L’ÉPÎTRE DE PAUL AUX PHILIPPIENS
INTRODUCTION
« A cœur ouvert avec l’apôtre Paul! »
Embarquons-nous ici dans une étude suivie de cette épître combien remarquable. Écrite vers l’an 62 de notre ère, elle se distingue des autres pour des caractéristiques lui sont propres et particulières:
- Mise en parallèle avec le Psaume du Berger (Ps 23) pour l’expression interne du cœur de Paul et la réalité qui s’y dégage de la personne de Christ qui pourvoit à tous nos besoins selon sa richesse (Phil. 4:19). C’est l’épître du berger qui fait que nous ne devons nous inquiéter de rien (Phil. 4:6-7). Avec la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, nous ne manquerons de rien.
- Église chérie de Paul (autre nom donné à l’église de Philippes). Il l’appelle « ma joie et ma couronne, mes bien-aimés » (4:2).
- Première ville d’Europe à laquelle Paul annonça l’évangile (Actes 16).
- S’ouvre et se referme par « la grâce » (1:2; 4:23).
- Conçue comme lettre de reconnaissance (1:5; 4:10-18). La seule église de laquelle Paul ait accepté un soutien personnel.
- Christ, Jésus, Seigneur y sont mentionnés environ 70 fois. C’est Christ et non Paul qui en est le personnage principal. Notons que le Saint-Esprit, qui est aussi l’Esprit de Jésus-Christ et l’Esprit de Dieu, y est mentionné (1:19; 3:3), et à chaque fois dans un rôle différent.
- Exceptionnelle de par le si grand amour (1:4, 7-8) et les liens forts qui l’unissaient à ses lecteurs (4:10-18). Un amour sans hypocrisie! Ce n’est pas pour rien que l’apôtre leur exprime toute sa gratitude et sa reconnaissance au vu du soutien spirituel et matériel qu’ils lui apportaient.
- Transpire de joie du début à la fin. « Joie » et « réjouissez-vous » reviennent plus de 16 fois. Pourtant, ne limitons pas la valeur de cette lettre à ces expressions. Chaque chapitre est ponctué et jonché du mot « joie » (1:4, 18, 25-26; 2:2, 16, 18; 3:1-3; 4:1, 4, 10). C’est l’hymne de la joie faisant partie du fruit de l’Esprit (Gal. 5:22; Jn 15:11; Néh. 8:10). En application de l’enseignement de Jacques 1:2, Paul a regardé comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles il était exposé. Il se glorifie même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance… (Rom. 5:3-5).
- Absence totale des mots « péché » et « péchés » dans la lettre.
- Parsemée de notes autobiographiques. Ce qui en fait aussi une épître très pratique pour ce qui est de la vie chrétienne authentique la qualifiant d’épître de l’expérience chrétienne.
- Philémon mis à part, c’est la lettre Paulinienne la plus intime. Elle déborde d’affection.
Respirant d’une telle joie, on en enclin à penser que Paul était au bord d’une plage, sur un hamac à l’ombre des palmiers, il se la coulait belle, entrain de siroter un cocktail, se goinfrant et s’empiffrant ou faisant ripaille. Loin de là! Cet homme qui nous commande de nous réjouir est passé plus d’une fois par la prison (Actes 16:25). D’ailleurs, il est en ce moment précis en prison à Rome ((1:7, 13-14, 19-20, 26; 2:24), capitale de l’empire romain.
Lorsque Paul écrivit aux Romains, il leur expliqua son vif désir de leur rendre visite. Certes, il y ira mais comme vous le savez, lorsqu’il revint à Jérusalem, il fut arrêté et envoyé tout d’abord en prison à Césarée, et c’est de là qu’il en appela à César. Après un voyage pénible, contre vents et marées, il arrive bientôt à Rome comme prisonnier dans les chaînes (Acts 28:16). Il y vivra nous dit Luc dans Actes 28:30 dans une maison louée et c’est dans cette situation qu’il écrivit plusieurs lettres dites de captivité dont: Colossiens, Éphésiens, Philémon et Philippiens. Avec Philippiens, il semble cependant que ses conditions d’incarcération s’étaient améliorées, donc moins rigoureuses.
I. But de la lettre: L’église de Philippes avait, à deux reprises, envoyé un don pour soutenir l’apôtre dans le ministère. Ayant reçu ces dons des mains d’Épaphrodite (4:18), un des responsables de l’église, Paul se devait de leur écrire pour leur dire: MERCI! (un petit mot lourd de sens qu’on oublie bien souvent). A la fois un accusé de réception, une lettre d’information pour apaiser leur cœur au sujet de la santé de leur envoyé (Épaphrodite) qui était tout prêt de la mort (2:27), mais Dieu a eu pitié de lui et est à présent rétabli. Bientôt, il leur reviendra. Paul les informe de cela et leur fait en même temps part de l’arrivée prochaine de Timothée. Saisissant cette opportunité, il leur écrit aussi une lettre d’encouragements, d’exhortations (notamment pour la réconciliation de deux sœurs en désaccord dans l’église 4:2-3, leur demande de ne pas prendre partie, et surtout d’avoir la même pensée 1:27; 2:1-5, 14-16; 3:15, 19; 4:2…). Une lettre d’avertissements, de réponses à certaines inquiétudes et questions posées (3:2-11). En la lisant, on remarquera que Paul garde l’espoir d’une prochaine libération. Ce qui fut fait par la suite des temps avant d’être de nouveau emprisonné. Il nous parle du prétoire ou palais (1:13), de ceux de la maison de César (4:22), preuves de sa présence à Rome.
II. Contenu de la lettre: Divisée en quatre (4) chapitres, cent quatre (104) versets. Nous allons pour ce qui est de cette étude suivre un schéma naturel, tel qu’il se présente dans l’épître afin d’en tirer le maximum d’instructions spirituelles pour notre croissance dans la foi.
Venons-en à présent à l’épître, à commencer par le chapitre 1:1.
A. Paul l’introduit par la tradition épistolaire de l’époque : expéditeur, destinataires, salutations. Ne négligeons jamais de lire ces introductions. Bien souvent, il s’y trouve plus que ce qui n’apparaît qu’en surface. Nous pouvons en devenir si familiers au point d’en passer outre le contenu et l’importance.
1. L’expéditeur : Même s’il s’adjoint Timothée, Paul est l’écrivain inspiré et l’expéditeur sacré (le « je » du 1:3 en est la preuve). Aux Colossiens, Paul dira qu’il est apôtre, et Timothée, frère. Ici, il ne se présente pas à ses lecteurs comme « apôtre », pour la simple raison que nul dans l’église de Philippes ne doutait de cela. D’ailleurs oserait-il se nommer apôtre pendant que Jésus y est décrit comme celui qui s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur, en devenant semblable aux hommes; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2:5-8)? A son tour, l’apôtre de l’exemple leur dit, et lui, et Timothée, sont des serviteurs. Très souvent, Paul se donne un compagnon dans son courrier et sans doute ici, Timothée (comme Luc et Silas) était bien connu de l’église de Philippes. Ils étaient avec lui durant son premier séjour dans cette ville. Timothée a soit participé à la rédaction de la lettre (comme scribe), ou tout au moins, elle a été rédigée en sa présence. Ce qui sous-entend qu’il était pour une raison que nous ignorons à Rome, aux côtés de Paul. Lui-même n’était pas prisonnier mais on sait que plus tard, selon 2 Tim. 4:9, Paul le voulait auprès de lui. Pouvait-il en être autrement! C’est son fils légitime dans la foi (1 Tim. 1:1), son enfant bien-aimé (2 Tim. 2:1; Phil.2:22), son compagnon d’œuvre (Rom. 16:21); et tous deux ici ont pour attribut :
a. « serviteurs » (doulos en Grec): Il est très probable que l’expression Paulinienne nous renvoie directement à l’A.T. où l’on retrouve la forme: « serviteur de L’Éternel » (Ex. 14:31; Nbres 12:7; Dan. 9:6). Loin d’être une terme de mépris, de dénigrement ou juste de fonction, c’est un terme de dignité, d’honneur car dans le langage religieux judaïque cela sous-entend: « choisi de Dieu, homme de Dieu ». Ce choix en ce qui concerne Paul, n’était plus à démontrer. Même si dans certaines lettres, il démontre et défend son apostolat, la grande intimité qui le liait aux Philippiens et les preuves de l’œuvre qu’il a accompli en leur sein permettaient de dissiper tout doute sur sa personne, son appel, sa vocation et sa sincérité. Paul mentionne que Timothée partage avec lui cette communion (Phil. 2:23; Actes 19:22 – c’était son aide de camp, son bras droit et non son petit).
Ainsi le plus grand honneur que l’on puisse faire à un apôtre (il n’y en a plus de nos jours), à un pasteur, c’est tout simplement de voir en lui un serviteur. Il n’y a aucun complexe à être vu comme serviteur. C’est notre badge d’honneur. Refusons d’être appelé « chef » ou « patron ». Voyons à la tâche et non à la position. Quelle attitude avons-nous ou quel air prenons-nous? Les chrétiens, comme le monde d’ailleurs, savent faire la différence entre un serviteur et un mercenaire. Tenons ce titre avec la plus haute estime parce que c’est Dieu qui l’attribuait aux hommes et c’est lui qui leur donnait l’autorité de l’exercer, pas pour faire le tyran ou l’autocrate mais pour servir. Christ est notre plus grand exemple, il s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur (Phil. 2:7). Paul et Timothée étaient des serviteurs, faisons de même car le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Jn 13;16). Celui que le Seigneur appelle à son service, détiendra aussi son autorité de sa personne. C’est lui qui appelle et c’est lui qui qualifie. Regardons plus à la mission divine qu’à l’ambition et à la promotion personnelle.
