I PIERRE

La 1ère ÉPÎTRE DE PIERRE

Étude N°5

Texte: 1:9-13

« LE GLORIEUX ÉVANGILE DE NOTRE SALUT »

Avant de refermer cette section, Pierre attire notre attention sur l’importance, la grandeur de l’évangile et du salut qui nous ont été donnés. Notre salut a de profondes racines, ce n’est pas un conte de fées ou des fables, ce n’est pas non plus une expérience ou une aventure aussi belle que soit-elle. Loin de là, l’œuvre de rédemption de Christ a été prédite et a fait l’objet d’investigations des prophètes, des apôtres d’autrefois, et même d’anges. C’est pourquoi, l’évangile, c’est la Bonne Nouvelle qui nous vient d’en haut, la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit.

  • Cet évangile a été annoncé une fois pour toutes. Il n’y a qu’un seul évangile (Gal. 1:7-9).
  • Il a été reçu: C’est gratuit car Dieu n’a rien n’a vendre.
  • Certains y persévèrent: « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Nous croyons en la persévérance des saints. Dieu ne nous abandonnera pas à mi-chemin.
  • Il sauve: Jésus signifie: Dieu est Sauveur.
  • Il doit être retenu pour ne pas avoir cru en vain: Retiens-le, vis-le, annonce-le.

Nonobstant, cette Bonne Nouvelle reste une folie pour l’homme naturel qui se meurt dans ses péchés, celui-ci l’ignore et ne l’apprécie pas à sa juste valeur. Combien d’évidences, de preuves faudrait-il pour convaincre l’homme séculier? Posons-nous ici la question de savoir qu’est-ce qui fait la grandeur de cet évangile, et qui le rend incomparable? Pourquoi est-il si précieux?

1. L’ÉVANGILE SEUL EST LA SOLUTION DE DIEU AU PROBLÈME DE L’HOMME: « vous obtiendrez le salut de vos âmes pour prix de votre foi » (v.9). Celui qui regarde à ce monde pour ses besoins spirituels, de cruelles déceptions l’attendent. « Nul ne prend souci de mon âme » fut le cri désespéré de David. C’est le même cri qui se retrouve dans le N.T et qui continue de retentir dans notre monde actuel dit moderne (Ps 142:4. Marc 8:36-38; Luc 9:25). L’homme a une âme qui a besoin d’être réconciliée avec Dieu. Rappelons-nous de la vie du riche insensé. Lisons-en le récit:

Jésus leur dit cette parabole: « Les terres d’un homme riche avaient beaucoup rapporté. Et il raisonnait en lui-même, disant: Que ferai-je? car je n’ai pas de place pour serrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai: j’abattrai mes greniers, j’en bâtirai de plus grands, j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens; et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi. Mais Dieu lui dit: Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu » (Luc 12:16-21).

L’âme de cet homme avait beaucoup de réserves non-essentielles. Il n’était à la quête que d’un bonheur éphémère pour gratifier ses instincts charnels, le manger, le boire, la réjouissance, rien pour Dieu qu’il ne mentionne même pas. Il est qualifié d’insensé (s’adressant à sa propre personne) qui devra faire face au jugement de Dieu mains nues. Qu’en est-il de toi et de moi?

Même si toutes les richesses de ce monde frappaient à votre porte, elles vous laisseraient sur votre faim, sur votre soif, insatisfaits à mort. C’est Dieu qui nous a fait dira Saint-Augustin, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en lui. De même, nos cœurs sont sans domicile fixe jusqu’à ce qu’il trouve leur repos en Christ, qui a dit: « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Mt 11:28). Prenons conseil auprès du roi Salomon qui baignait dans le bonheur, et qui finit par confesser: « vanité de vanités, tout est vanité et la poursuite du vent… » On pourra tout essayer, tout consommer, satisfaire tous nos sens, mais seul l’évangile comble ce vide en nous. Fortune, renommée, célébrité, courtisans serviles, adulation, rien ne peut sauver mon âme. Seul l’évangile est capable de nous éviter la perdition.

