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La “Louange
Charismatique”

Rudolf Ebertshaüser

Texte extrait du fascicule, en allemand, “La Louange Charismatique :
un feu étranger dans le lieu saint”
2e édition

Introduction

Selon le témoignage de la Bible, la musique et les chants peuvent être soit, comme le montre l’A.T., pour la louange exprimée par les lévites, ou, dans le N.T., les cantiques spirituels de l’église, ou encore pour des cultes idolâtres comme l’adoration de la statue d’or érigée par Nébucadnetsar. Il existe une musique au service et à la gloire de Dieu inspirée par le Saint-Esprit, mais il existe également, à côté d’une musique que l’on peut qualifier de neutre2, une musique au service de Satan inspirée par l’esprit du monde. Soyons donc vigilants par rapport à toutes les influences qui agissent sur notre cœur, sur notre entendement, sur nos pensées et nos sentiments, afin d’éviter ou de refuser ce qui peut nous porter préjudice.

Quelqu’un qui est passé par une vraie conversion reconnaît, le cas échéant, son asservissement à la musique du monde comme péché devant Dieu, en particulier si c’est le genre musical d’origine démoniaque devenu courant aujourd’hui (cf. Rom 12.2). Il perd le goût pour ces choses du monde et est attiré (ou du moins devrait l’être) par les choses d’en haut (cf. 1 Jn 2.15-17). En même temps, il apprendra à aimer ce qui lui paraissait fade – voire ridicule –, des cantiques que le Seigneur lui-même a inspirés à ses enfants au cours des siècles. Il y verra la richesse spirituelle de vies marquées par une marche dans la foi.

Ces réflexions préliminaires montrent que les dispositions du cœur du croyant envers son Dieu jouent un rôle décisif dans son discernement spirituel. La position du croyant face à l’influence du monde sur la musique dans l’église dépend du degré de sa propre rupture avec les plaisirs du monde. Je suis persuadé que c’est là une des raisons principales des différends entre chrétiens sur cette question.

Le problème des chants charismatiques

Ces chants sont plus particulièrement fascinants pour la jeune génération de chrétiens. Leurs mélodies entraînantes semblent communiquer joie, enthousiasme, élan et force. Elles touchent essentiellement les sentiments. C’est probablement pourquoi ce sont eux qui ouvrent le mieux la voie à l’influence séductrice du mouvement charismatique. Il est donc d’autant plus important de discerner, devant Dieu, quelle doit être notre attitude face à ces chants.

Ces affirmations résultent de cinq années d’expérience au sein de ce milieu, particulièrement pour avoir participé intensivement à un “groupe de louange”. Depuis, j’ai, pendant dix ans, livré un combat spirituel contre ce mouvement.

1. Des méthodes du monde manipulatrices

Les mélodies charismatiques proviennent presque exclusivement du répertoire pop, avec ses grandes variantes, majoritairement à orientation ‘douce’, psychédélique3, mais tout aussi dangereuses et manipulatrices que le rock le plus dur. Certains chants proviennent également du répertoire catholique pour la méditation, et de Taizé. Ceux-là sont, à leur manière, tout aussi séduisants.

La source de cette musique pop est clairement démoniaque. Elle provient de cultes idolâtres de diverses tendances : rites africains conduisant à l’extase, à des transes et même à des possessions. Elle provient également de la musique rock, de chants méditatifs hindous et bouddhistes qui, eux aussi, conduisent à l’extase et aux transes.

Le chanteur pop, Jimmy Hendrix, déclare : « La musique, ayant sa propre spiritualité, permet de créer une ambiance. Tu peux hypnotiser les gens par la musique et, si tu touches leur point faible, tu peux prêcher à leur inconscient ce que nous voulons leur dire ».4

Timothy Leary, promoteur auprès de la jeunesse de drogues et de culture anti-chrétienne, déclare par rapport à la musique pop : « N’écoute pas les paroles, la musique porte son message en elle-même5… Très souvent, elle m’étourdit… C’est elle qui va te propulser »6. Les mélodies charismatiques exercent leur effet de séduction spécifique sur l’âme de ceux qui les chantent. Elles produisent une ouverture à l’extase, un affaiblissement de la vigilance et faussent la faculté de perception. Elles sont entraînantes et belles tels des chants de sirènes qui trompent et attirent, pour détourner de Dieu et de sa Parole, même si les textes sont basés sur des paroles bibliques.

Les chrétiens fidèles ont aujourd’hui un sérieux besoin de discernement de cet esprit d’égarement. De nombreux croyants ne voient plus le danger, ni la souillure de la musique chrétienne à coloration pop ou rock, étant eux-mêmes entraînés dans la ‘consommation’ de ces musiques du monde.

Ce travail de sape amène peu à peu les croyants à abandonner le lucide chemin de la foi et à s’engager dans la recherche de sensations fortes, vers la libération des désirs charnels (jusqu’à des danses effrénées dans les églises), entraînés par les esprits d’égarement qui sont à l’origine de ces mélodies.