B. Les Destinataires :
1. Appellation: « à tous les saints… » (sans exception)
Nous avons à travers le mot « saints », un synonyme du mot « chrétiens » désignant tous ceux qui, pendant qu’ils sont encore en vie (pas besoin d’attendre la mort ou l’après mort), appartiennent à Christ, où qu’ils soient et qui qu’ils soient. Ces chrétiens sont saints de par leur conduite mais aussi de par leur caractère. L’église, la vraie église est composée de saints. Le mot « saints » (la plupart du temps au pluriel comme quoi seul Jésus est le SAINT par excellence – Luc 1:35) désigne un groupe de régénérés, de sanctifiés et pas seulement des gens qui professent ou sont sympathisants d’une religion. Ces « saints », hommes et femmes, ont été mis à part par Dieu, non par une église ou par une hiérarchie quelconque mais par Dieu lui-même. Cette appellation n’est pas réservée à une élite, à une clique d’initiés ou à des super-hommes spirituels mais à tous ceux qui ont abdiqué par la foi devant la personne et l’œuvre rédemptrice et salvatrice du Seigneur Jésus-Christ. L’église ne déclare personne saint et ne canonise personne (pas besoin alors d’attendre une canonisation post mortem, d’atteindre le nirvana ou l’extase suprême). Le mot « saint » veut aussi dire « séparé ». C’est d’ailleurs, à mon avis, la première définition du mot. Un saint, c’est quelqu’un de séparé. Séparé du mal, du péché, du monde et de ses attractions, afin de se donner entièrement à Dieu comme un sacrifice, saint et agréable (Rom. 12:1-2). Comme on ne peut servir deux maîtres à la fois, ainsi on ne peut servir le Seigneur et le monde en même temps.
2. Localisation ou position spirituelle: Le texte clarifie bien cela ici: « saints en Jésus-Christ », pas en nous-mêmes mais en Jésus-Christ. C’est un statut donné uniquement en Jésus car hors de lui, le plus grand saint ne serait que le plus grand coupable. Chaque chapitre commence par l’expression «en Christ », ou « dans le Seigneur » (1:1; 2:1; 3:1; 4:1). Certaines versions ont: « Paul, serviteur de Christ Jésus». Pas besoin de spéculer quoi que ce soit à ce niveau pour ce qui est du changement de l’ordre habituel par rapport à Jésus-Christ. Il est tout simplement entrain de mettre ici l’accent sur la divinité et la préexistence de Christ (Actes 2:36).
Appliquons: Saint étant synonyme de chrétien, comment définir un chrétien dans les termes des Philippiens ? Un Philippien appartient (ou est ressortissant de la ville de Philippes) à Philippes. De même, un chrétien appartient à Christ. C’est « un mis à part », quelqu’un d’entièrement différent. C’est un bon citoyen, un « séparé » avec de nouveaux plaisirs, de nouveaux goûts, un style de vie différent, un nouveau maître (et non tout pour moi ou tout pour ma joie), de nouvelles priorités, de nouvelles ambitions. Il n’y a rien à diluer ou à diminuer dans tout cela. Chaque chrétien cède devant la personne de Christ et cela est loin d’être un assentiment ou un acquiescement mental ou intellectuel. Un saint voit son besoin de pardon, pas de manière légère, générale ou superficielle mais quelqu’un qui crie à Christ de manière profonde : « Seigneur, je suis un pécheur perdu, égoïste, rebelle, je me suis adoré au lieu de t’adorer. » Il ne s’agit pas d’un moment d’apitoiement sur-soi et demander à Dieu une place au ciel, juste pour échapper à l’enfer. Non, rien de vague! C’est de reconnaître mon statut, ma condition: « Je suis un pécheur, j’ai grandement offensé Dieu, je suis dans le bourbier, je me suis mis dans le pétrin – tout est de ma faute et non la faute des autres ou de mon environnement – Seigneur, viens à moi secours. Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur! » C’est cela être chrétien. Et tout chrétien en Jésus-Christ est un saint.
Une fois en Christ, tu es un saint. Cela n’a rien à avoir avec le fait de balbutier ou marmonner quelques mots d’adhésion ou de faire « la prière dite du pécheur » et après, voici que l’évangéliste moderne ou le prédicateur vous déclare « sauvé ». Non, le rôle du prédicateur n’est pas de dire aux hommes qu’ils sont sauvés mais comment être sauvés. N’usurpons pas le rôle du Saint-Esprit dans la vie du pécheur. C’est Dieu qui décide pour nous et non que ce soit toi et moi qui avions décidé pour lui. Accordons notre langage avec la Bible. C’est Dieu qui déclare juste et sauvé. Cela ne relève du droit d’aucun homme, qui de toute façon est aussi pécheur que celui à qui il fait faire cette confession. Comme pécheur, je reconnais et confesse: « J’avais un ancien maître. A présent, c’est vrai, il m’arrive de pécher, mais le péché est mon plus grand ennemi. Je ne suis pas encore ce que je voudrais être, mais certainement, je ne suis plus le même. » Pour être saint, aucune cérémonie n’est nécessaire. Ne falsifions pas les choses de Dieu. Un saint ne peut adorer une chose et une heure après faire le contraire. On ne peut aimer une chose et son contraire.
3. Localisation géographique: « qui sont à Philippes… » Les saints dont il est question n’ont pas la tête dans les étoiles, non ils l’ont sur les épaules et sont dans un lieu bien précis où ils font partie d’une assemblée bien précise avec (et dans) laquelle ils communient. D’où l’importance de l’église locale. Chaque chrétien(ne) fait partie d’une assemblée locale. Chaque église locale est indépendante mais, un chrétien indépendant, ça n’existe pas.
4. La ville de Philippe: Fut fondée au 4e s av. J.C. par un athénien de Rome (Thasos) vers 358-356. Philippe II de Macédoine (le père d’Alexandre le Grand) s’en empara, et en 168 après la bataille de Pydna, elle passa sous domination romaine. Jadis, la ville s’appelait: Krenidès ou petites fontaines (à cause des multiples sources d’eau qui l’entouraient). La ville était traversée par une importante route appelée la voie « Égnatienne » qui attirait assez d’immigrants venus d’Orient et d’Occident. Cette route romaine était un axe commercial important qui reliait l’Europe à l’Asie. Luc nous dit dans Actes 16:12 que Philippes est la 1ère ville d’un district de Macédoine mais aussi une colonie romaine. En disant 1ère, il veut surtout mettre l’accent sur le fait que c’était la 1ère ville par laquelle passait un voyageur qui entrait en Macédoine. C’était « petit » Rome ou Rome en miniature. N’étant pas une ville d’importance commerciale, cela n’en faisant pas moins une ville à stratégie économique et militaire (surtout que plusieurs vétérans de l’armée romaine y avaient élu domicile). Ses habitants étaient soit Grecs ou Romains. Il a été constaté qu’il ne s’y trouvait pas de synagogue parce qu’à l’époque, il fallait la présence de dix hommes Juifs pour justifier la création de celle-ci. La langue, la culture et la religion, tout était impérial et César y détenait un pouvoir absolu. A l’époque des invasions Turques, la ville fut entièrement détruite jusqu’à ce que des fouilles archéologiques en découvrent les traces.
5. L’église de Philippe: Ce fut au cours de son 2e voyage missionnaire entre l’an 49 et 52 qu’elle fut fondée par Paul et cela suite à l’appel du Macédonien Actes 16:9-10. Ayant été empêchés par le Saint-Esprit d’annoncer la parole dans l’Asie et la Bithynie, Paul et ses amis descendirent dans la ville de Troas (Actes 16:6-7). Là, il eut une vision: un homme Macédonien lui criait au secours (Actes 16:9). C’est ainsi qu’avec ses compagnons, ils se retrouvèrent à Philippes où ils évangélisèrent des femmes dont Lydie la marchande de pourpre, la première européenne à confesser Christ. Le Seigneur « ouvrit son cœur » et par la suite, son domicile devint un lieu de rassemblement pour l’église (Actes 16:14). Puis suite à la réclame fortuite, non-voulue et importune de la servante devineresse et au tumulte suscité par sa guérison (elle était une source de gain pour ces maîtres qui voyaient leurs intérêts menacés), Paul et Silas furent jetés en prison, et suite à l’intervention divine, au bon milieu de la nuit, le geôlier et ceux de sa maison furent à leur tour seront sauvés (Actes 16:22-37). Un bon début pour une église naissance dont les premiers membres furent Lydie (une commerçante) et quelques membres de sa famille, une servante délivrée d’un esprit de python, un geôlier et sa famille. Dans le texte même, Paul rappelle comment l’église fut fondée (1:3-6). Ainsi nous nous retrouvons dans une église à majorité d’origine païenne et à prédominance féminine (Actes 16:12-15; Phil. 4:2-3). Par deux (2) fois Paul s’y est rendu (Actes 20:2, 6) et l’église à son tour, à deux reprises lui envoya de quoi pourvoir à ses besoins (Phil. 4:16; Actes 18:5; 2 Cor.11:9). En lisant le récit d’Actes 16, on s’apercevra facilement de la providence de Dieu en faveur de Paul et de ses compagnons. Même leurs bourreaux finiront par se confondre en excuses.
Parmi ces destinataires, Paul mentionne après le « sans exception » des saints, les évêques et les diacres. Intéressant que Paul mentionne les saints avant les conducteurs. Ils font partie de l’église, ils servent l’église, ils sont pour l’église et non l’église pour eux. Ils servent l’église et non qu’ils se servent de l’église. Ne faisons pas de l’église notre projet. Oui à l’ordre dans l’église, mais non à l’hiérarchie car nous croyons en la prêtrise de chaque croyant(e) et en la seule seigneurie de Christ.
6. Les évêques (pasteurs) ou anciens (marque de maturité car l’âge ne rend pas forcément sage, excluant pourtant que celui-ci soit un novice ou un néophyte 1 Tim. 3:1, 6, 12; Actes 20:17, 28; Tite 1:5-9). Le mot « évêque » veut dire en comparaison avec 1 Pierre 2:25; 5:1-4: berger, gardien, surveillant. Les évêques ou anciens exercent un ministère d’attention particulière sur l’église locale qui les appelle ou qui leur est confiée. Ils ont une tâche spirituelle c’est à dire l’enseignement et la direction (Actes 20:28). Le respect qui leur est dû n’est pas pour l’office ou la position mais à cause à cause de leur œuvre (1 Thess. 5:12-13). Ceux qui dirigent bien, et surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement sont jugés digne d’un double honneur (1 Tim 5:17). Les croyants sont exhortés à leur être soumis dans un contexte bien précis (Héb. 13:17). Comme pasteurs, attelons-nous et donnons-nous entièrement surtout à deux choses: la prière et la prédication. Et comme le dit Actes 20:28, avant de paître l’église du Seigneur (le troupeau de Dieu), les pasteurs et anciens sont appelés à prendre garde à eux-mêmes.