2. L’OBJET DE RECHERCHES MINUTIEUSES DES PROPHÈTES (v.10-12): Le Nouveau Testament ne fait que confirmer l’Ancien. Les prophètes, même s’ils ne comprenaient pas tout, ils savaient beaucoup de choses. Ils avaient l’Esprit de Christ qui les a inspirés dans ce qu’ils disaient et écrivaient, ils ne parlaient pas de leur propre chef (2 Pie. 1:20-21). A la lecture des deux testaments, ils nous brossent un tableau plein d’images réelles à propos:

a) Des souffrances de Christ (Ps 22; Es. 53): Rien que dans le Ps 22, nous avons  les 7 dernières paroles de Christ prononcées à la croix, 1000 ans avant leur accomplissement. Esaïe 53 est appelé la perle des prophéties, parlant spécifiquement du Serviteur souffrant, 7 siècles auparavant. Citons de passage quelques unes de ces prophéties relatives surtout à ses souffrances, car il en existe bien d’autres qui se sont littéralement accomplies en sa personne, et que nul autre n’aurait pu assumer. Entre autres:

  • Sa venue était une venue voulue et volontaire (Ps 40:7-8; Héb. 10:5-10).
  • Son abaissement (pour un peu de temps) au-dessous des anges (Ps 8:5-6; Héb. 2:5-9).
  • Son humilité et sa discrétion (Es. 42; Mt 12:17-21).
  • Le complot ouvert contre sa personne (Ps 2; Actes 4:25-26).
  • Rejeté et haï sans cause (Ps 35:19; 69:5; Jn 15:25).
  • Trahi par un de ses amis (Ps 41:10; Jn 13:18).
  • Vendu pour trente pièces d’argent (Zach. 11:12-13; Mt 27:9-10).
  • Crucifié parmi des malfaiteurs, mains et pieds percés (Ps 22:16; Es. 53:12; Luc 22:37).
  • Son côté transpercé par une lance: Zach. 12:10; Jn 19:37.
  • Son sacrifice aura une valeur expiatoire et sacrificielle (Es. 53:7-8; Actes 8:32-33).

Malgré la perplexité et bien d’intrigues, ces prophètes ont sondé les Écritures (Jn 5:39; Dan 7:28; 8:26-27). Ils ont étroitement étudié la révélation de Dieu, et ne se sont laissés aller au découragement (Luc 24:27).

b) De la gloire de Christ (v.11):

Ils ont vu sa gloire, à l’exemple de la transfiguration (Mt 17:1-8; Luc 9:28-36; Cf. Es. 11; 45). Ils ne savaient pas le moment exact de l’accomplissement de ces choses (v.11), ils ne parvenaient pas à faire le lien entre les deux venues de Christ. Pas qu’ils n’en étaient pas sûrs, mais c’était encore flou à leurs yeux. Même après qu’il fut ressuscité d’entre les morts, malgré le fait qu’il leur ait parlé de cela sa mort et de sa résurrection au moins trois fois, les disciples continuaient de s’interroger (Mt 16:13-28, Actes 1:6). Les prophètes ont parlé de:

  • Son entrée triomphale à Jérusalem (Zach. 9:9; Mt 21:5).
  • Sa résurrection d’entre les morts (Ps 16:8-11; Actes 2:25-31; 13:35).
  • Son ascension: Un événement glorieux.
  • Sa domination qui s’étendra à toute la création (Ps 68:19; 110:1; Eph. 4:8; Actes 2:34).
  • Son sacre (Ps 89:27-29, 37), son règne sera sans fin (Ez. 34:23-25; Luc 1:32-34, 69); son règne céleste comme Roi des rois (Eph. 1:18-23; Col. 1:18; 1Tim. 6:15; Apoc. 1:5; 17:18).
  • Son mandat comme seul Juge éternel (Jn 5:22; Actes 17:31).
  • Il répandra son Esprit sur son église (Joël 3:1-5; Actes 2:17-21).

Jésus est le seul qui puisse répondre aux centaines de prophéties dont regorge l’A.T. Il a été dit qu’en termes de probabilité complexe, il y a 1 chance sur 100. 000. 000. 000. 000. 000 (à l’infini à vrai dire) qu’une personne puisse répondre de manière exacte à ces prophéties. Pourtant, Jésus a répondu à ces critères, sans que ce ne soit au petit bonheur, mais parce qu’il est Dieu et tout fut planifié de Dieu. Les prophètes nous ont parlé de ces choses. Le problème, c’est que nos cœurs sont lents à croire ce qu’ils ont dit. Le Messie devait mourir, souffrir ces choses afin que nous ayons le salut.