2. Des paroles qui ne traduisent pas les vérités bibliques

Souvent les paroles paraissent bibliques à un observateur chrétien superficiel. Le texte de toute une série de chants très prenants repose presque entièrement sur des paroles bibliques. Mais un examen plus attentif fait apparaître que :

a. Le sacrifice parfait de Jésus-Christ et sa grâce occupent une place marginale et non centrale. Malheureusement, ce qui devrait être l’objet de l’adoration lors du culte : l’œuvre expiatoire de notre Seigneur sur la croix, apparaît rarement. De plus, les chants qui traitent de la croix le font souvent en jouant sur les sentiments où se mêlent enthousiasme et mysticisme, dévalorisant les déclarations bibliques7.

b. Dans la majeure partie des textes, il est question de la puissance et de la gloire de Christ manifestes dès à présent dans le monde, alors que ce ne sera le cas que lors de son retour en gloire. L’Ecriture nous apprend, en effet, que le règne de Christ n’est pas encore visible aujourd’hui (cf. Hé 2.8), bien qu’Il soit déjà élevé au-dessus de tout (Eph 1.20-23 ; 1 P 3.22).

La louange charismatique est étroitement liée à l’enseignement faux que l’Eglise doit, dès à présent, établir le règne de Dieu jusque dans la société civile et les sphères politiques. Par la ‘louange et l’adoration’ les charismatiques veulent ‘libérer’ la ‘puissance de Dieu’ par magie et ‘chasser les puissances des ténèbres’. Cela apparaît particulièrement lors des ‘marches pour Jésus’ et des ‘guerres spirituelles’. D’après cette hérésie, le ‘royaume de Dieu’ vient avec des ‘signes et des miracles’, par des effusions de l’Esprit, lorsque l’Eglise proclame la seigneurie de Jésus8.

c. Les chants contiennent et propagent les faux enseignements du mouvement. Toujours à nouveau apparaissent des hérésies typiques et des déformations des vérités bibliques, telles que le baptême dans l’Esprit ou la venue du Saint-Esprit sur des pays et des peuples, des réveils exaltants des temps de la fin, la soi-disant guérison ou salut des peuples9.

Il y a aussi la soif typiquement païenne d’expériences, d’extases, accompagnées d’une prétendue union avec Dieu, de sensations de la ‘proximité’ de Jésus, d’apparitions, d’expériences de puissance. Celui qui chante ces choses se trouve poussé à les rechercher.

La forte propension à répéter de nombreuses fois des formules courtes joue également un rôle important. Cela rappelle les mantras et les formules occultes païennes, ainsi que les chants liturgiques catholiques qui conduisent les participants à l’autosuggestion. Celui qui répète douze ou vingt fois dans un chant : « Je me réjouis », entre dans un état d’euphorie étrangère à la joie biblique10.

Fruits de la louange charismatique

Les effets séducteurs des chants charismatiques ne peuvent pas être bien compris si l’on ne prend pas au sérieux les déclarations des Ecritures annonçant, pour les temps de la fin, ces mouvements pseudo-prophétiques de séduction, dont fait partie le mouvement charismatique (cf. 1 Tim 4.1).

Que ses fruits en soient des exaltations douteuses et des divisions n’apparaît qu’à des chrétiens spirituellement avertis. Ceux qui sont conquis par ces chants rétorqueront, qu’au contraire, les effets en sont positifs : ils “communiquent à la foi un nouvel élan”, “suscitent l’enthousiasme pour Jésus”, “parlent aux jeunes”, “stimulent la consécration” !

En réalité, examinés  à la lumière des Ecritures, les résultats sont essentiellement autres : l’enthousiasme pour Jésus est trompeur, car il s’agit d’un ‘Jésus-roi’ tel que les Juifs l’auraient également acclamé, et non pas d’un Jésus avec qui on est prêt à sortir du camp pour porter l’opprobre ; la consécration ressemble davantage à une exaltation sentimentale très dépendante de l’ambiance que l’on ressent, allant jusqu’au désir de vivre l’extase ; l’unité ressentie est plus d’ordre mystique que spirituelle11, d’ailleurs ces chants provoquent souvent des divisions au sein de l’église ; la louange à Dieu devient une jouissance personnelle et égoïste au lieu d’être une sainte offrande apportée à Dieu de tout son cœur ; la simplicité des relations au Seigneur Jésus est minée par l’influence mystique et exaltée du charismatisme (2 Co 11.2-3).

Conclusion

Si nous examinons la louange charismatique à la lumière des Ecritures, comme le Seigneur nous le demande, nous arrivons forcément à la conclusion qu’elle représente un vrai danger spirituel pour l’Eglise, même si elle restait occasionnelle. Un patient et persévérant travail d’information et de persuasion est nécessaire auprès de ceux qui n’en voient pas encore les dangers.

Le choix d’un recueil de chants pour l’église est plus important qu’on ne le pense souvent. De même, les parents et les responsables de jeunes doivent savoir que la plupart des grandes rencontres de jeunes sont minées par l’usage des chants charismatiques (accompagnés de pantomimes, clowns, musique rock, disco, etc.).

Si nous voulons prendre une position claire et mener le combat contre les puissances à l’œuvre dans ce domaine, il nous faut beaucoup prier et être à la recherche du Seigneur. L’avenir spirituel d’églises entières et d’œuvres est en jeu !

Persévérons dans une adoration en esprit et en vérité, celle que le Seigneur agrée. Aujourd’hui même, il est impératif, devant la montée en puissance de l’adoration pagano-extatique, que les croyants vrais et fidèles apportent une louange qui soit une offrande pure et d’une agréable odeur à notre Dieu.

De nouveaux cantiques peuvent encore voir le jour à notre époque de déclin spirituel. Prions dans ce sens. Que Dieu suscite des personnes qualifiées par son Esprit pour composer des hymnes à sa gloire ! Si cela devait tarder, continuons de chanter nos anciens cantiques qui ont fait leur preuve et par lesquels nous pouvons, aujourd’hui encore, apporter nos sacrifices de louange qui Lui sont agréables.

“Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. (Hé 13.15)

_____________________________________________

Le style de la louange en vogue

Compléments, tiré  d’un article de Christian Willy dans le ‘Christianisme Aujourd’hui’, nov. 2006 p. 20-21 paru (sous le titre : Notre louange est-elle devenue narcissique ?) à l’occasion de la sortie du troisième volume du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’, de Jeunesse en Mission.12

Le numéro de novembre 2006 de ‘Christianisme Aujourd’hui’ contient un article fort intéressant de Christian Willy sur l’évolution du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’. Il rappelle son historique, relevant combien les débuts furent difficiles, tant le contenu des cantiques traduisait parfois « une spiritualité désincarnée, une confusion entre royaume de Dieu et la notion de nation ». Son succès s’est imposé par l’usage, « la piété, avec un accent mis sur le ressenti, a eu raison de la précision doctrinale », conclut-il.

Aujourd’hui le recueil est très répandu, surtout dans le mouvement évangélique classique et charismatique.13

Selon le constat dressé par la psychologue Sarika Pilet, « le recueil a transformé la physionomie de la louange du mouvement évangélique… Placées sous la loupe, les paroles des 837 chants publiés en trente ans traduisent une évolution vers une louange qui s’est décentrée de Dieu pour se focaliser sur l’individu, ses attentes et ses demandes. »

Les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995

Les résultats de l’enquête sont très significatifs… « Centrée sur les paroles des chants d’adoration et de consécration, elle met en évidence plusieurs changements significatifs. Les chants basés sur des textes bibliques ont notablement reculé (de 33% à 13% entre ceux écrits avant 1980 et ceux composés dès 1990). Par ailleurs, dans les premiers, les paroles de consécration impliquaient une démarche active du fidèle, alors que désormais elles mettent davantage l’accent sur l’intervention de Dieu (“Purifie-moi”, “touche mon cœur”, etc.). Parallèlement, les chants de la catégorie “adoration” comportent toujours plus de demandes (la moitié sous forme de souhait, l’autre sous forme d’impératifs : “Bénis-moi”, “remplis-moi” etc.) Enfin, les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995, alors que l’adorateur lui-même prend toujours plus de place dans les paroles des chants14. »

Changement de mentalité ou dérive vers une autre spiritualité ?

Les observations faites par Sarika Pilet sont très significatives pour quelqu’un qui se soucie de la croissance spirituelle (vue d’un point de vue biblique) des croyants.

Qu’indiquent donc ces changements ? Pour Sarika Pilet, le rapport croissant entre l’individualisme, la culture de l’esprit de consommation et des chants centrés sur l’individu est indéniable : « Ces chants traduisent notre manière d’entrer en relation avec Dieu : l’homme reste centré sur lui-même et ses besoins. Il s’agit de vivre des expériences spirituelles fortes15, d’accéder à la plénitude, au bien-être, etc. Les chants reflètent parfois aussi le côté “tout, tout de suite” développé par notre société axée sur la consommation. », observe-t-elle. Pour nous, le contenu de ces chants indique plutôt un changement dans la relation entre le chrétien et Dieu.

Faut-il, alors, parler de changement de mentalité ? N’est-ce pas davantage une dérive vers une spiritualité qui n’a plus tellement à voir avec l’action du Saint-Esprit dans le cœur de l’enfant de Dieu ?

Autre constat pour Christian Willy : « Plus les chants sont récents, plus ils se basent sur l’expérience personnelle du croyant dans la louange. Les chants d’adoration plus anciens contenaient peu de demandes et, lorsque tel était le cas, la requête concernait l’avancement du Royaume de Dieu. »

Sylvain Freymond, auteur et compositeur de cantiques et responsable de l’édition du recueil, met cette évolution sur le compte de la bénédiction de Toronto et du développement de la relation d’aide : « Le côté positif de cette évolution, c’est qu’elle a permis à de nombreuses personnes d’être touchées et d’approfondir leur relation avec Dieu. » Une telle influence de la soi-disant “bénédiction de Toronto”, est propre à nous inquiéter et à nous interpeller sérieusement sur ses effets néfastes.

Nous suivons la conclusion de Jean-Paul Zürcher, secrétaire du Réseau Evangélique, lorsqu’il considère que : « la louange traduit davantage la situation spirituelle de l’église qu’elle ne l’influence », en ajoutant toutefois : ne faut-il pas s’interroger sur la nature de l’esprit qui inspire une telle louange ?

La situation préoccupe des personnes comme Sarika Pilet qui espère qu’une prise de conscience plus générale se produira. Des efforts ont été entrepris pour inverser la tendance égocentrique et retrouver l’équilibre, dit-on. Mais quel équilibre peut-on retrouver si, à la base, il n’y a pas de compréhension juste des lois spirituelles concernant les bases de la vie chrétienne, à commencer par une connaissance biblique de ce que sont les deux notions fondamentales : la repentance et la foi ?

Nous relevons avec intérêt ces remises en question. Cependant, il ne nous semble pas qu’un retour vers une louange selon les Ecritures soit chose aisée dans un contexte où le “psychique” prend souvent la place du “spirituel”. E. Ropp

On peut se procurer ces textes en s’adressant au : CRIE  –  BP 82121 F-68060 MULHOUSE CEDEX 2

E-mail : lecrie@online.fr

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La “Louange
Charismatique”

Texte extrait du fascicule, en allemand, “La Louange Charismatique :
un feu étranger dans le lieu saint”

Rudolf Ebertshaüser

2e édition

Comprend des extraits d’un article du ‘Christianisme Aujourd’hui’
de novembre 2006

Centre de Recherches, d’Information et d’Entraide

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Ce texte est extrait du fascicule “La Louange Charismatique : un feu étranger dans le lieu saint”1, de Rudolf Ebertshaüser.