7. Si les évêques veillent au bien être spirituelle des âmes, les diacres (serviteurs ou serveurs) quant à eux, ont pour tâche de s’occuper de la distribution des vivres et des dons (Actes 6). C’est une question d’administration et non de bureaucratie. Cependant, s’il vous plaît, ne limitons pas leur service aux tables car le plus long message du N.T. (Actes 7) n’a pas été prêché par un apôtre ou un pasteur, mais par un diacre, et le premier martyr de l’église, ne fut pas un apôtre, mais un diacre, en la personne d’Étienne. Lisez bien les qualités et les conditions de qualification exigées de ces hommes dans Actes 6:1-7. Vu de près, ce qui est demandé du pasteur est aussi demandé des diacres (1 Tim. 3:8-13), et j’allais dire, sur le plan moral (les dons de chacun mis de côté), est demandé de chaque chrétien. Dans les épîtres Pauliniennes, le mot « diacre » ressort 22 fois, et il s’agit à chaque fois de quelqu’un d’actif. Contrairement à ce qui se voit dans beaucoup d’églises qui voient dans le diaconat juste un titre honorifique, le diacre dans le N.T est un homme d’action. Dans les traditions de bon nombre d’églises, si quelqu’un a une bonne position sociale, ou c’est un homme d’un certain poids financier, on ne voudrait pas le voir n’occupant aucun « poste » dans l’église. C’est comme si on ne veut pas le fâcher. Alors, il faut l’honorer, il faut le mettre dans le conseil de l’église. Malheureusement, beaucoup de diacres servent de figurants ou de béni-oui-oui et non d’hommes d’action. Dans beaucoup de cas, ils se voient comme un contre-poids, voire d’épieurs, d’espions ou de laquais du pasteur. Pourtant rien de tout cela ne doit être. Le diacre est un soutien au pasteur, qui le propose à l’église locale afin de l’aider à conduire le peuple de Dieu sous la direction de Jésus-Christ, et à ce titre (contrairement à ce qui se dit dans beaucoup d’églises), il détient une certaine autorité spirituelle pour laquelle, il rendra compte au Seigneur. C’est ce qui fait que si le diaconat est un office d’autorité spirituelle, une femme ne pourrait l’assumer (1 Tim. 2:9-15). Si l’on considère ça comme quelque chose de banal, alors n’importe qui pourrait exercer ce ministère. Epaphrodite (qui n’était pas n’importe qui) dont il est fait référence plus tard dans Phil. 2:25-30 était à la fois envoyé (littéralement apôtre – dans son sens large) mais aussi serviteur, donc diacre, et c’est à lui qu’a été confié la mission de porter à Paul le soutien nécessaire à ses besoins physiques. Les diacres ont alors une tâche administrative mais aussi spirituelle. C’est pourtant dommage lorsque le pasteur se retrouve au four et au moulin, l’homme à tout faire, alors que les diacres auraient pu suppléer, jouer leur rôle et cela lui donnerait plus de temps pour la prière et la prédication (les deux aspects les plus importants du pastorat et non de courir d’un atelier, d’une conférence à une autre, ou d’être membre de telle ou telle organisation).
C. Salutations (1:2) :
Cette forme de salutation caractérise, presque de manière invariable, l’apôtre Paul. C’est sa marque déposée, sa signature. C’est ainsi qu’il s’adresse aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, à Philémon, aux Ephésiens, aux Théssaloniciens (2ème lettre). Même de nos jours, que seraient devenues nos lettres sans salutations et meilleurs vœux? Dans cette forme propre à cette époque-là, nous trouvons une combinaison de l’Hébreu et du Grec : Grâce (hébraïque) et Paix (grecque). Notons bien l’ordre des mots.
- La Grâce: C’est la faveur gratuite imméritée et pleinement exprimée dans le sacrifice du Seigneur Jésus pour nous (Rom. 3:24). Nous méritons la colère de Dieu, mais voici que par grâce, Dieu prouve son amour envers nous en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom. 5:6-8; Tite 2:11). C’est par grâce que nous sommes sauvés, c’est aussi par grâce que nous sommes en mesure de vivre la vie chrétienne. Nul n’est assez pour ces choses, alors Dieu pourvoit à la grâce nécessaire (2Cor. 12:9).
- La Paix: C’est le fruit de cette grâce dont la caractéristique principale est la réconciliation avec Dieu par Jésus (Rom. 5 :1, 11). La paix, c’est l’union. Quand il n y a pas de paix, c’est l’hostilité, la guerre ; on se regarde en chiens de faïence mais à présent, c’est la communion. Paul leur souhaite assez d’expériences dans ce domaine avec Dieu.
- Le Père comme le Fils et le Saint-Esprit s’activent afin que nous ayons cette grâce et cette paix. C’est ainsi que Dieu devient notre « Père » (et nous ses enfants 1 Jn 3:1) et désormais, nous vivons dans l’obéissance et au service de celui qui nous a aimés et qui s’est livré lui-même pour nous (Gal. 2:20).
Mais pourquoi demander la grâce et la paix pour des saints? La grâce ici est la base de la bénédiction et la paix est la nature de cette bénédiction. C’est ce que Dieu donne et c’est encore par grâce que nous continuons à recevoir ses bénédictions. N’intervertissons jamais les rôles. Il n’y aura jamais de paix sans la grâce.
En conclusion, disons que nous avons besoin de grâce à tous les niveaux. C’est pourquoi la Bible nous parle de la grâce qui sauve (Éph. 2:8-9). Nous sommes exhortés à y demeurer fermes (Rom. 5:2). Les dons de la grâce (1 Cor. 1:4-7) sont mis à notre disposition afin de bâtir (1 Cor. 3:10); d’être et d’agir (1 Cor. 15:10); de donner et de savoir donner (libéralité, générosité) 2 Cor. 8:7. La grâce de Dieu nous dit Paul suffit à tous égards (2 Cor. 12:9). Elle nous permet de communiquer des paroles édifiantes et nourrissantes (Éph. 4:29; Col. 4:6); elle nous permet de louer Dieu (Col. 3:16); de servir (Éph. 3:7-8); nous fortifie (2 Tim. 2:1); nous donne accès au secours de Dieu (Héb. 4:16). C’est un impératif de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pie. 3:18); et de se confier à Dieu pour une grâce plus excellente (Jacques 4:5). Et Pierre souhaite que la grâce et la paix nous soient multipliées (1 Pierre 1:2). Nous sommes invalides sans la grâce de Dieu. A travers sa grâce, nous avons les Grandes Richesses (de Dieu) Au Coût Extrême.
« Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnés. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché » (Rom. 4:7-8). A présent, en Christ Jésus, ta faute est enlevée. Tu es en paix avec Dieu, avec toi-même (âme, cœur et pensées), avec tes prochains et avec ton environnement (Jn 14:27; Phil. 4:6-7, 10). Dieu a promis de donner sa paix à celui qui est ferme: « A celui qui est ferme dans ses sentiments, tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi. Confiez-vous en l’Éternel à perpétuité, car l’Éternel est le rocher des siècles… » Es. 26:3-4. Christ est notre paix (Éph. 2:14).
« Craignez l’Éternel, vous ses saints!
Car rien ne manque à ceux qui le craignent. » Psaume 34:10
INTRODUCTION
« A cœur ouvert avec l’apôtre Paul! »
Embarquons-nous ici dans une étude suivie de cette épître combien remarquable. Écrite vers l’an 62 de notre ère, elle se distingue des autres pour des caractéristiques lui sont propres et particulières:
- Mise en parallèle avec le Psaume du Berger (Ps 23) pour l’expression interne du cœur de Paul et la réalité qui s’y dégage de la personne de Christ qui pourvoit à tous nos besoins selon sa richesse (Phil. 4:19). C’est l’épître du berger qui fait que nous ne devons nous inquiéter de rien (Phil. 4:6-7). Avec la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, nous ne manquerons de rien.
- Église chérie de Paul (autre nom donné à l’église de Philippes). Il l’appelle « ma joie et ma couronne, mes bien-aimés » (4:2).
- Première ville d’Europe à laquelle Paul annonça l’évangile (Actes 16).
- S’ouvre et se referme par « la grâce » (1:2; 4:23).
- Conçue comme lettre de reconnaissance (1:5; 4:10-18). La seule église de laquelle Paul ait accepté un soutien personnel.
- Christ, Jésus, Seigneur y sont mentionnés environ 70 fois. C’est Christ et non Paul qui en est le personnage principal. Notons que le Saint-Esprit, qui est aussi l’Esprit de Jésus-Christ et l’Esprit de Dieu, y est mentionné (1:19; 3:3), et à chaque fois dans un rôle différent.
- Exceptionnelle de par le si grand amour (1:4, 7-8) et les liens forts qui l’unissaient à ses lecteurs (4:10-18). Un amour sans hypocrisie! Ce n’est pas pour rien que l’apôtre leur exprime toute sa gratitude et sa reconnaissance au vu du soutien spirituel et matériel qu’ils lui apportaient.
- Transpire de joie du début à la fin. « Joie » et « réjouissez-vous » reviennent plus de 16 fois. Pourtant, ne limitons pas la valeur de cette lettre à ces expressions. Chaque chapitre est ponctué et jonché du mot « joie » (1:4, 18, 25-26; 2:2, 16, 18; 3:1-3; 4:1, 4, 10). C’est l’hymne de la joie faisant partie du fruit de l’Esprit (Gal. 5:22; Jn 15:11; Néh. 8:10). En application de l’enseignement de Jacques 1:2, Paul a regardé comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles il était exposé. Il se glorifie même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance… (Rom. 5:3-5).
- Absence totale des mots « péché » et « péchés » dans la lettre.
- Parsemée de notes autobiographiques. Ce qui en fait aussi une épître très pratique pour ce qui est de la vie chrétienne authentique la qualifiant d’épître de l’expérience chrétienne.
- Philémon mis à part, c’est la lettre Paulinienne la plus intime. Elle déborde d’affection.
Respirant d’une telle joie, on en enclin à penser que Paul était au bord d’une plage, sur un hamac à l’ombre des palmiers, il se la coulait belle, entrain de siroter un cocktail, se goinfrant et s’empiffrant ou faisant ripaille. Loin de là! Cet homme qui nous commande de nous réjouir est passé plus d’une fois par la prison (Actes 16:25). D’ailleurs, il est en ce moment précis en prison à Rome ((1:7, 13-14, 19-20, 26; 2:24), capitale de l’empire romain.
