HÉBREUX
Étude N° 5
Texte: 2:1-4
« Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut? »
LA NÉGLIGENCE: Premier danger à affronter!
Attention à l’insouciance, cause de dérive spirituelle. A partir de cette section, commence toute une série d’avertissements, de mises en garde auxquelles nous ferons bien de prêter attention. Il en va de nos âmes. Une exhortation pleine d’amour et qui nous encourage à porter notre attention sur la parole de Dieu pour croître en maturité. Ces exhortations peuvent se résumer en des mots comme: écoutez, voyez, croyez, obéissez, tenez, vivez, adorez, etc. Rien de ce que Dieu dit ne doit être pris à la légère. L’obéissance engendre la bénédiction, le contraire nous entraine dans une nébuleuse aux conséquences néfastes (Nbres 15:32-36). Le péché constitue toujours une nuisance, il est mortel.
Nous faisons tous face à ce danger d’apathie, de laisser-aller. D’où l’importance de ce premier avertissement: « C’est pourquoi nous devons plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d’elles. » Une exhortation pour maintenir la réalité de notre foi de manière pratique. A présent, le prédicateur passe de l’information à l’application.
Jésus étant supérieur aux anges, et ayant même des anges à notre service pour que nous apprécions ce salut, comment se fait-il que nous devenions indolents? Puisque Dieu est au-dessus de tout, et puisqu’il a choisi de nous parler par Christ, les raisons ont été données au chapitre 1, « C’est pourquoi… ». En proportion du don de Dieu, du degré de son amour, répondons conséquemment. La vérité est pratique.
Que se passe t-il? Y a t-il un regret dans nos vies? Y a t-il quelque chose que nous avions laissé derrière qui continue de nous attirer, à nous distraire ou à nous complexer? Le chrétien doit pouvoir dire: « Aucun regret. Rien de comparable entre notre vie présente en Christ d’avec celle du monde. »
La persévérance, disons-le, est une condition préalable au discipolat. Dans le mot discipline, il y a le mot disciple, l’on ne peut être disciple sans discipline (Jn 8:31; Col.1:23). Il y en a qui ont entendu la parole de Dieu et qui ont même fait preuves de quelques soubresauts ou indices spirituels, mais qui ont fini par faire naufrage pour ce qui est du salut (1 Tim. 1:19). Ils sont devenus apostats. Seuls ceux qui persévèrent seront sauvés (Mc 4:3ss; 13:13; Mt. 7:24-27; 13-14; 21-23; 1 Cor. 15:2; 9:27; Gal. 4:11; 5:2).
Si le chapitre 1 nous parle de la divinité de Christ, le chapitre 2 nous rappelle son humanité. Dieu et homme en même temps. Dieu vrai, il devint aussi un homme vrai excepté le péché. Après son exaltation (au chapitre 1), il y a à présent son humiliation (au chapitre 2). Si le chapitre 1 exalte notre Grand Sauveur, le chapitre 2 magnifie notre si grand salut. Voici que de la théologie grandeur, de la doctrine, l’auteur nous amène à présent à l’application. De l’exposition à application comme dans un sermon qui se respecte. Dans les Écritures, il n’y a qu’un pas à faire entre la doctrine et la pratique. La théologie n’a rien de fade, d’ennuyeux ou d’endormant, elle s’applique. Le discours relatif à Dieu doit se vivre car Dieu est vivant.
C’est pourquoi (2:1). Une expression qui relie ce qui suit d’avec ce qui précède (2:1, 11, 17; 3.1, 7, 10; 4:1, 14, etc). C’est Dieu qui parle et nous avons tout intérêt à l’écouter. Ce n’est pas n’importe qui. Comme dans un mouchoir de poche, le chrétien dans ces quelques versets doit faire attention à 3 dangers:
– Se détacher des vérités, des réalités et de l’actualité de l’évangile: être emporté loin des choses entendues (2:1).
