche après culte. Nous participons à la même communion de la grâce, et c’est très profond. Nous œuvrons et prenons part ensemble au progrès de l’évangile (1:5, 12), à sa défense et confirmation (1:7, 17). Nous sommes interpellés à vivre d’une manière digne de l’évangile de Christ, à demeurer ferme, combattant d’une même âme pour la foi de l’évangile sans se laisser aucunement effrayer par les adversaires (1:27; 4:3), à nous mettre au service de l’évangile malgré les épreuves (2:22).

L’évangile qui est la Bonne Nouvelle nous parle d’une personne, c’est l’évangile de Christ, l’évangile de Dieu (Rom. 1:1, 16); l’évangile de votre salut (Eph. 1:13); (5); l’évangile de paix (Eph. 6:15); l’évangile de la gloire de Christ (2 Cor. 4:4); c’est l’Évangile éternel (Apoc. 14:6).

  • « vous qui tous participez à la même grâce que moi » v.7: Tous héritiers et co-héritiers avec Christ. Nous avons les mêmes droits. Pas de citoyens de seconde zone ou classe. Ceci doit nous encourager car malgré la personne et les prouesses de Paul, il n’est pas au dessus de nous dans le Royaume de Dieu. Pierre a eu de la peine à bien comprendre cela, mais par finir…(Actes 15:9-11).

v.8: En Paul, nous avons la puissance du bon exemple. En l’imitant, nous ne risquons pas de nous égarer. Loin d’être quelqu’un de difficile ou un abat-joie, c’est un homme de doctrine. Il n’y a pas longtemps, un soi-disant serviteur du Seigneur m’a conseillé (mauvais conseil) de raconter le texte sans en expliquer les aspects doctrinaux, car me dit-il: la doctrine divise alors que l’amour unit. Triste conseil! N’ayons pas peur de la doctrine. Elle veut tout simplement dire: enseignement, vérité. On ne peut pas aimer dans le mensonge. L’amour dans la vérité, et la vérité dans l’amour. On ne cherche pas à s’amadouer les uns et les autres, ou à s’attirer leur sympathie. Jésus n’a pas fait cela, Paul non plus. Loin d’être un trouble-fête, Paul ne fait que confirmer ce que Christ a dit. L’amour de Paul est sincère (sans-cire), il résiste à tous les tests, pur et transparent. Dieu nous veut de bon aloi et non en plaqué. Il n’y a rien à colmater.

Voyez dans ce verset 8, le cœur de Paul : « Je vous chéris avec toute la tendresse de Jésus-Christ. » Des mots d’une grande profondeur, des mots poétiques au delà de tout romantisme ou sensualisme. Il prend Dieu à témoin, comme quoi, ce n’est pas de la flatterie. « Un homme qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas » (Prov. 29:5). Paul fait cela souvent Paul comme preuve de sa sincérité, il prend Dieu à témoin, c’est pour lui une obligation morale afin de confirmer sa tendresse pour les croyants (Rom 1:9, 2 Cor. 1:23, 1Thess 2:5, 10).

« Je vous chéris de la tendresse de Christ », une vraie tendresse, une tendresse similaire au comble de l’amour de Christ pour ses disciples. Il fait un lien entre l’amour de Christ et le sien: Christ vous aime, n’en doutez pas, moi aussi, étant son ambassadeur, je vous aime. Chaque pasteur doit avoir la même attitude, aimer ceux pour qui Christ est mort. Méfiez-vous d’un pasteur qui parle mal des brebis que le Seigneur lui a confié.

Vous avez certainement constaté que Paul utilise des termes juridiques: liens (chaînes), défense, confirmation, témoin. Dans un procès, il faut cela et en ce qui le concerne, son meilleur témoin, c’est Dieu. Il n’est point question ici du « Ouallahi » populaire dans nos milieux, qui pour la plupart du temps, ceux qui le disent, font le contraire de ce pour lequel ils ont juré. « Ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui, et votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement » (Jacq. 5:12).

Puis dans les versets 9-11, Paul précise le contenu de sa joie qui a pour résultat la prière continuelle. Après nous avoir dit pour qui il priait, à présent, il nous informe du contenu de sa prière :

–          « Que votre amour augmente » v.9: Un amour abondant. Rien de statique ou d’acquis. Il faut du progrès dans l’amour. Paul exprime le même vœu en faveur des Thessaloniciens (1Thess 3:12-13). Il nous arrive de penser qu’on a assez aimer, s’en est trop, mais l’amour ne sera jamais excédentaire (Eph. 3:18-19). Que cet amour coule et déborde sans arrêt.