Lorsque Paul écrivit aux Romains, il leur expliqua son vif désir de leur rendre visite. Certes, il y ira mais comme vous le savez, lorsqu’il revint à Jérusalem, il fut arrêté et envoyé tout d’abord en prison à Césarée, et c’est de là qu’il en appela à César. Après un voyage pénible, contre vents et marées, il arrive bientôt à Rome comme prisonnier dans les chaînes (Acts 28:16). Il y vivra nous dit Luc dans Actes 28:30 dans une maison louée et c’est dans cette situation qu’il écrivit plusieurs lettres dites de captivité dont: Colossiens, Éphésiens, Philémon et Philippiens. Avec Philippiens, il semble cependant que ses conditions d’incarcération s’étaient améliorées, donc moins rigoureuses.
I. But de la lettre: L’église de Philippes avait, à deux reprises, envoyé un don pour soutenir l’apôtre dans le ministère. Ayant reçu ces dons des mains d’Épaphrodite (4:18), un des responsables de l’église, Paul se devait de leur écrire pour leur dire: MERCI! (un petit mot lourd de sens qu’on oublie bien souvent). A la fois un accusé de réception, une lettre d’information pour apaiser leur cœur au sujet de la santé de leur envoyé (Épaphrodite) qui était tout prêt de la mort (2:27), mais Dieu a eu pitié de lui et est à présent rétabli. Bientôt, il leur reviendra. Paul les informe de cela et leur fait en même temps part de l’arrivée prochaine de Timothée. Saisissant cette opportunité, il leur écrit aussi une lettre d’encouragements, d’exhortations (notamment pour la réconciliation de deux sœurs en désaccord dans l’église 4:2-3, leur demande de ne pas prendre partie, et surtout d’avoir la même pensée 1:27; 2:1-5, 14-16; 3:15, 19; 4:2…). Une lettre d’avertissements, de réponses à certaines inquiétudes et questions posées (3:2-11). En la lisant, on remarquera que Paul garde l’espoir d’une prochaine libération. Ce qui fut fait par la suite des temps avant d’être de nouveau emprisonné. Il nous parle du prétoire ou palais (1:13), de ceux de la maison de César (4:22), preuves de sa présence à Rome.
II. Contenu de la lettre: Divisée en quatre (4) chapitres, cent quatre (104) versets. Nous allons pour ce qui est de cette étude suivre un schéma naturel, tel qu’il se présente dans l’épître afin d’en tirer le maximum d’instructions spirituelles pour notre croissance dans la foi.
Venons-en à présent à l’épître, à commencer par le chapitre 1:1.
A. Paul l’introduit par la tradition épistolaire de l’époque : expéditeur, destinataires, salutations. Ne négligeons jamais de lire ces introductions. Bien souvent, il s’y trouve plus que ce qui n’apparaît qu’en surface. Nous pouvons en devenir si familiers au point d’en passer outre le contenu et l’importance.
1. L’expéditeur : Même s’il s’adjoint Timothée, Paul est l’écrivain inspiré et l’expéditeur sacré (le « je » du 1:3 en est la preuve). Aux Colossiens, Paul dira qu’il est apôtre, et Timothée, frère. Ici, il ne se présente pas à ses lecteurs comme « apôtre », pour la simple raison que nul dans l’église de Philippes ne doutait de cela. D’ailleurs oserait-il se nommer apôtre pendant que Jésus y est décrit comme celui qui s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur, en devenant semblable aux hommes; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2:5-8)? A son tour, l’apôtre de l’exemple leur dit, et lui, et Timothée, sont des serviteurs. Très souvent, Paul se donne un compagnon dans son courrier et sans doute ici, Timothée (comme Luc et Silas) était bien connu de l’église de Philippes. Ils étaient avec lui durant son premier séjour dans cette ville. Timothée a soit participé à la rédaction de la lettre (comme scribe), ou tout au moins, elle a été rédigée en sa présence. Ce qui sous-entend qu’il était pour une raison que nous ignorons à Rome, aux côtés de Paul. Lui-même n’était pas prisonnier mais on sait que plus tard, selon 2 Tim. 4:9, Paul le voulait auprès de lui. Pouvait-il en être autrement! C’est son fils légitime dans la foi (1 Tim. 1:1), son enfant bien-aimé (2 Tim. 2:1; Phil.2:22), son compagnon d’œuvre (Rom. 16:21); et tous deux ici ont pour attribut :
a. « serviteurs » (doulos en Grec): Il est très probable que l’expression Paulinienne nous renvoie directement à l’A.T. où l’on retrouve la forme: « serviteur de L’Éternel » (Ex. 14:31; Nbres 12:7; Dan. 9:6). Loin d’être une terme de mépris, de dénigrement ou juste de fonction, c’est un terme de dignité, d’honneur car dans le langage religieux judaïque cela sous-entend: « choisi de Dieu, homme de Dieu ». Ce choix en ce qui concerne Paul, n’était plus à démontrer. Même si dans certaines lettres, il démontre et défend son apostolat, la grande intimité qui le liait aux Philippiens et les preuves de l’œuvre qu’il a accompli en leur sein permettaient de dissiper tout doute sur sa personne, son appel, sa vocation et sa sincérité. Paul mentionne que Timothée partage avec lui cette communion (Phil. 2:23; Actes 19:22 – c’était son aide de camp, son bras droit et non son petit).
Ainsi le plus grand honneur que l’on puisse faire à un apôtre (il n’y en a plus de nos jours), à un pasteur, c’est tout simplement de voir en lui un serviteur. Il n’y a aucun complexe à être vu comme serviteur. C’est notre badge d’honneur. Refusons d’être appelé « chef » ou « patron ». Voyons à la tâche et non à la position. Quelle attitude avons-nous ou quel air prenons-nous? Les chrétiens, comme le monde d’ailleurs, savent faire la différence entre un serviteur et un mercenaire. Tenons ce titre avec la plus haute estime parce que c’est Dieu qui l’attribuait aux hommes et c’est lui qui leur donnait l’autorité de l’exercer, pas pour faire le tyran ou l’autocrate mais pour servir. Christ est notre plus grand exemple, il s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur (Phil. 2:7). Paul et Timothée étaient des serviteurs, faisons de même car le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Jn 13;16). Celui que le Seigneur appelle à son service, détiendra aussi son autorité de sa personne. C’est lui qui appelle et c’est lui qui qualifie. Regardons plus à la mission divine qu’à l’ambition et à la promotion personnelle.
B. Les Destinataires :
1. Appellation: « à tous les saints… » (sans exception)
Nous avons à travers le mot « saints », un synonyme du mot « chrétiens » désignant tous ceux qui, pendant qu’ils sont encore en vie (pas besoin d’attendre la mort ou l’après mort), appartiennent à Christ, où qu’ils soient et qui qu’ils soient. Ces chrétiens sont saints de par leur conduite mais aussi de par leur caractère. L’église, la vraie église est composée de saints. Le mot « saints » (la plupart du temps au pluriel comme quoi seul Jésus est le SAINT par excellence – Luc 1:35) désigne un groupe de régénérés, de sanctifiés et pas seulement des gens qui professent ou sont sympathisants d’une religion. Ces « saints », hommes et femmes, ont été mis à part par Dieu, non par une église ou par une hiérarchie quelconque mais par Dieu lui-même. Cette appellation n’est pas réservée à une élite, à une clique d’initiés ou à des super-hommes spirituels mais à tous ceux qui ont abdiqué par la foi devant la personne et l’œuvre rédemptrice et salvatrice du Seigneur Jésus-Christ. L’église ne déclare personne saint et ne canonise personne (pas besoin alors d’attendre une canonisation post mortem, d’atteindre le nirvana ou l’extase suprême). Le mot « saint » veut aussi dire « séparé ». C’est d’ailleurs, à mon avis, la première définition du mot. Un saint, c’est quelqu’un de séparé. Séparé du mal, du péché, du monde et de ses attractions, afin de se donner entièrement à Dieu comme un sacrifice, saint et agréable (Rom. 12:1-2). Comme on ne peut servir deux maîtres à la fois, ainsi on ne peut servir le Seigneur et le monde en même temps.
2. Localisation ou position spirituelle: Le texte clarifie bien cela ici: « saints en Jésus-Christ », pas en nous-mêmes mais en Jésus-Christ. C’est un statut donné uniquement en Jésus car hors de lui, le plus grand saint ne serait que le plus grand coupable. Chaque chapitre commence par l’expression «en Christ », ou « dans le Seigneur » (1:1; 2:1; 3:1; 4:1). Certaines versions ont: « Paul, serviteur de Christ Jésus». Pas besoin de spéculer quoi que ce soit à ce niveau pour ce qui est du changement de l’ordre habituel par rapport à Jésus-Christ. Il est tout simplement entrain de mettre ici l’accent sur la divinité et la préexistence de Christ (Actes 2:36).
Appliquons: Saint étant synonyme de chrétien, comment définir un chrétien dans les termes des Philippiens ? Un Philippien appartient (ou est ressortissant de la ville de Philippes) à Philippes. De même, un chrétien appartient à Christ. C’est « un mis à part », quelqu’un d’entièrement différent. C’est un bon citoyen, un « séparé » avec de nouveaux plaisirs, de nouveaux goûts, un style de vie différent, un nouveau maître (et non tout pour moi ou tout pour ma joie), de nouvelles priorités, de nouvelles ambitions. Il n’y a rien à diluer ou à diminuer dans tout cela. Chaque chrétien cède devant la personne de Christ et cela est loin d’être un assentiment ou un acquiescement mental ou intellectuel. Un saint voit son besoin de pardon, pas de manière légère, générale ou superficielle mais quelqu’un qui crie à Christ de manière profonde : « Seigneur, je suis un pécheur perdu, égoïste, rebelle, je me suis adoré au lieu de t’adorer. » Il ne s’agit pas d’un moment d’apitoiement sur-soi et demander à Dieu une place au ciel, juste pour échapper à l’enfer. Non, rien de vague! C’est de reconnaître mon statut, ma condition: « Je suis un pécheur, j’ai grandement offensé Dieu, je suis dans le bourbier, je me suis mis dans le pétrin – tout est de ma faute et non la faute des autres ou de mon environnement – Seigneur, viens à moi secours. Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur! » C’est cela être chrétien. Et tout chrétien en Jésus-Christ est un saint.