– Désobéir: Il s’en suit une juste rétribution (2:2). Christ mérite notre attention entière, son message est digne de notre attention particulière. Notre ouïe spirituelle (ainsi que notre acquiescement – oui) affecte notre action. Dieu exige de nous une obéissance immédiate, sans faute, sans hésitation, sans réserve et sans question (Gen. 22:3, 9-10). Aucun marchandage à ce niveau.
– La négligence délibérée et coupable (2:3). Pour une telle personne, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés.
Ces dangers peuvent nous emporter et nous faire couler à la dérive. Le bateau (de nos vies) peut facilement chavirer ou faire naufrage. D’ailleurs, l’image ici (au v.1) est celle d’un bateau qui (par la négligence de son propriétaire) n’a pas d’ancre, n’est pas bien fixé ou attaché à la va-vite et qui bientôt se retrouve emporté par les vagues. Cet avertissement encore nous confirme le fait de ne pas prendre la vie chrétienne à la légère.
Voici quelques écueils qui peuvent causer cette négligence?
- L’indifférence, la familiarité qui peuvent facilement conduire aux manières libres et inconvenantes. Ne nous disons jamais, j’ai déjà entendu cela, j’en sais tout. Nous pouvons en savoir quelque chose, mais nul n’en sait tout.
- La tiédeur qui tôt ou tard conduit à la froideur: négligence de la prière, de la communion fraternelle, de la lecture de la Bible. Toutes ces choses au lieu d’être un plaisir deviennent un fardeau. Ne nous complaisons jamais dans la stagnation spirituelle.
- La fausse conversion: basée sur des émotions et des remords (2 Cor. 7:10). Contrairement à ce qui se dit et qui s’enseigne dans plusieurs cercles dit chrétiens, dans la parabole du semeur, un seul des quatre cœurs de la parabole est converti. Seule la parole tombée dans de la bonne terre a porté des fruits. Les trois autres se sont laissés entrainés par beaucoup de séductions et de tentations, par Satan qui a obstrué la parole, par le monde qui a étouffé cette parole, et par l’endurcissement de leur propre cœur. Toutes ces choses ont empêché à la parole de s’épanouir; résultat, la stérilité, l’aridité spirituelles n’ont fait que continuer. Ils ne sont pas convertis.
- La mondanité, le matérialisme, l’égoïsme, l’orgueil (1 Jn 2:15-16; Jacq. 4:4).
- Le formalisme, la routine, le rituel, le cérémoniel, la religiosité.
- L’inattention aux exhortations divines: l’entêtement ((Prov. 1:32).
- Le manque de confession des péchés. « Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais toute la journée… » dit David (Ps 32:3-4).
- L’oubli qu’il y aura un jugement: Nous allons tous comparaître devant le juge pour rendre compte, tous sans exception (2 Cor. 5:10).
- L’oubli du bourbier duquel le Seigneur nous a tirés (2 Pie. 1:9). « Rachetés à un grand prix » (1 Cor. 6:20).
- Vivre rien que pour le présent: Ayons l’éternité en perspectives.
Tenant compte de tous ces périls, voici qu’au cœur de ces versets, il y a cette grande exhortation: « Comment échapperons-nous…? » Voyez-vous comment est-ce que notre salut nous est décrit? « Un si grand salut » Tous les superlatifs y sont. Tout ce qui concerne notre salut est glorieux. Glorieux et grandiose en ce qu’il fait en nous, pour nous et avec nous par la grâce du Seigneur. Paul nous dit que nous avons été rachetés à un grand prix. Pierre renchérit en nous disant que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ…, ayant obtenu un rédemption éternelle (Héb. 9:12). Qu’est-ce qui fait la grandeur de ce salut selon le contexte ici? Cinq choses:
– Porté par les anges qui ont transmis la Loi (Actes 7:53; Gal. 3:19). Si la loi qui ne sauvait pas, ceux-là qui lui désobéissaient ont été châtiés, à combien plus forte raison seront châtiés ceux qui désobéissent au glorieux évangile de Christ, qui est supérieur aux anges. Christ est l’accomplissement de la Loi, il est l’aboutissement de la révélation divine. Négliger un si grand message nous laisse sans issue. Dieu n’a pas une autre solution.