Introduction

Selon le témoignage de la Bible, la musique et les chants peuvent être soit, comme le montre l’A.T., pour la louange exprimée par les lévites, ou, dans le N.T., les cantiques spirituels de l’église, ou encore pour des cultes idolâtres comme l’adoration de la statue d’or érigée par Nébucadnetsar. Il existe une musique au service et à la gloire de Dieu inspirée par le Saint-Esprit, mais il existe également, à côté d’une musique que l’on peut qualifier de neutre2, une musique au service de Satan inspirée par l’esprit du monde. Soyons donc vigilants par rapport à toutes les influences qui agissent sur notre cœur, sur notre entendement, sur nos pensées et nos sentiments, afin d’éviter ou de refuser ce qui peut nous porter préjudice.

Quelqu’un qui est passé par une vraie conversion reconnaît, le cas échéant, son asservissement à la musique du monde comme péché devant Dieu, en particulier si c’est le genre musical d’origine démoniaque devenu courant aujourd’hui (cf. Rom 12.2). Il perd le goût pour ces choses du monde et est attiré (ou du moins devrait l’être) par les choses d’en haut (cf. 1 Jn 2.15-17). En même temps, il apprendra à aimer ce qui lui paraissait fade – voire ridicule –, des cantiques que le Seigneur lui-même a inspirés à ses enfants au cours des siècles. Il y verra la richesse spirituelle de vies marquées par une marche dans la foi.

Ces réflexions préliminaires montrent que les dispositions du cœur du croyant envers son Dieu jouent un rôle décisif dans son discernement spirituel. La position du croyant face à l’influence du monde sur la musique dans l’église dépend du degré de sa propre rupture avec les plaisirs du monde. Je suis persuadé que c’est là une des raisons principales des différends entre chrétiens sur cette question.

Le problème des chants charismatiques

Ces chants sont plus particulièrement fascinants pour la jeune génération de chrétiens. Leurs mélodies entraînantes semblent communiquer joie, enthousiasme, élan et force. Elles touchent essentiellement les sentiments. C’est probablement pourquoi ce sont eux qui ouvrent le mieux la voie à l’influence séductrice du mouvement charismatique. Il est donc d’autant plus important de discerner, devant Dieu, quelle doit être notre attitude face à ces chants.

Ces affirmations résultent de cinq années d’expérience au sein de ce milieu, particulièrement pour avoir participé intensivement à un “groupe de louange”. Depuis, j’ai, pendant dix ans, livré un combat spirituel contre ce mouvement.

1. Des méthodes du monde manipulatrices

Les mélodies charismatiques proviennent presque exclusivement du répertoire pop, avec ses grandes variantes, majoritairement à orientation ‘douce’, psychédélique3, mais tout aussi dangereuses et manipulatrices que le rock le plus dur. Certains chants proviennent également du répertoire catholique pour la méditation, et de Taizé. Ceux-là sont, à leur manière, tout aussi séduisants.

La source de cette musique pop est clairement démoniaque. Elle provient de cultes idolâtres de diverses tendances : rites africains conduisant à l’extase, à des transes et même à des possessions. Elle provient également de la musique rock, de chants méditatifs hindous et bouddhistes qui, eux aussi, conduisent à l’extase et aux transes.

Le chanteur pop, Jimmy Hendrix, déclare : « La musique, ayant sa propre spiritualité, permet de créer une ambiance. Tu peux hypnotiser les gens par la musique et, si tu touches leur point faible, tu peux prêcher à leur inconscient ce que nous voulons leur dire ».4

Timothy Leary, promoteur auprès de la jeunesse de drogues et de culture anti-chrétienne, déclare par rapport à la musique pop : « N’écoute pas les paroles, la musique porte son message en elle-même5… Très souvent, elle m’étourdit… C’est elle qui va te propulser »6. Les mélodies charismatiques exercent leur effet de séduction spécifique sur l’âme de ceux qui les chantent. Elles produisent une ouverture à l’extase, un affaiblissement de la vigilance et faussent la faculté de perception. Elles sont entraînantes et belles tels des chants de sirènes qui trompent et attirent, pour détourner de Dieu et de sa Parole, même si les textes sont basés sur des paroles bibliques.

Les chrétiens fidèles ont aujourd’hui un sérieux besoin de discernement de cet esprit d’égarement. De nombreux croyants ne voient plus le danger, ni la souillure de la musique chrétienne à coloration pop ou rock, étant eux-mêmes entraînés dans la ‘consommation’ de ces musiques du monde.

Ce travail de sape amène peu à peu les croyants à abandonner le lucide chemin de la foi et à s’engager dans la recherche de sensations fortes, vers la libération des désirs charnels (jusqu’à des danses effrénées dans les églises), entraînés par les esprits d’égarement qui sont à l’origine de ces mélodies.