Une fois en Christ, tu es un saint. Cela n’a rien à avoir avec le fait de balbutier ou marmonner quelques mots d’adhésion ou de faire « la prière dite du pécheur » et après, voici que l’évangéliste moderne ou le prédicateur vous déclare « sauvé ». Non, le rôle du prédicateur n’est pas de dire aux hommes qu’ils sont sauvés mais comment être sauvés. N’usurpons pas le rôle du Saint-Esprit dans la vie du pécheur. C’est Dieu qui décide pour nous et non que ce soit toi et moi qui avions décidé pour lui. Accordons notre langage avec la Bible. C’est Dieu qui déclare juste et sauvé. Cela ne relève du droit d’aucun homme, qui de toute façon est aussi pécheur que celui à qui il fait faire cette confession. Comme pécheur, je reconnais et confesse: « J’avais un ancien maître. A présent, c’est vrai, il m’arrive de pécher, mais le péché est mon plus grand ennemi. Je ne suis pas encore ce que je voudrais être, mais certainement, je ne suis plus le même. » Pour être saint, aucune cérémonie n’est nécessaire. Ne falsifions pas les choses de Dieu. Un saint ne peut adorer une chose et une heure après faire le contraire. On ne peut aimer une chose et son contraire.
3. Localisation géographique: « qui sont à Philippes… » Les saints dont il est question n’ont pas la tête dans les étoiles, non ils l’ont sur les épaules et sont dans un lieu bien précis où ils font partie d’une assemblée bien précise avec (et dans) laquelle ils communient. D’où l’importance de l’église locale. Chaque chrétien(ne) fait partie d’une assemblée locale. Chaque église locale est indépendante mais, un chrétien indépendant, ça n’existe pas.
4. La ville de Philippe: Fut fondée au 4e s av. J.C. par un athénien de Rome (Thasos) vers 358-356. Philippe II de Macédoine (le père d’Alexandre le Grand) s’en empara, et en 168 après la bataille de Pydna, elle passa sous domination romaine. Jadis, la ville s’appelait: Krenidès ou petites fontaines (à cause des multiples sources d’eau qui l’entouraient). La ville était traversée par une importante route appelée la voie « Égnatienne » qui attirait assez d’immigrants venus d’Orient et d’Occident. Cette route romaine était un axe commercial important qui reliait l’Europe à l’Asie. Luc nous dit dans Actes 16:12 que Philippes est la 1ère ville d’un district de Macédoine mais aussi une colonie romaine. En disant 1ère, il veut surtout mettre l’accent sur le fait que c’était la 1ère ville par laquelle passait un voyageur qui entrait en Macédoine. C’était « petit » Rome ou Rome en miniature. N’étant pas une ville d’importance commerciale, cela n’en faisant pas moins une ville à stratégie économique et militaire (surtout que plusieurs vétérans de l’armée romaine y avaient élu domicile). Ses habitants étaient soit Grecs ou Romains. Il a été constaté qu’il ne s’y trouvait pas de synagogue parce qu’à l’époque, il fallait la présence de dix hommes Juifs pour justifier la création de celle-ci. La langue, la culture et la religion, tout était impérial et César y détenait un pouvoir absolu. A l’époque des invasions Turques, la ville fut entièrement détruite jusqu’à ce que des fouilles archéologiques en découvrent les traces.
5. L’église de Philippe: Ce fut au cours de son 2e voyage missionnaire entre l’an 49 et 52 qu’elle fut fondée par Paul et cela suite à l’appel du Macédonien Actes 16:9-10. Ayant été empêchés par le Saint-Esprit d’annoncer la parole dans l’Asie et la Bithynie, Paul et ses amis descendirent dans la ville de Troas (Actes 16:6-7). Là, il eut une vision: un homme Macédonien lui criait au secours (Actes 16:9). C’est ainsi qu’avec ses compagnons, ils se retrouvèrent à Philippes où ils évangélisèrent des femmes dont Lydie la marchande de pourpre, la première européenne à confesser Christ. Le Seigneur « ouvrit son cœur » et par la suite, son domicile devint un lieu de rassemblement pour l’église (Actes 16:14). Puis suite à la réclame fortuite, non-voulue et importune de la servante devineresse et au tumulte suscité par sa guérison (elle était une source de gain pour ces maîtres qui voyaient leurs intérêts menacés), Paul et Silas furent jetés en prison, et suite à l’intervention divine, au bon milieu de la nuit, le geôlier et ceux de sa maison furent à leur tour seront sauvés (Actes 16:22-37). Un bon début pour une église naissance dont les premiers membres furent Lydie (une commerçante) et quelques membres de sa famille, une servante délivrée d’un esprit de python, un geôlier et sa famille. Dans le texte même, Paul rappelle comment l’église fut fondée (1:3-6). Ainsi nous nous retrouvons dans une église à majorité d’origine païenne et à prédominance féminine (Actes 16:12-15; Phil. 4:2-3). Par deux (2) fois Paul s’y est rendu (Actes 20:2, 6) et l’église à son tour, à deux reprises lui envoya de quoi pourvoir à ses besoins (Phil. 4:16; Actes 18:5; 2 Cor.11:9). En lisant le récit d’Actes 16, on s’apercevra facilement de la providence de Dieu en faveur de Paul et de ses compagnons. Même leurs bourreaux finiront par se confondre en excuses.
Parmi ces destinataires, Paul mentionne après le « sans exception » des saints, les évêques et les diacres. Intéressant que Paul mentionne les saints avant les conducteurs. Ils font partie de l’église, ils servent l’église, ils sont pour l’église et non l’église pour eux. Ils servent l’église et non qu’ils se servent de l’église. Ne faisons pas de l’église notre projet. Oui à l’ordre dans l’église, mais non à l’hiérarchie car nous croyons en la prêtrise de chaque croyant(e) et en la seule seigneurie de Christ.
6. Les évêques (pasteurs) ou anciens (marque de maturité car l’âge ne rend pas forcément sage, excluant pourtant que celui-ci soit un novice ou un néophyte 1 Tim. 3:1, 6, 12; Actes 20:17, 28; Tite 1:5-9). Le mot « évêque » veut dire en comparaison avec 1 Pierre 2:25; 5:1-4: berger, gardien, surveillant. Les évêques ou anciens exercent un ministère d’attention particulière sur l’église locale qui les appelle ou qui leur est confiée. Ils ont une tâche spirituelle c’est à dire l’enseignement et la direction (Actes 20:28). Le respect qui leur est dû n’est pas pour l’office ou la position mais à cause à cause de leur œuvre (1 Thess. 5:12-13). Ceux qui dirigent bien, et surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement sont jugés digne d’un double honneur (1 Tim 5:17). Les croyants sont exhortés à leur être soumis dans un contexte bien précis (Héb. 13:17). Comme pasteurs, attelons-nous et donnons-nous entièrement surtout à deux choses: la prière et la prédication. Et comme le dit Actes 20:28, avant de paître l’église du Seigneur (le troupeau de Dieu), les pasteurs et anciens sont appelés à prendre garde à eux-mêmes.
7. Si les évêques veillent au bien être spirituelle des âmes, les diacres (serviteurs ou serveurs) quant à eux, ont pour tâche de s’occuper de la distribution des vivres et des dons (Actes 6). C’est une question d’administration et non de bureaucratie. Cependant, s’il vous plaît, ne limitons pas leur service aux tables car le plus long message du N.T. (Actes 7) n’a pas été prêché par un apôtre ou un pasteur, mais par un diacre, et le premier martyr de l’église, ne fut pas un apôtre, mais un diacre, en la personne d’Étienne. Lisez bien les qualités et les conditions de qualification exigées de ces hommes dans Actes 6:1-7. Vu de près, ce qui est demandé du pasteur est aussi demandé des diacres (1 Tim. 3:8-13), et j’allais dire, sur le plan moral (les dons de chacun mis de côté), est demandé de chaque chrétien. Dans les épîtres Pauliniennes, le mot « diacre » ressort 22 fois, et il s’agit à chaque fois de quelqu’un d’actif. Contrairement à ce qui se voit dans beaucoup d’églises qui voient dans le diaconat juste un titre honorifique, le diacre dans le N.T est un homme d’action. Dans les traditions de bon nombre d’églises, si quelqu’un a une bonne position sociale, ou c’est un homme d’un certain poids financier, on ne voudrait pas le voir n’occupant aucun « poste » dans l’église. C’est comme si on ne veut pas le fâcher. Alors, il faut l’honorer, il faut le mettre dans le conseil de l’église. Malheureusement, beaucoup de diacres servent de figurants ou de béni-oui-oui et non d’hommes d’action. Dans beaucoup de cas, ils se voient comme un contre-poids, voire d’épieurs, d’espions ou de laquais du pasteur. Pourtant rien de tout cela ne doit être. Le diacre est un soutien au pasteur, qui le propose à l’église locale afin de l’aider à conduire le peuple de Dieu sous la direction de Jésus-Christ, et à ce titre (contrairement à ce qui se dit dans beaucoup d’églises), il détient une certaine autorité spirituelle pour laquelle, il rendra compte au Seigneur. C’est ce qui fait que si le diaconat est un office d’autorité spirituelle, une femme ne pourrait l’assumer (1 Tim. 2:9-15). Si l’on considère ça comme quelque chose de banal, alors n’importe qui pourrait exercer ce ministère. Epaphrodite (qui n’était pas n’importe qui) dont il est fait référence plus tard dans Phil. 2:25-30 était à la fois envoyé (littéralement apôtre – dans son sens large) mais aussi serviteur, donc diacre, et c’est à lui qu’a été confié la mission de porter à Paul le soutien nécessaire à ses besoins physiques. Les diacres ont alors une tâche administrative mais aussi spirituelle. C’est pourtant dommage lorsque le pasteur se retrouve au four et au moulin, l’homme à tout faire, alors que les diacres auraient pu suppléer, jouer leur rôle et cela lui donnerait plus de temps pour la prière et la prédication (les deux aspects les plus importants du pastorat et non de courir d’un atelier, d’une conférence à une autre, ou d’être membre de telle ou telle organisation).
C. Salutations (1:2) :
Cette forme de salutation caractérise, presque de manière invariable, l’apôtre Paul. C’est sa marque déposée, sa signature. C’est ainsi qu’il s’adresse aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, à Philémon, aux Ephésiens, aux Théssaloniciens (2ème lettre). Même de nos jours, que seraient devenues nos lettres sans salutations et meilleurs vœux? Dans cette forme propre à cette époque-là, nous trouvons une combinaison de l’Hébreu et du Grec : Grâce (hébraïque) et Paix (grecque). Notons bien l’ordre des mots.