–          « … de plus en plus en connaissance » v.9: Un amour intelligent. Ne dit-on pas que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »? L’amour de Dieu n’a rien de mystique ou d’émotionnel, c’est un amour de la pensée, de la raison. Si nous n’aimons qu’avec nos émotions, notre amour resterait vague et aveugle. Le vrai amour n’est jamais aveugle. Il a les yeux bien ouverts et n’avance pas tête baissée. L’amour doit être dans les pensées, mais aussi dans le cœur, jamais l’un sans l’autre. L’intelligence et la raison doivent gouverner nos émotions et non le contraire. Le cœur et la raison doivent être deux départements qui œuvrent ensemble, même si l’on nous jette au visage que le cœur a sa raison que la raison ne connaît pas (!).

–          « pour le discernement des choses les meilleures » v10: Un amour qui discerne, un amour sensible. Un amour divin accompagné de la connaissance et de la sensibilité spirituelle, car l’homme spirituel juge de tout. C’est le discernement qui nous permettra de juger de ce qui est bien et ce qui est mal. Celui qui discerne spirituellement fera la part des choses. Allons pour les choses les meilleures nous dit Paul.

L’amour, ne l’oublions jamais, est un choix, c’est décision, une détermination : j’aime le Seigneur, je le contemple et là mes émotions sont impliquées, alors je dois prendre des décisions sages. Je dois passer des intentions, des paroles aux actes: dois-je faire ceci et cela ? C’est un amour qui juge et qui choisit les priorités. Celui qui est sans priorités spirituelles sombrera dans le chaos. Il s’agit d’avoir un but, un objectif clair, il s’agit de s’investir tout d’abord pour le royaume de Dieu (Mt 6:33). Il faut se conformer à ce que Dieu veut d’où l’importance de la sincérité dans ce qu’on fait. La fin ne doit jamais justifier les moyens.

A la lumière du contenu de la prière de Paul, il se peut que nous ayons besoin de revoir la copie de nos prières quotidiennes. En appliquant tout cela à nos propres vies: évitons l’ambiguïté, qu’il n’y ait aucune forme d’hypocrite dans nos vies, ne jamais mêler la vérité à l’erreur. La vraie sincérité, c’est de passer par une vraie conversion, il n’y a pas de détours ou de chemin court à cela. La sincérité implique que nous ne portions pas de masque, avoir une vie désintéressée, intègre et pure. Que les actes suivent nos paroles, et se voir tel que Dieu nous voient 7 jours sur 7.  Que ce qu’on dit ou fait semblant d’être soit la réalité de ce que nous sommes. Prier avec joie pour nos frères et sœurs et même pour nos ennemis est l’antidote suprême contre les ragots et les commérages. Une sœur ou d’un frère pour lequel nous prions ne fera pas l’objet de nos choux gras.

Finalement au verset 11: Il n’y a rien de quoi se glorifier de notre côté. Tout est à la gloire et à la louange de Dieu. Tout nous vient de Jésus et c’est aussi à lui que tout retourne. Soyons reconnaissants! C’est lui qui nous remplit du fruit de justice. Ce fruit, c’est le salut des âmes (Prov. 11:30), c’est l’amour de Dieu, c’est la moisson des âmes. Ayons cette passion des âmes à l’image de notre Seigneur qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19:10). Le vrai amour veut tout d’abord le salut de celui qu’on aime. C’est pourquoi celles ou ceux qui s’engagent dans des mariages avec des non-chrétiens, n’ont rien compris à l’amour. L’homme sage et la femme sage veut le salut de l’autre avant même de penser au coup de foudre. La réalité de notre amour en Christ et pour Christ nous rendra pur et irréprochable (rien de mauvais ne nous colle dessus) pour le jour de Christ. Ce qui veut dire, que même s’il revenait maintenant, il nous trouverait prêt à le rencontrer et à ne point avoir honte d’être en sa face (1 Jn 2:28). Le v.11 ne peut se réaliser que si le v.10 est pratique pour nous. Dieu nous appelle à une moisson, et c’est lui qui remplit nos vies du fruit de justice. Nous serons reconnus par nos fruits (Mt 7:17-18). Portons des fruits en toutes sortes d’œuvres bonnes et croissons par la connaissance de Dieu (Col. 1:10-11). Demeurons en Christ afin de porter du fruit, beaucoup plus de fruit et du fruit qui demeure (Jn 15:4-5, 8, 16), et surtout le fruit de lèvres qui confessent son nom (Héb. 13:15). Ainsi soit-il!

« La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. Le fruit de justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix. » (Jacq. 3:17-18).