2. Des paroles qui ne traduisent pas les vérités bibliques

Souvent les paroles paraissent bibliques à un observateur chrétien superficiel. Le texte de toute une série de chants très prenants repose presque entièrement sur des paroles bibliques. Mais un examen plus attentif fait apparaître que :

a. Le sacrifice parfait de Jésus-Christ et sa grâce occupent une place marginale et non centrale. Malheureusement, ce qui devrait être l’objet de l’adoration lors du culte : l’œuvre expiatoire de notre Seigneur sur la croix, apparaît rarement. De plus, les chants qui traitent de la croix le font souvent en jouant sur les sentiments où se mêlent enthousiasme et mysticisme, dévalorisant les déclarations bibliques7.

b. Dans la majeure partie des textes, il est question de la puissance et de la gloire de Christ manifestes dès à présent dans le monde, alors que ce ne sera le cas que lors de son retour en gloire. L’Ecriture nous apprend, en effet, que le règne de Christ n’est pas encore visible aujourd’hui (cf. Hé 2.8), bien qu’Il soit déjà élevé au-dessus de tout (Eph 1.20-23 ; 1 P 3.22).

La louange charismatique est étroitement liée à l’enseignement faux que l’Eglise doit, dès à présent, établir le règne de Dieu jusque dans la société civile et les sphères politiques. Par la ‘louange et l’adoration’ les charismatiques veulent ‘libérer’ la ‘puissance de Dieu’ par magie et ‘chasser les puissances des ténèbres’. Cela apparaît particulièrement lors des ‘marches pour Jésus’ et des ‘guerres spirituelles’. D’après cette hérésie, le ‘royaume de Dieu’ vient avec des ‘signes et des miracles’, par des effusions de l’Esprit, lorsque l’Eglise proclame la seigneurie de Jésus8.

c. Les chants contiennent et propagent les faux enseignements du mouvement. Toujours à nouveau apparaissent des hérésies typiques et des déformations des vérités bibliques, telles que le baptême dans l’Esprit ou la venue du Saint-Esprit sur des pays et des peuples, des réveils exaltants des temps de la fin, la soi-disant guérison ou salut des peuples9.

Il y a aussi la soif typiquement païenne d’expériences, d’extases, accompagnées d’une prétendue union avec Dieu, de sensations de la ‘proximité’ de Jésus, d’apparitions, d’expériences de puissance. Celui qui chante ces choses se trouve poussé à les rechercher.

La forte propension à répéter de nombreuses fois des formules courtes joue également un rôle important. Cela rappelle les mantras et les formules occultes païennes, ainsi que les chants liturgiques catholiques qui conduisent les participants à l’autosuggestion. Celui qui répète douze ou vingt fois dans un chant : « Je me réjouis », entre dans un état d’euphorie étrangère à la joie biblique10.

Fruits de la louange charismatique

Les effets séducteurs des chants charismatiques ne peuvent pas être bien compris si l’on ne prend pas au sérieux les déclarations des Ecritures annonçant, pour les temps de la fin, ces mouvements pseudo-prophétiques de séduction, dont fait partie le mouvement charismatique (cf. 1 Tim 4.1).

Que ses fruits en soient des exaltations douteuses et des divisions n’apparaît qu’à des chrétiens spirituellement avertis. Ceux qui sont conquis par ces chants rétorqueront, qu’au contraire, les effets en sont positifs : ils “communiquent à la foi un nouvel élan”, “suscitent l’enthousiasme pour Jésus”, “parlent aux jeunes”, “stimulent la consécration” !

En réalité, examinés  à la lumière des Ecritures, les résultats sont essentiellement autres : l’enthousiasme pour Jésus est trompeur, car il s’agit d’un ‘Jésus-roi’ tel que les Juifs l’auraient également acclamé, et non pas d’un Jésus avec qui on est prêt à sortir du camp pour porter l’opprobre ; la consécration ressemble davantage à une exaltation sentimentale très dépendante de l’ambiance que l’on ressent, allant jusqu’au désir de vivre l’extase ; l’unité ressentie est plus d’ordre mystique que spirituelle11, d’ailleurs ces chants provoquent souvent des divisions au sein de l’église ; la louange à Dieu devient une jouissance personnelle et égoïste au lieu d’être une sainte offrande apportée à Dieu de tout son cœur ; la simplicité des relations au Seigneur Jésus est minée par l’influence mystique et exaltée du charismatisme (2 Co 11.2-3).

Conclusion

Si nous examinons la louange charismatique à la lumière des Ecritures, comme le Seigneur nous le demande, nous arrivons forcément à la conclusion qu’elle représente un vrai danger spirituel pour l’Eglise, même si elle restait occasionnelle. Un patient et persévérant travail d’information et de persuasion est nécessaire auprès de ceux qui n’en voient pas encore les dangers.

Le choix d’un recueil de chants pour l’église est plus important qu’on ne le pense souvent. De même, les parents et les responsables de jeunes doivent savoir que la plupart des grandes rencontres de jeunes sont minées par l’usage des chants charismatiques (accompagnés de pantomimes, clowns, musique rock, disco, etc.).

Si nous voulons prendre une position claire et mener le combat contre les puissances à l’œuvre dans ce domaine, il nous faut beaucoup prier et être à la recherche du Seigneur. L’avenir spirituel d’églises entières et d’œuvres est en jeu !

Persévérons dans une adoration en esprit et en vérité, celle que le Seigneur agrée. Aujourd’hui même, il est impératif, devant la montée en puissance de l’adoration pagano-extatique, que les croyants vrais et fidèles apportent une louange qui soit une offrande pure et d’une agréable odeur à notre Dieu.

De nouveaux cantiques peuvent encore voir le jour à notre époque de déclin spirituel. Prions dans ce sens. Que Dieu suscite des personnes qualifiées par son Esprit pour composer des hymnes à sa gloire ! Si cela devait tarder, continuons de chanter nos anciens cantiques qui ont fait leur preuve et par lesquels nous pouvons, aujourd’hui encore, apporter nos sacrifices de louange qui Lui sont agréables.

“Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. (Hé 13.15)

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Le style de la louange en vogue

Compléments, tiré  d’un article de Christian Willy dans le ‘Christianisme Aujourd’hui’, nov. 2006 p. 20-21 paru (sous le titre : Notre louange est-elle devenue narcissique ?) à l’occasion de la sortie du troisième volume du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’, de Jeunesse en Mission.12

Le numéro de novembre 2006 de ‘Christianisme Aujourd’hui’ contient un article fort intéressant de Christian Willy sur l’évolution du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’. Il rappelle son historique, relevant combien les débuts furent difficiles, tant le contenu des cantiques traduisait parfois « une spiritualité désincarnée, une confusion entre royaume de Dieu et la notion de nation ». Son succès s’est imposé par l’usage, « la piété, avec un accent mis sur le ressenti, a eu raison de la précision doctrinale », conclut-il.

Aujourd’hui le recueil est très répandu, surtout dans le mouvement évangélique classique et charismatique.13

Selon le constat dressé par la psychologue Sarika Pilet, « le recueil a transformé la physionomie de la louange du mouvement évangélique… Placées sous la loupe, les paroles des 837 chants publiés en trente ans traduisent une évolution vers une louange qui s’est décentrée de Dieu pour se focaliser sur l’individu, ses attentes et ses demandes. »

Les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995

Les résultats de l’enquête sont très significatifs… « Centrée sur les paroles des chants d’adoration et de consécration, elle met en évidence plusieurs changements significatifs. Les chants basés sur des textes bibliques ont notablement reculé (de 33% à 13% entre ceux écrits avant 1980 et ceux composés dès 1990). Par ailleurs, dans les premiers, les paroles de consécration impliquaient une démarche active du fidèle, alors que désormais elles mettent davantage l’accent sur l’intervention de Dieu (“Purifie-moi”, “touche mon cœur”, etc.). Parallèlement, les chants de la catégorie “adoration” comportent toujours plus de demandes (la moitié sous forme de souhait, l’autre sous forme d’impératifs : “Bénis-moi”, “remplis-moi” etc.) Enfin, les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995, alors que l’adorateur lui-même prend toujours plus de place dans les paroles des chants14. »

Changement de mentalité ou dérive vers une autre spiritualité ?

Les observations faites par Sarika Pilet sont très significatives pour quelqu’un qui se soucie de la croissance spirituelle (vue d’un point de vue biblique) des croyants.

Qu’indiquent donc ces changements ? Pour Sarika Pilet, le rapport croissant entre l’individualisme, la culture de l’esprit de consommation et des chants centrés sur l’individu est indéniable : « Ces chants traduisent notre manière d’entrer en relation avec Dieu : l’homme reste centré sur lui-même et ses besoins. Il s’agit de vivre des expériences spirituelles fortes15, d’accéder à la plénitude, au bien-être, etc. Les chants reflètent parfois aussi le côté “tout, tout de suite” développé par notre société axée sur la consommation. », observe-t-elle. Pour nous, le contenu de ces chants indique plutôt un changement dans la relation entre le chrétien et Dieu.

Faut-il, alors, parler de changement de mentalité ? N’est-ce pas davantage une dérive vers une spiritualité qui n’a plus tellement à voir avec l’action du Saint-Esprit dans le cœur de l’enfant de Dieu ?

Autre constat pour Christian Willy : « Plus les chants sont récents, plus ils se basent sur l’expérience personnelle du croyant dans la louange. Les chants d’adoration plus anciens contenaient peu de demandes et, lorsque tel était le cas, la requête concernait l’avancement du Royaume de Dieu. »

Sylvain Freymond, auteur et compositeur de cantiques et responsable de l’édition du recueil, met cette évolution sur le compte de la bénédiction de Toronto et du développement de la relation d’aide : « Le côté positif de cette évolution, c’est qu’elle a permis à de nombreuses personnes d’être touchées et d’approfondir leur relation avec Dieu. » Une telle influence de la soi-disant “bénédiction de Toronto”, est propre à nous inquiéter et à nous interpeller sérieusement sur ses effets néfastes.

Nous suivons la conclusion de Jean-Paul Zürcher, secrétaire du Réseau Evangélique, lorsqu’il considère que : « la louange traduit davantage la situation spirituelle de l’église qu’elle ne l’influence », en ajoutant toutefois : ne faut-il pas s’interroger sur la nature de l’esprit qui inspire une telle louange ?

La situation préoccupe des personnes comme Sarika Pilet qui espère qu’une prise de conscience plus générale se produira. Des efforts ont été entrepris pour inverser la tendance égocentrique et retrouver l’équilibre, dit-on. Mais quel équilibre peut-on retrouver si, à la base, il n’y a pas de compréhension juste des lois spirituelles concernant les bases de la vie chrétienne, à commencer par une connaissance biblique de ce que sont les deux notions fondamentales : la repentance et la foi ?

Nous relevons avec intérêt ces remises en question. Cependant, il ne nous semble pas qu’un retour vers une louange selon les Ecritures soit chose aisée dans un contexte où le “psychique” prend souvent la place du “spirituel”.

E. Ropp

La “Louange
Charismatique”

Texte extrait du fascicule, en allemand, “La Louange Charismatique :
un feu étranger dans le lieu saint”

Rudolf Ebertshaüser

2e édition

Comprend des extraits d’un article du ‘Christianisme Aujourd’hui’
de novembre 2006

Centre de Recherches, d’Information et d’Entraide

Ce texte est extrait du fascicule “La Louange Charismatique : un feu étranger dans le lieu saint”1, de Rudolf Ebertshaüser.