- La Grâce: C’est la faveur gratuite imméritée et pleinement exprimée dans le sacrifice du Seigneur Jésus pour nous (Rom. 3:24). Nous méritons la colère de Dieu, mais voici que par grâce, Dieu prouve son amour envers nous en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom. 5:6-8; Tite 2:11). C’est par grâce que nous sommes sauvés, c’est aussi par grâce que nous sommes en mesure de vivre la vie chrétienne. Nul n’est assez pour ces choses, alors Dieu pourvoit à la grâce nécessaire (2Cor. 12:9).
- La Paix: C’est le fruit de cette grâce dont la caractéristique principale est la réconciliation avec Dieu par Jésus (Rom. 5 :1, 11). La paix, c’est l’union. Quand il n y a pas de paix, c’est l’hostilité, la guerre ; on se regarde en chiens de faïence mais à présent, c’est la communion. Paul leur souhaite assez d’expériences dans ce domaine avec Dieu.
- Le Père comme le Fils et le Saint-Esprit s’activent afin que nous ayons cette grâce et cette paix. C’est ainsi que Dieu devient notre « Père » (et nous ses enfants 1 Jn 3:1) et désormais, nous vivons dans l’obéissance et au service de celui qui nous a aimés et qui s’est livré lui-même pour nous (Gal. 2:20).
Mais pourquoi demander la grâce et la paix pour des saints? La grâce ici est la base de la bénédiction et la paix est la nature de cette bénédiction. C’est ce que Dieu donne et c’est encore par grâce que nous continuons à recevoir ses bénédictions. N’intervertissons jamais les rôles. Il n’y aura jamais de paix sans la grâce.
En conclusion, disons que nous avons besoin de grâce à tous les niveaux. C’est pourquoi la Bible nous parle de la grâce qui sauve (Éph. 2:8-9). Nous sommes exhortés à y demeurer fermes (Rom. 5:2). Les dons de la grâce (1 Cor. 1:4-7) sont mis à notre disposition afin de bâtir (1 Cor. 3:10); d’être et d’agir (1 Cor. 15:10); de donner et de savoir donner (libéralité, générosité) 2 Cor. 8:7. La grâce de Dieu nous dit Paul suffit à tous égards (2 Cor. 12:9). Elle nous permet de communiquer des paroles édifiantes et nourrissantes (Éph. 4:29; Col. 4:6); elle nous permet de louer Dieu (Col. 3:16); de servir (Éph. 3:7-8); nous fortifie (2 Tim. 2:1); nous donne accès au secours de Dieu (Héb. 4:16). C’est un impératif de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pie. 3:18); et de se confier à Dieu pour une grâce plus excellente (Jacques 4:5). Et Pierre souhaite que la grâce et la paix nous soient multipliées (1 Pierre 1:2). Nous sommes invalides sans la grâce de Dieu. A travers sa grâce, nous avons les Grandes Richesses (de Dieu) Au Coût Extrême.
« Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnés. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché » (Rom. 4:7-8). A présent, en Christ Jésus, ta faute est enlevée. Tu es en paix avec Dieu, avec toi-même (âme, cœur et pensées), avec tes prochains et avec ton environnement (Jn 14:27; Phil. 4:6-7, 10). Dieu a promis de donner sa paix à celui qui est ferme: « A celui qui est ferme dans ses sentiments, tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi. Confiez-vous en l’Éternel à perpétuité, car l’Éternel est le rocher des siècles… » Es. 26:3-4. Christ est notre paix (Éph. 2:14).
« Craignez l’Éternel, vous ses saints!
Car rien ne manque à ceux qui le craignent. » Psaume 34:10
L’ÉPÎTRE DE PAUL AUX PHILIPPIENS
INTRODUCTION
« A cœur ouvert avec l’apôtre Paul! »
Embarquons-nous ici dans une étude suivie de cette épître combien remarquable. Écrite vers l’an 62 de notre ère, elle se distingue des autres pour des caractéristiques lui sont propres et particulières:
• Mise en parallèle avec le Psaume du Berger (Ps 23) pour l’expression interne du cœur de Paul et la réalité qui s’y dégage de la personne de Christ qui pourvoit à tous nos besoins selon sa richesse (Phil. 4:19). C’est l’épître du berger qui fait que nous ne devons nous inquiéter de rien (Phil. 4:6-7). Avec la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, nous ne manquerons de rien.
• Église chérie de Paul (autre nom donné à l’église de Philippes). Il l’appelle « ma joie et ma couronne, mes bien-aimés » (4:2).
• Première ville d’Europe à laquelle Paul annonça l’évangile (Actes 16).
• S’ouvre et se referme par « la grâce » (1:2; 4:23).
• Conçue comme lettre de reconnaissance (1:5; 4:10-18). La seule église de laquelle Paul ait accepté un soutien personnel.
• Christ, Jésus, Seigneur y sont mentionnés environ 70 fois. C’est Christ et non Paul qui en est le personnage principal. Notons que le Saint-Esprit, qui est aussi l’Esprit de Jésus-Christ et l’Esprit de Dieu, y est mentionné (1:19; 3:3), et à chaque fois dans un rôle différent.
• Exceptionnelle de par le si grand amour (1:4, 7-8) et les liens forts qui l’unissaient à ses lecteurs (4:10-18). Un amour sans hypocrisie! Ce n’est pas pour rien que l’apôtre leur exprime toute sa gratitude et sa reconnaissance au vu du soutien spirituel et matériel qu’ils lui apportaient.
• Transpire de joie du début à la fin. « Joie » et « réjouissez-vous » reviennent plus de 16 fois. Pourtant, ne limitons pas la valeur de cette lettre à ces expressions. Chaque chapitre est ponctué et jonché du mot « joie » (1:4, 18, 25-26; 2:2, 16, 18; 3:1-3; 4:1, 4, 10). C’est l’hymne de la joie faisant partie du fruit de l’Esprit (Gal. 5:22; Jn 15:11; Néh. 8:10). En application de l’enseignement de Jacques 1:2, Paul a regardé comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles il était exposé. Il se glorifie même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance… (Rom. 5:3-5).
• Absence totale des mots « péché » et « péchés » dans la lettre.
• Parsemée de notes autobiographiques. Ce qui en fait aussi une épître très pratique pour ce qui est de la vie chrétienne authentique la qualifiant d’épître de l’expérience chrétienne.
• Philémon mis à part, c’est la lettre Paulinienne la plus intime. Elle déborde d’affection.
Respirant d’une telle joie, on en enclin à penser que Paul était au bord d’une plage, sur un hamac à l’ombre des palmiers, il se la coulait belle, entrain de siroter un cocktail, se goinfrant et s’empiffrant ou faisant ripaille. Loin de là! Cet homme qui nous commande de nous réjouir est passé plus d’une fois par la prison (Actes 16:25). D’ailleurs, il est en ce moment précis en prison à Rome ((1:7, 13-14, 19-20, 26; 2:24), capitale de l’empire romain.
Lorsque Paul écrivit aux Romains, il leur expliqua son vif désir de leur rendre visite. Certes, il y ira mais comme vous le savez, lorsqu’il revint à Jérusalem, il fut arrêté et envoyé tout d’abord en prison à Césarée, et c’est de là qu’il en appela à César. Après un voyage pénible, contre vents et marées, il arrive bientôt à Rome comme prisonnier dans les chaînes (Acts 28:16). Il y vivra nous dit Luc dans Actes 28:30 dans une maison louée et c’est dans cette situation qu’il écrivit plusieurs lettres dites de captivité dont: Colossiens, Éphésiens, Philémon et Philippiens. Avec Philippiens, il semble cependant que ses conditions d’incarcération s’étaient améliorées, donc moins rigoureuses.
I. But de la lettre: L’église de Philippes avait, à deux reprises, envoyé un don pour soutenir l’apôtre dans le ministère. Ayant reçu ces dons des mains d’Épaphrodite (4:18), un des responsables de l’église, Paul se devait de leur écrire pour leur dire: MERCI! (un petit mot lourd de sens qu’on oublie bien souvent). A la fois un accusé de réception, une lettre d’information pour apaiser leur cœur au sujet de la santé de leur envoyé (Épaphrodite) qui était tout prêt de la mort (2:27), mais Dieu a eu pitié de lui et est à présent rétabli. Bientôt, il leur reviendra. Paul les informe de cela et leur fait en même temps part de l’arrivée prochaine de Timothée. Saisissant cette opportunité, il leur écrit aussi une lettre d’encouragements, d’exhortations (notamment pour la réconciliation de deux sœurs en désaccord dans l’église 4:2-3, leur demande de ne pas prendre partie, et surtout d’avoir la même pensée 1:27; 2:1-5, 14-16; 3:15, 19; 4:2…). Une lettre d’avertissements, de réponses à certaines inquiétudes et questions posées (3:2-11). En la lisant, on remarquera que Paul garde l’espoir d’une prochaine libération. Ce qui fut fait par la suite des temps avant d’être de nouveau emprisonné. Il nous parle du prétoire ou palais (1:13), de ceux de la maison de César (4:22), preuves de sa présence à Rome.
II. Contenu de la lettre: Divisée en quatre (4) chapitres, cent quatre (104) versets. Nous allons pour ce qui est de cette étude suivre un schéma naturel, tel qu’il se présente dans l’épître afin d’en tirer le maximum d’instructions spirituelles pour notre croissance dans la foi.
Venons-en à présent à l’épître, à commencer par le chapitre 1:1.
A. Paul l’introduit par la tradition épistolaire de l’époque : expéditeur, destinataires, salutations. Ne négligeons jamais de lire ces introductions. Bien souvent, il s’y trouve plus que ce qui n’apparaît qu’en surface. Nous pouvons en devenir si familiers au point d’en passer outre le contenu et l’importance.