Ces prophètes ont fait de ce salut l’objet de leurs recherches et de leurs investigations. Plusieurs de ces prophéties ont déjà eu lieu. Ils se regardaient les uns les autres pour des compléments d’information. De nos jours et dans notre cas, nous n’avons pas à les envier. Nous avons tout le « Canon » de Dieu à notre portée et à notre disponibilité. Leur Bible était plus petite que la nôtre. Nous avons tout ce qui suffit pour croire et vivre. A ces prophètes-là, il fut révélé que tout ce qu’ils écrivaient était pour nous, de loin, ils étaient à notre service (Dan. 12:8-9).

Après sa résurrection, Jésus a reproché à ses disciples de ne pas avoir cru les prophètes qui avaient dit qu’il fallait que « le Christ souffrit, et qu’il entrât dans sa gloire » (Luc 24:25-27).

3. LE SUJET DES PRÉDICATIONS DES APÔTRES (v.12):

Jésus s’est choisi des disciples qu’il nomma apôtres afin de prêcher, d’évangéliser. A eux comme à nous, il confia la Grande Commission (Mt 28:19-20; Mc 16:15-16; Luc 24:48-49; Actes 1:8). « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes; c’est Jésus Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus » dira l’apôtre Paul. Ces apôtres nous servaient. Ils ont mis à notre disposition « la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs… » (2 Pie. 1:19). Pierre nous dit, dans les versets précédents, que mettre sa foi dans la Bible, avoir la Bible entre nos mains est  de loin plus glorieux que le fait d’avoir été témoin oculaire de la Transfiguration, gloire magnifique.

4. CONVOITÉ DES ANGES (v.12; Cf. Héb. 1:13-14): Ils sont aussi annonciateurs, communicateurs et messagers. Voyez bien, les anges n’en croient pas leurs yeux, ils sont séduits, fascinés, magnétisés, tout ébahis devant la grandeur de l’évangile. Ô combien cela aurait dû être notre cas! Combien nous aurions tous dû passer avec mention « Excellente » notre doctorat es maturité spirituelle. Malheureusement, pour bien d’entre nous, nous végétons plutôt dans la médiocrité, et le comble, nous nous plaisons la-dedans. Notre salut, notre évangile a fait l’objet de la convoitise, de l’analyse, de l’expertise, des investigations des anges. Eux qui semblent tout connaître restent émerveillés, enfiévrés devant ce glorieux évangile. Pourquoi pas nous? Le texte nous dit qu’ils « désirent y plonger leurs regards » (v12), alors que nous nous en détournons ou n’y jetons qu’un regard furtif ou moqueur. Malgré que l’évangile déchaîne leur enthousiasme, voici qu’ils leur a été dit, qu’ils en sont serviteurs, spectateurs et non récipiendaires ou acteurs. Le salut est pour le monde des hommes et non des esprits. Dans les cieux, la moindre désobéissance est punie, sans jamais la moindre possibilité, espérance ou attente d’une restauration quelconque. A la première erreur, celle-ci ne pardonne pas, c’est la perdition. En réalité, aujourd’hui dans le monde des esprits, il n’y a plus de seconde chance. Ceux qui ont chuté l’ont été une fois pour toutes, attendant le jour du jugement que Dieu a réservé aux anges qui n’ont pas gardé leur dignité. Ceux-là qui n’ont pas désobéi, les saints anges, les anges élus seront pour toujours dans cet état, donc le compte y est, ni plus ni moins. Ces bons anges sont les spectateurs de notre salut, ils sont aux aguets se réjouissant de la conversion de chaque pécheur (Luc 15:7, 10, 31). La conversion, la confession, c’est seulement sur terre. Il n’y a pas de seconde chance après la mort, c’est scellé. Les anges n’ont jamais expérimenté la joie de leur propre conversion (Eph. 3:10; Apoc. 5:12). Qu’attends pour te réjouir avec les cieux?