– Annoncé d’abord par le Seigneur en personne: Jésus-Christ est le prophète annoncé par Moïse (Deut. 18:15-18). Il est l’accomplissement des prophéties (Apoc. 19:10). Si la loi a eu un grand effet à cause des anges, qu’en devrait-il être alors du message de salut annoncé par Christ qui leur est supérieur? Combien prêtes-tu attention à ce qu’a dit le Seigneur?
– Confirmé et corroboré par ceux qui l’ont entendu: des témoins oculaires choisis par Christ lui-même et qui l’ont reçu de Christ en personne (Luc 1:1-4; Gal. 1:1, 11-12; 2 Pie. 1:19-21; 1 Jn 1:1-4). Nous sommes de cette catégorie. Nous avons entendu cet évangile par le biais d’une tierce personne. En prêchant la parole de Dieu, nous passons ce que nous avons reçu, mais nous passons plus que des informations. La prédication, c’est le canal par lequel Dieu nous parle directement, et s’attend à ce que nous répondions conséquemment. Dieu s’attend à une réaction de notre part lorsque nous entendons ou lisons sa parole.
– Appuyé par des signes, des prodiges et divers miracles: Ces signes (le temps utilisé est au passé), loin d’être une performance, un « show » pour aiguiser la curiosité de la foule ou pour attirer l’attention sur les apôtres, étaient plutôt pour authentifier la Parole de Dieu et authentifier l’apostolat de ceux qui la prêchaient (2 Cor. 12:12). Aujourd’hui, nul n’a besoin d’authentifier la Bible, elle est complète, sa transmission est terminée. Plus de révélation, c’est fini. Demandons plutôt à Dieu d’illuminer nos yeux afin que nous puissions contempler les merveilles de sa loi (Ps 119:18). La Bible est un lion, pas besoin de le défendre. Ouvrons juste la cage et laissons-le faire. De même, ouvrons la Bible, prêchons-là et laissons-la agir dans les cœurs. C’est du seul support dont elle a besoin.
– Poursuivi dans chaque génération au moyen des dons du Saint-Esprit: C’est lui qui donne la capacité d’action et de compréhension de la Parole de Dieu. Chaque chrétien possède un don, certains en possèdent plusieurs, nul ne les possède tous. C’est pourquoi l’église est un corps et nous avons besoin de tous ses membres (Rom. 12; Eph. 4; 1 Cor. 12-14). Dans l’église, il n’y a que des acteurs, pas de spectateurs. A chacun son rôle, à chacun sa place, à chacun son importance.
Un grand salut en vérité! Ce verset bien de fois cité interpelle à la fois le chrétien comme le non-chrétien (6 fois nous). « Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut? » (Héb. 2:3).
Vous voyez comment est-ce qu’un croyant de par sa propre négligence peut laisser le salut lui passer entre les doigts. C’est comme si une telle personne au lieu de se dire: « Que faut-il que je fasse pour être sauvé? », dit plutôt le contraire: « Que faut-il que je fasse pour me perdre? » Se perdre, c’est chercher à vivre la vie chrétienne sans effort, sans attention. A cette personne, l’apôtre dit ceci: Ne vois-tu pas la grandeur de ce salut? Ne vois-tu pas ce que tu fais de ton âme?
Il importe de penser et même d’avoir la passion des âmes des autres, mais il serait tout à fait dangereux de négliger sa propre âme. Ce n’est pas pour rien qu’il nous est demandé de nous maintenir dans l’amour de Dieu (Jude 21) et à ne pas abandonner notre premier amour (Apoc. 2:4). Aux anciens d’Ephèse, et certainement à ceux d’aujourd’hui, Paul dira: « Prenez donc garde à vous-mêmes… » (Actes 20:28). « Nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais ceux qui ont la foi pour sauver leur âme » (Héb. 2:39).