1. L’expéditeur : Même s’il s’adjoint Timothée, Paul est l’écrivain inspiré et l’expéditeur sacré (le « je » du 1:3 en est la preuve). Aux Colossiens, Paul dira qu’il est apôtre, et Timothée, frère. Ici, il ne se présente pas à ses lecteurs comme « apôtre », pour la simple raison que nul dans l’église de Philippes ne doutait de cela. D’ailleurs oserait-il se nommer apôtre pendant que Jésus y est décrit comme celui qui s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur, en devenant semblable aux hommes; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2:5-8)? A son tour, l’apôtre de l’exemple leur dit, et lui, et Timothée, sont des serviteurs. Très souvent, Paul se donne un compagnon dans son courrier et sans doute ici, Timothée (comme Luc et Silas) était bien connu de l’église de Philippes. Ils étaient avec lui durant son premier séjour dans cette ville. Timothée a soit participé à la rédaction de la lettre (comme scribe), ou tout au moins, elle a été rédigée en sa présence. Ce qui sous-entend qu’il était pour une raison que nous ignorons à Rome, aux côtés de Paul. Lui-même n’était pas prisonnier mais on sait que plus tard, selon 2 Tim. 4:9, Paul le voulait auprès de lui. Pouvait-il en être autrement! C’est son fils légitime dans la foi (1 Tim. 1:1), son enfant bien-aimé (2 Tim. 2:1; Phil.2:22), son compagnon d’œuvre (Rom. 16:21); et tous deux ici ont pour attribut :
a. « serviteurs » (doulos en Grec): Il est très probable que l’expression Paulinienne nous renvoie directement à l’A.T. où l’on retrouve la forme: « serviteur de L’Éternel » (Ex. 14:31; Nbres 12:7; Dan. 9:6). Loin d’être une terme de mépris, de dénigrement ou juste de fonction, c’est un terme de dignité, d’honneur car dans le langage religieux judaïque cela sous-entend: « choisi de Dieu, homme de Dieu ». Ce choix en ce qui concerne Paul, n’était plus à démontrer. Même si dans certaines lettres, il démontre et défend son apostolat, la grande intimité qui le liait aux Philippiens et les preuves de l’œuvre qu’il a accompli en leur sein permettaient de dissiper tout doute sur sa personne, son appel, sa vocation et sa sincérité. Paul mentionne que Timothée partage avec lui cette communion (Phil. 2:23; Actes 19:22 – c’était son aide de camp, son bras droit et non son petit).
Ainsi le plus grand honneur que l’on puisse faire à un apôtre (il n’y en a plus de nos jours), à un pasteur, c’est tout simplement de voir en lui un serviteur. Il n’y a aucun complexe à être vu comme serviteur. C’est notre badge d’honneur. Refusons d’être appelé « chef » ou « patron ». Voyons à la tâche et non à la position. Quelle attitude avons-nous ou quel air prenons-nous? Les chrétiens, comme le monde d’ailleurs, savent faire la différence entre un serviteur et un mercenaire. Tenons ce titre avec la plus haute estime parce que c’est Dieu qui l’attribuait aux hommes et c’est lui qui leur donnait l’autorité de l’exercer, pas pour faire le tyran ou l’autocrate mais pour servir. Christ est notre plus grand exemple, il s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme d’un serviteur (Phil. 2:7). Paul et Timothée étaient des serviteurs, faisons de même car le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Jn 13;16). Celui que le Seigneur appelle à son service, détiendra aussi son autorité de sa personne. C’est lui qui appelle et c’est lui qui qualifie. Regardons plus à la mission divine qu’à l’ambition et à la promotion personnelle.
B. Les Destinataires :
1. Appellation: « à tous les saints… » (sans exception)
Nous avons à travers le mot « saints », un synonyme du mot « chrétiens » désignant tous ceux qui, pendant qu’ils sont encore en vie (pas besoin d’attendre la mort ou l’après mort), appartiennent à Christ, où qu’ils soient et qui qu’ils soient. Ces chrétiens sont saints de par leur conduite mais aussi de par leur caractère. L’église, la vraie église est composée de saints. Le mot « saints » (la plupart du temps au pluriel comme quoi seul Jésus est le SAINT par excellence – Luc 1:35) désigne un groupe de régénérés, de sanctifiés et pas seulement des gens qui professent ou sont sympathisants d’une religion. Ces « saints », hommes et femmes, ont été mis à part par Dieu, non par une église ou par une hiérarchie quelconque mais par Dieu lui-même. Cette appellation n’est pas réservée à une élite, à une clique d’initiés ou à des super-hommes spirituels mais à tous ceux qui ont abdiqué par la foi devant la personne et l’œuvre rédemptrice et salvatrice du Seigneur Jésus-Christ. L’église ne déclare personne saint et ne canonise personne (pas besoin alors d’attendre une canonisation post mortem, d’atteindre le nirvana ou l’extase suprême). Le mot « saint » veut aussi dire « séparé ». C’est d’ailleurs, à mon avis, la première définition du mot. Un saint, c’est quelqu’un de séparé. Séparé du mal, du péché, du monde et de ses attractions, afin de se donner entièrement à Dieu comme un sacrifice, saint et agréable (Rom. 12:1-2). Comme on ne peut servir deux maîtres à la fois, ainsi on ne peut servir le Seigneur et le monde en même temps.
2. Localisation ou position spirituelle: Le texte clarifie bien cela ici: « saints en Jésus-Christ », pas en nous-mêmes mais en Jésus-Christ. C’est un statut donné uniquement en Jésus car hors de lui, le plus grand saint ne serait que le plus grand coupable. Chaque chapitre commence par l’expression «en Christ », ou « dans le Seigneur » (1:1; 2:1; 3:1; 4:1). Certaines versions ont: « Paul, serviteur de Christ Jésus». Pas besoin de spéculer quoi que ce soit à ce niveau pour ce qui est du changement de l’ordre habituel par rapport à Jésus-Christ. Il est tout simplement entrain de mettre ici l’accent sur la divinité et la préexistence de Christ (Actes 2:36).
Appliquons: Saint étant synonyme de chrétien, comment définir un chrétien dans les termes des Philippiens ? Un Philippien appartient (ou est ressortissant de la ville de Philippes) à Philippes. De même, un chrétien appartient à Christ. C’est « un mis à part », quelqu’un d’entièrement différent. C’est un bon citoyen, un « séparé » avec de nouveaux plaisirs, de nouveaux goûts, un style de vie différent, un nouveau maître (et non tout pour moi ou tout pour ma joie), de nouvelles priorités, de nouvelles ambitions. Il n’y a rien à diluer ou à diminuer dans tout cela. Chaque chrétien cède devant la personne de Christ et cela est loin d’être un assentiment ou un acquiescement mental ou intellectuel. Un saint voit son besoin de pardon, pas de manière légère, générale ou superficielle mais quelqu’un qui crie à Christ de manière profonde : « Seigneur, je suis un pécheur perdu, égoïste, rebelle, je me suis adoré au lieu de t’adorer. » Il ne s’agit pas d’un moment d’apitoiement sur-soi et demander à Dieu une place au ciel, juste pour échapper à l’enfer. Non, rien de vague! C’est de reconnaître mon statut, ma condition: « Je suis un pécheur, j’ai grandement offensé Dieu, je suis dans le bourbier, je me suis mis dans le pétrin – tout est de ma faute et non la faute des autres ou de mon environnement – Seigneur, viens à moi secours. Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur! » C’est cela être chrétien. Et tout chrétien en Jésus-Christ est un saint.
Une fois en Christ, tu es un saint. Cela n’a rien à avoir avec le fait de balbutier ou marmonner quelques mots d’adhésion ou de faire « la prière dite du pécheur » et après, voici que l’évangéliste moderne ou le prédicateur vous déclare « sauvé ». Non, le rôle du prédicateur n’est pas de dire aux hommes qu’ils sont sauvés mais comment être sauvés. N’usurpons pas le rôle du Saint-Esprit dans la vie du pécheur. C’est Dieu qui décide pour nous et non que ce soit toi et moi qui avions décidé pour lui. Accordons notre langage avec la Bible. C’est Dieu qui déclare juste et sauvé. Cela ne relève du droit d’aucun homme, qui de toute façon est aussi pécheur que celui à qui il fait faire cette confession. Comme pécheur, je reconnais et confesse: « J’avais un ancien maître. A présent, c’est vrai, il m’arrive de pécher, mais le péché est mon plus grand ennemi. Je ne suis pas encore ce que je voudrais être, mais certainement, je ne suis plus le même. » Pour être saint, aucune cérémonie n’est nécessaire. Ne falsifions pas les choses de Dieu. Un saint ne peut adorer une chose et une heure après faire le contraire. On ne peut aimer une chose et son contraire.
3. Localisation géographique: « qui sont à Philippes… » Les saints dont il est question n’ont pas la tête dans les étoiles, non ils l’ont sur les épaules et sont dans un lieu bien précis où ils font partie d’une assemblée bien précise avec (et dans) laquelle ils communient. D’où l’importance de l’église locale. Chaque chrétien(ne) fait partie d’une assemblée locale. Chaque église locale est indépendante mais, un chrétien indépendant, ça n’existe pas.
4. La ville de Philippe: Fut fondée au 4e s av. J.C. par un athénien de Rome (Thasos) vers 358-356. Philippe II de Macédoine (le père d’Alexandre le Grand) s’en empara, et en 168 après la bataille de Pydna, elle passa sous domination romaine. Jadis, la ville s’appelait: Krenidès ou petites fontaines (à cause des multiples sources d’eau qui l’entouraient). La ville était traversée par une importante route appelée la voie « Égnatienne » qui attirait assez d’immigrants venus d’Orient et d’Occident. Cette route romaine était un axe commercial important qui reliait l’Europe à l’Asie. Luc nous dit dans Actes 16:12 que Philippes est la 1ère ville d’un district de Macédoine mais aussi une colonie romaine. En disant 1ère, il veut surtout mettre l’accent sur le fait que c’était la 1ère ville par laquelle passait un voyageur qui entrait en Macédoine. C’était « petit » Rome ou Rome en miniature. N’étant pas une ville d’importance commerciale, cela n’en faisant pas moins une ville à stratégie économique et militaire (surtout que plusieurs vétérans de l’armée romaine y avaient élu domicile). Ses habitants étaient soit Grecs ou Romains. Il a été constaté qu’il ne s’y trouvait pas de synagogue parce qu’à l’époque, il fallait la présence de dix hommes Juifs pour justifier la création de celle-ci. La langue, la culture et la religion, tout était impérial et César y détenait un pouvoir absolu. A l’époque des invasions Turques, la ville fut entièrement détruite jusqu’à ce que des fouilles archéologiques en découvrent les traces.