L’évangile est passé sous la loupe des prophètes, des apôtres, des croyants à l’exemple des Béréens qui examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact; des anges qui en étaient les spectateurs (1 Cor. 4:9). Pour eux comme nous, l’église est une bibliothèque et une faculté de théologie pour nous former afin de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est pourquoi… (v13). Il y a une raison. Au-delà de l’information, la vie chrétienne est très pratique. Calvin nous dit que: « La Parole de Dieu n’est point pour nous apprendre à babiller, pour rendre éloquents ou subtils, mais pour réformer nos vies. » Compte tenu de tout ce qui a été dit dans les douze premiers verset, Pierre fait une pause pour nous inviter à mettre en application ces choses sublimes. Les actions ont plus de poids que les mots. Nous sommes en meilleure posture, rien à envier aux prophètes, aux apôtres et même aux anges, c’est pourquoi…:

1. Ceignez les reins de votre entendement (Jér. 1:17-19; 1 Rois 18:46): Ne vous laissez distraire par quoi que ce soit. Évitez les écueils et les embûches, soyons prêts, disciplinés (Héb. 12:1-2; 1 Cor. 7:29-31; 1 Tim. 6:8-10). Raisonnons, faisons la part des choses. L’usage de la raison n’est pas contre la Bible, la foi réfléchit, elle analyse et prend acte. La vie chrétienne implique des efforts, et surtout un effort de l’entendement. La foi n’annule pas le bon sens, il y a des décisions personnelles à prendre, et n’attendons pas qu’une voix se fasse entendre des cieux pour nous motiver. Tout est dans la Bible, pas besoin de chercher ailleurs. « Ceignez les reins… ». Ce langage nous est familier. Le berger nomade qui puise de l’eau pour abreuver ses animaux se ceint le « boubou » (ou djellaba) afin que celui-ci n’entrave pas ses efforts. On aurait pu dire: « retroussez vos manches! », ou « attachez vos ceintures! », « préparez-vous à l’action! ». Alors, retroussons les manches de notre entendement et ne laissons rien nous peser ou diminuer notre agilité à servir le Seigneur ou à vivre une vie de sanctification. Affectionnons-nous aux choses d’en haut (Col. 3:1-4), étant toujours prêts. « Rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui est ouverte… » (Héb. 12:1-2). La vie chrétienne, c’est aussi un effort mental, une action de la pensée.

Le chrétien, par la grâce de Dieu, au moyen du Saint-Esprit se maîtrise. L’homme non-régénéré, que la Bible appelle l’homme animal ou naturel, marche selon ses convoitises, ses instincts, ses passions, ayant à la bouche des paroles hautaines (Rom. 1:24, 26, 28; 8:7-8; Jude 16), il est ennemi de Dieu. Aux chrétiens, Paul donne cette exhortation: « Ayez à vos reins la vérité pour ceinture… » (Eph. 6:14)

2. Soyez sobres: « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste… » (Luc 21:34). « … Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres… » (1Thess. 5:6-8). « Ayez du zèle, et non de la paresse » (Rom. 12:10); « Prenez donc garde de vous conduire avec circonspection, non comme des des insensés, mais comme des sages; rachetez le temps car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (Eph. 5:16); « prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non… » (2 Tim. 4:2). Nous n’avons besoin d’aucun stimulant mondain ou produit dopant pour maintenir le cap. L’Esprit de Dieu est entièrement suffisant, laissons-le contrôler nos vies et nous diriger. « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les œuvres de la chair » (Gal. 5:16). Soyons diligents, tempérants (maîtres de soi), imperturbables, fermes, stables, pondérés.

3. Ayez une entière espérance: Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre?! « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère… » (Héb. 11:1). Dieu ne se repent de rien, ce qu’il a dit, il va l’accomplir; ce qu’il a commencé, il l’achève. Il ira jusqu’au bout de tout cela, pas parce que nous le méritions, mais par grâce. Il est le seul Souverain (Jude 4), il est Seigneur, c’est un Grand Dieu (Tite 2:11-14) qui nous a donné une très sainte foi (Jude 20). Pierre, ne l’oublions pas est l’apôtre de l’espérance vivante. Une espérance qui ne ment point car Dieu qui nous fait espérer ne nous flouera point. L’espérance est le moteur qui fait tourner notre vie chrétienne. Ne le laissons jamais se caler. Notre espérance se base sur la résurrection de Christ. Si cela n’était pas, nous aurions plein droit de douter, mais il est ressuscité, et il reviendra (v7; 4:13; 5:4; 1 Thess. 4:18). C’est une promesse qu’il honorera n’en déplaise aux cyniques. Maranatha!

Si même les anges s’intéressent à un si grand salut, comment échapperons-nous si nous le négligeons? (Hébreux 2:3).