Introduction

Selon le témoignage de la Bible, la musique et les chants peuvent être soit, comme le montre l’A.T., pour la louange exprimée par les lévites, ou, dans le N.T., les cantiques spirituels de l’église, ou encore pour des cultes idolâtres comme l’adoration de la statue d’or érigée par Nébucadnetsar. Il existe une musique au service et à la gloire de Dieu inspirée par le Saint-Esprit, mais il existe également, à côté d’une musique que l’on peut qualifier de neutre2, une musique au service de Satan inspirée par l’esprit du monde. Soyons donc vigilants par rapport à toutes les influences qui agissent sur notre cœur, sur notre entendement, sur nos pensées et nos sentiments, afin d’éviter ou de refuser ce qui peut nous porter préjudice.

Quelqu’un qui est passé par une vraie conversion reconnaît, le cas échéant, son asservissement à la musique du monde comme péché devant Dieu, en particulier si c’est le genre musical d’origine démoniaque devenu courant aujourd’hui (cf. Rom 12.2). Il perd le goût pour ces choses du monde et est attiré (ou du moins devrait l’être) par les choses d’en haut (cf. 1 Jn 2.15-17). En même temps, il apprendra à aimer ce qui lui paraissait fade – voire ridicule –, des cantiques que le Seigneur lui-même a inspirés à ses enfants au cours des siècles. Il y verra la richesse spirituelle de vies marquées par une marche dans la foi.

Ces réflexions préliminaires montrent que les dispositions du cœur du croyant envers son Dieu jouent un rôle décisif dans son discernement spirituel. La position du croyant face à l’influence du monde sur la musique dans l’église dépend du degré de sa propre rupture avec les plaisirs du monde. Je suis persuadé que c’est là une des raisons principales des différends entre chrétiens sur cette question.

Le problème des chants charismatiques

Ces chants sont plus particulièrement fascinants pour la jeune génération de chrétiens. Leurs mélodies entraînantes semblent communiquer joie, enthousiasme, élan et force. Elles touchent essentiellement les sentiments. C’est probablement pourquoi ce sont eux qui ouvrent le mieux la voie à l’influence séductrice du mouvement charismatique. Il est donc d’autant plus important de discerner, devant Dieu, quelle doit être notre attitude face à ces chants.

Ces affirmations résultent de cinq années d’expérience au sein de ce milieu, particulièrement pour avoir participé intensivement à un “groupe de louange”. Depuis, j’ai, pendant dix ans, livré un combat spirituel contre ce mouvement.

1. Des méthodes du monde manipulatrices

Les mélodies charismatiques proviennent presque exclusivement du répertoire pop, avec ses grandes variantes, majoritairement à orientation ‘douce’, psychédélique3, mais tout aussi dangereuses et manipulatrices que le rock le plus dur. Certains chants proviennent également du répertoire catholique pour la méditation, et de Taizé. Ceux-là sont, à leur manière, tout aussi séduisants.

La source de cette musique pop est clairement démoniaque. Elle provient de cultes idolâtres de diverses tendances : rites africains conduisant à l’extase, à des transes et même à des possessions. Elle provient également de la musique rock, de chants méditatifs hindous et bouddhistes qui, eux aussi, conduisent à l’extase et aux transes.

Le chanteur pop, Jimmy Hendrix, déclare : « La musique, ayant sa propre spiritualité, permet de créer une ambiance. Tu peux hypnotiser les gens par la musique et, si tu touches leur point faible, tu peux prêcher à leur inconscient ce que nous voulons leur dire ».4

Timothy Leary, promoteur auprès de la jeunesse de drogues et de culture anti-chrétienne, déclare par rapport à la musique pop : « N’écoute pas les paroles, la musique porte son message en elle-même5… Très souvent, elle m’étourdit… C’est elle qui va te propulser »6. Les mélodies charismatiques exercent leur effet de séduction spécifique sur l’âme de ceux qui les chantent. Elles produisent une ouverture à l’extase, un affaiblissement de la vigilance et faussent la faculté de perception. Elles sont entraînantes et belles tels des chants de sirènes qui trompent et attirent, pour détourner de Dieu et de sa Parole, même si les textes sont basés sur des paroles bibliques.

Les chrétiens fidèles ont aujourd’hui un sérieux besoin de discernement de cet esprit d’égarement. De nombreux croyants ne voient plus le danger, ni la souillure de la musique chrétienne à coloration pop ou rock, étant eux-mêmes entraînés dans la ‘consommation’ de ces musiques du monde.

Ce travail de sape amène peu à peu les croyants à abandonner le lucide chemin de la foi et à s’engager dans la recherche de sensations fortes, vers la libération des désirs charnels (jusqu’à des danses effrénées dans les églises), entraînés par les esprits d’égarement qui sont à l’origine de ces mélodies.