5. L’église de Philippe: Ce fut au cours de son 2e voyage missionnaire entre l’an 49 et 52 qu’elle fut fondée par Paul et cela suite à l’appel du Macédonien Actes 16:9-10. Ayant été empêchés par le Saint-Esprit d’annoncer la parole dans l’Asie et la Bithynie, Paul et ses amis descendirent dans la ville de Troas (Actes 16:6-7). Là, il eut une vision: un homme Macédonien lui criait au secours (Actes 16:9). C’est ainsi qu’avec ses compagnons, ils se retrouvèrent à Philippes où ils évangélisèrent des femmes dont Lydie la marchande de pourpre, la première européenne à confesser Christ. Le Seigneur « ouvrit son cœur » et par la suite, son domicile devint un lieu de rassemblement pour l’église (Actes 16:14). Puis suite à la réclame fortuite, non-voulue et importune de la servante devineresse et au tumulte suscité par sa guérison (elle était une source de gain pour ces maîtres qui voyaient leurs intérêts menacés), Paul et Silas furent jetés en prison, et suite à l’intervention divine, au bon milieu de la nuit, le geôlier et ceux de sa maison furent à leur tour seront sauvés (Actes 16:22-37). Un bon début pour une église naissance dont les premiers membres furent Lydie (une commerçante) et quelques membres de sa famille, une servante délivrée d’un esprit de python, un geôlier et sa famille. Dans le texte même, Paul rappelle comment l’église fut fondée (1:3-6). Ainsi nous nous retrouvons dans une église à majorité d’origine païenne et à prédominance féminine (Actes 16:12-15; Phil. 4:2-3). Par deux (2) fois Paul s’y est rendu (Actes 20:2, 6) et l’église à son tour, à deux reprises lui envoya de quoi pourvoir à ses besoins (Phil. 4:16; Actes 18:5; 2 Cor.11:9). En lisant le récit d’Actes 16, on s’apercevra facilement de la providence de Dieu en faveur de Paul et de ses compagnons. Même leurs bourreaux finiront par se confondre en excuses.
Parmi ces destinataires, Paul mentionne après le « sans exception » des saints, les évêques et les diacres. Intéressant que Paul mentionne les saints avant les conducteurs. Ils font partie de l’église, ils servent l’église, ils sont pour l’église et non l’église pour eux. Ils servent l’église et non qu’ils se servent de l’église. Ne faisons pas de l’église notre projet. Oui à l’ordre dans l’église, mais non à l’hiérarchie car nous croyons en la prêtrise de chaque croyant(e) et en la seule seigneurie de Christ.
6. Les évêques (pasteurs) ou anciens (marque de maturité car l’âge ne rend pas forcément sage, excluant pourtant que celui-ci soit un novice ou un néophyte 1 Tim. 3:1, 6, 12; Actes 20:17, 28; Tite 1:5-9). Le mot « évêque » veut dire en comparaison avec 1 Pierre 2:25; 5:1-4: berger, gardien, surveillant. Les évêques ou anciens exercent un ministère d’attention particulière sur l’église locale qui les appelle ou qui leur est confiée. Ils ont une tâche spirituelle c’est à dire l’enseignement et la direction (Actes 20:28). Le respect qui leur est dû n’est pas pour l’office ou la position mais à cause à cause de leur œuvre (1 Thess. 5:12-13). Ceux qui dirigent bien, et surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement sont jugés digne d’un double honneur (1 Tim 5:17). Les croyants sont exhortés à leur être soumis dans un contexte bien précis (Héb. 13:17). Comme pasteurs, attelons-nous et donnons-nous entièrement surtout à deux choses: la prière et la prédication. Et comme le dit Actes 20:28, avant de paître l’église du Seigneur (le troupeau de Dieu), les pasteurs et anciens sont appelés à prendre garde à eux-mêmes.
7. Si les évêques veillent au bien être spirituelle des âmes, les diacres (serviteurs ou serveurs) quant à eux, ont pour tâche de s’occuper de la distribution des vivres et des dons (Actes 6). C’est une question d’administration et non de bureaucratie. Cependant, s’il vous plaît, ne limitons pas leur service aux tables car le plus long message du N.T. (Actes 7) n’a pas été prêché par un apôtre ou un pasteur, mais par un diacre, et le premier martyr de l’église, ne fut pas un apôtre, mais un diacre, en la personne d’Étienne. Lisez bien les qualités et les conditions de qualification exigées de ces hommes dans Actes 6:1-7. Vu de près, ce qui est demandé du pasteur est aussi demandé des diacres (1 Tim. 3:8-13), et j’allais dire, sur le plan moral (les dons de chacun mis de côté), est demandé de chaque chrétien. Dans les épîtres Pauliniennes, le mot « diacre » ressort 22 fois, et il s’agit à chaque fois de quelqu’un d’actif. Contrairement à ce qui se voit dans beaucoup d’églises qui voient dans le diaconat juste un titre honorifique, le diacre dans le N.T est un homme d’action. Dans les traditions de bon nombre d’églises, si quelqu’un a une bonne position sociale, ou c’est un homme d’un certain poids financier, on ne voudrait pas le voir n’occupant aucun « poste » dans l’église. C’est comme si on ne veut pas le fâcher. Alors, il faut l’honorer, il faut le mettre dans le conseil de l’église. Malheureusement, beaucoup de diacres servent de figurants ou de béni-oui-oui et non d’hommes d’action. Dans beaucoup de cas, ils se voient comme un contre-poids, voire d’épieurs, d’espions ou de laquais du pasteur. Pourtant rien de tout cela ne doit être. Le diacre est un soutien au pasteur, qui le propose à l’église locale afin de l’aider à conduire le peuple de Dieu sous la direction de Jésus-Christ, et à ce titre (contrairement à ce qui se dit dans beaucoup d’églises), il détient une certaine autorité spirituelle pour laquelle, il rendra compte au Seigneur. C’est ce qui fait que si le diaconat est un office d’autorité spirituelle, une femme ne pourrait l’assumer (1 Tim. 2:9-15). Si l’on considère ça comme quelque chose de banal, alors n’importe qui pourrait exercer ce ministère. Epaphrodite (qui n’était pas n’importe qui) dont il est fait référence plus tard dans Phil. 2:25-30 était à la fois envoyé (littéralement apôtre – dans son sens large) mais aussi serviteur, donc diacre, et c’est à lui qu’a été confié la mission de porter à Paul le soutien nécessaire à ses besoins physiques. Les diacres ont alors une tâche administrative mais aussi spirituelle. C’est pourtant dommage lorsque le pasteur se retrouve au four et au moulin, l’homme à tout faire, alors que les diacres auraient pu suppléer, jouer leur rôle et cela lui donnerait plus de temps pour la prière et la prédication (les deux aspects les plus importants du pastorat et non de courir d’un atelier, d’une conférence à une autre, ou d’être membre de telle ou telle organisation).
C. Salutations (1:2) :
Cette forme de salutation caractérise, presque de manière invariable, l’apôtre Paul. C’est sa marque déposée, sa signature. C’est ainsi qu’il s’adresse aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, à Philémon, aux Ephésiens, aux Théssaloniciens (2ème lettre). Même de nos jours, que seraient devenues nos lettres sans salutations et meilleurs vœux? Dans cette forme propre à cette époque-là, nous trouvons une combinaison de l’Hébreu et du Grec : Grâce (hébraïque) et Paix (grecque). Notons bien l’ordre des mots.
• La Grâce: C’est la faveur gratuite imméritée et pleinement exprimée dans le sacrifice du Seigneur Jésus pour nous (Rom. 3:24). Nous méritons la colère de Dieu, mais voici que par grâce, Dieu prouve son amour envers nous en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom. 5:6-8; Tite 2:11). C’est par grâce que nous sommes sauvés, c’est aussi par grâce que nous sommes en mesure de vivre la vie chrétienne. Nul n’est assez pour ces choses, alors Dieu pourvoit à la grâce nécessaire (2Cor. 12:9).
• La Paix: C’est le fruit de cette grâce dont la caractéristique principale est la réconciliation avec Dieu par Jésus (Rom. 5 :1, 11). La paix, c’est l’union. Quand il n y a pas de paix, c’est l’hostilité, la guerre ; on se regarde en chiens de faïence mais à présent, c’est la communion. Paul leur souhaite assez d’expériences dans ce domaine avec Dieu.
• Le Père comme le Fils et le Saint-Esprit s’activent afin que nous ayons cette grâce et cette paix. C’est ainsi que Dieu devient notre « Père » (et nous ses enfants 1 Jn 3:1) et désormais, nous vivons dans l’obéissance et au service de celui qui nous a aimés et qui s’est livré lui-même pour nous (Gal. 2:20).
Mais pourquoi demander la grâce et la paix pour des saints? La grâce ici est la base de la bénédiction et la paix est la nature de cette bénédiction. C’est ce que Dieu donne et c’est encore par grâce que nous continuons à recevoir ses bénédictions. N’intervertissons jamais les rôles. Il n’y aura jamais de paix sans la grâce.
En conclusion, disons que nous avons besoin de grâce à tous les niveaux. C’est pourquoi la Bible nous parle de la grâce qui sauve (Éph. 2:8-9). Nous sommes exhortés à y demeurer fermes (Rom. 5:2). Les dons de la grâce (1 Cor. 1:4-7) sont mis à notre disposition afin de bâtir (1 Cor. 3:10); d’être et d’agir (1 Cor. 15:10); de donner et de savoir donner (libéralité, générosité) 2 Cor. 8:7. La grâce de Dieu nous dit Paul suffit à tous égards (2 Cor. 12:9). Elle nous permet de communiquer des paroles édifiantes et nourrissantes (Éph. 4:29; Col. 4:6); elle nous permet de louer Dieu (Col. 3:16); de servir (Éph. 3:7-8); nous fortifie (2 Tim. 2:1); nous donne accès au secours de Dieu (Héb. 4:16). C’est un impératif de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pie. 3:18); et de se confier à Dieu pour une grâce plus excellente (Jacques 4:5). Et Pierre souhaite que la grâce et la paix nous soient multipliées (1 Pierre 1:2). Nous sommes invalides sans la grâce de Dieu. A travers sa grâce, nous avons les Grandes Richesses (de Dieu) Au Coût Extrême.
« Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnés. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché » (Rom. 4:7-8). A présent, en Christ Jésus, ta faute est enlevée. Tu es en paix avec Dieu, avec toi-même (âme, cœur et pensées), avec tes prochains et avec ton environnement (Jn 14:27; Phil. 4:6-7, 10). Dieu a promis de donner sa paix à celui qui est ferme: « A celui qui est ferme dans ses sentiments, tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi. Confiez-vous en l’Éternel à perpétuité, car l’Éternel est le rocher des siècles… » Es. 26:3-4. Christ est notre paix (Éph. 2:14).
« Craignez l’Éternel, vous ses saints!
Car rien ne manque à ceux qui le craignent. » Psaume 34:10