Il n’y a aucun espoir pour ceux qui négligent un si grand salut. Qu’aucun de nous ne court ce risque!
Conclusion: Dieu, par amour pour nous, ne s’est pas limité à nous envoyer sa parole par des anges, des prophètes, des apôtres. Il est lui-même venu. Il s’est incarné. Un si grand sauveur, avec un si grand message ne pourrait rien donner d’autre qu’un si grand salut. Accrochons-nous, que l’ancre de nos âmes soit sûre et solide. L’évangile de Christ est le seul port auquel accoster, tout autre nous ferait couler à la dérive ou nous faire perdre le nord.
– Restons éveillés et méfions-nous de toute tiédeur. N’oublions pas le coût de notre salut. « Veillons et prions… »
– Prenons au sérieux ce que nous entendons (2:1). La Parole prêchée ne doit pas nous laisser stérile. « Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. » Soyons-en des « faiseurs » et non juste des « diseurs » (Jacq. 1:22). Dieu a mille et une fois confirmé sa parole, alors prenons-la au pied de la lettre.
- Une invitation à écouter: « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (Mt 11:15). Bien sûr que nous avons tous des oreilles, mais qu’en faisons-nous?
- Un refrain d’interpellation du Saint-Esprit aux églises. « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux églises » (Apoc. 2:11, 17, 29; 3:6, 13, 22). Plus nous entendons l’évangile, plus notre responsabilité est grande. Dieu s’attend à beaucoup de ses enfants.
- Que faut-il écouter? « Prenez garde à ce que vous entendez » (Mc 4:24). Les premiers versets du chapitre 1 nous ont déjà dit qu’en Christ et dans les Écritures, nous avons la Parole de Dieu (1:1-3). La Bible est différente des livres de ce monde, qui une fois lus sont classés ou relégués aux oubliettes. Si Christ est supérieur aux anges, c’est que son message leur est aussi supérieur. Approprions-nous et appliquons sa parole avec la plus grande diligence. Retenons-là nous dit Paul dans 1 Cor. 15:2.
- Une manière d’écouter: « Prenez donc garde à la manière à la manière dont vous écoutez… » (Luc 8:18).
– Faisons bien attention à ne point négliger ce salut divin (2:3). Prenons compte de toutes les exhortations et les interpellations de la Parole de Dieu. C’est un danger de reconnaître la puissance et l’utilité de quelque chose et en même temps ne pas en faire bon usage. Une exhortation constante à se rappeler de ce que nous croyons. Est-ce par hasard que Paul recommande à Timothée de se souvenir de Jésus-Christ? (2 Tim. 2:8). Une foi qui se respecte et qui vit à continuellement besoin d’être maintenue. La flamme ne doit point s’éteindre.
– Être obéissants et disponibles à la direction du Saint-Esprit afin d’accomplir la volonté de Dieu. Au lieu d’être emportés, attachons notre ancre à l’évangile, attachons-nous à Christ (Héb. 6:19-20), lui seul est capable de garder notre dépôt jusqu’à ce jour-là. Face à tous les dangers, ayons les regards fixés sur Christ, le chef et le consommateur de notre foi. Affectionnons-nous aux choses d’en-haut.
– Quand faut-il écouter: Demain? Non. C’est le mot le plus dangereux. Qui remet à demain trouvera sûrement malheur en chemin. Sais-tu ce que demain peut enfanter? Non! « Aujourd’hui » est le mot de la Bible. « Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule au point de se détourner du Dieu vivant » (Héb. 3:12).
« Mon fils, que ces enseignements ne s’éloignent pas de tes yeux; garde la sagesse et la réflexion: elles seront la vie de ton âme, et l’ornement de ton cou » (Prov. 3:21-22).