2. Des paroles qui ne traduisent pas les vérités bibliques

Souvent les paroles paraissent bibliques à un observateur chrétien superficiel. Le texte de toute une série de chants très prenants repose presque entièrement sur des paroles bibliques. Mais un examen plus attentif fait apparaître que :

a. Le sacrifice parfait de Jésus-Christ et sa grâce occupent une place marginale et non centrale. Malheureusement, ce qui devrait être l’objet de l’adoration lors du culte : l’œuvre expiatoire de notre Seigneur sur la croix, apparaît rarement. De plus, les chants qui traitent de la croix le font souvent en jouant sur les sentiments où se mêlent enthousiasme et mysticisme, dévalorisant les déclarations bibliques7.

b. Dans la majeure partie des textes, il est question de la puissance et de la gloire de Christ manifestes dès à présent dans le monde, alors que ce ne sera le cas que lors de son retour en gloire. L’Ecriture nous apprend, en effet, que le règne de Christ n’est pas encore visible aujourd’hui (cf. Hé 2.8), bien qu’Il soit déjà élevé au-dessus de tout (Eph 1.20-23 ; 1 P 3.22).

La louange charismatique est étroitement liée à l’enseignement faux que l’Eglise doit, dès à présent, établir le règne de Dieu jusque dans la société civile et les sphères politiques. Par la ‘louange et l’adoration’ les charismatiques veulent ‘libérer’ la ‘puissance de Dieu’ par magie et ‘chasser les puissances des ténèbres’. Cela apparaît particulièrement lors des ‘marches pour Jésus’ et des ‘guerres spirituelles’. D’après cette hérésie, le ‘royaume de Dieu’ vient avec des ‘signes et des miracles’, par des effusions de l’Esprit, lorsque l’Eglise proclame la seigneurie de Jésus8.

c. Les chants contiennent et propagent les faux enseignements du mouvement. Toujours à nouveau apparaissent des hérésies typiques et des déformations des vérités bibliques, telles que le baptême dans l’Esprit ou la venue du Saint-Esprit sur des pays et des peuples, des réveils exaltants des temps de la fin, la soi-disant guérison ou salut des peuples9.

Il y a aussi la soif typiquement païenne d’expériences, d’extases, accompagnées d’une prétendue union avec Dieu, de sensations de la ‘proximité’ de Jésus, d’apparitions, d’expériences de puissance. Celui qui chante ces choses se trouve poussé à les rechercher.

La forte propension à répéter de nombreuses fois des formules courtes joue également un rôle important. Cela rappelle les mantras et les formules occultes païennes, ainsi que les chants liturgiques catholiques qui conduisent les participants à l’autosuggestion. Celui qui répète douze ou vingt fois dans un chant : « Je me réjouis », entre dans un état d’euphorie étrangère à la joie biblique10.

Fruits de la louange charismatique

Les effets séducteurs des chants charismatiques ne peuvent pas être bien compris si l’on ne prend pas au sérieux les déclarations des Ecritures annonçant, pour les temps de la fin, ces mouvements pseudo-prophétiques de séduction, dont fait partie le mouvement charismatique (cf. 1 Tim 4.1).

Que ses fruits en soient des exaltations douteuses et des divisions n’apparaît qu’à des chrétiens spirituellement avertis. Ceux qui sont conquis par ces chants rétorqueront, qu’au contraire, les effets en sont positifs : ils “communiquent à la foi un nouvel élan”, “suscitent l’enthousiasme pour Jésus”, “parlent aux jeunes”, “stimulent la consécration” !

En réalité, examinés  à la lumière des Ecritures, les résultats sont essentiellement autres : l’enthousiasme pour Jésus est trompeur, car il s’agit d’un ‘Jésus-roi’ tel que les Juifs l’auraient également acclamé, et non pas d’un Jésus avec qui on est prêt à sortir du camp pour porter l’opprobre ; la consécration ressemble davantage à une exaltation sentimentale très dépendante de l’ambiance que l’on ressent, allant jusqu’au désir de vivre l’extase ; l’unité ressentie est plus d’ordre mystique que spirituelle11, d’ailleurs ces chants provoquent souvent des divisions au sein de l’église ; la louange à Dieu devient une jouissance personnelle et égoïste au lieu d’être une sainte offrande apportée à Dieu de tout son cœur ; la simplicité des relations au Seigneur Jésus est minée par l’influence mystique et exaltée du charismatisme (2 Co 11.2-3).

Conclusion

Si nous examinons la louange charismatique à la lumière des Ecritures, comme le Seigneur nous le demande, nous arrivons forcément à la conclusion qu’elle représente un vrai danger spirituel pour l’Eglise, même si elle restait occasionnelle. Un patient et persévérant travail d’information et de persuasion est nécessaire auprès de ceux qui n’en voient pas encore les dangers.

Le choix d’un recueil de chants pour l’église est plus important qu’on ne le pense souvent. De même, les parents et les responsables de jeunes doivent savoir que la plupart des grandes rencontres de jeunes sont minées par l’usage des chants charismatiques (accompagnés de pantomimes, clowns, musique rock, disco, etc.).

Si nous voulons prendre une position claire et mener le combat contre les puissances à l’œuvre dans ce domaine, il nous faut beaucoup prier et être à la recherche du Seigneur. L’avenir spirituel d’églises entières et d’œuvres est en jeu !

Persévérons dans une adoration en esprit et en vérité, celle que le Seigneur agrée. Aujourd’hui même, il est impératif, devant la montée en puissance de l’adoration pagano-extatique, que les croyants vrais et fidèles apportent une louange qui soit une offrande pure et d’une agréable odeur à notre Dieu.

De nouveaux cantiques peuvent encore voir le jour à notre époque de déclin spirituel. Prions dans ce sens. Que Dieu suscite des personnes qualifiées par son Esprit pour composer des hymnes à sa gloire ! Si cela devait tarder, continuons de chanter nos anciens cantiques qui ont fait leur preuve et par lesquels nous pouvons, aujourd’hui encore, apporter nos sacrifices de louange qui Lui sont agréables.

“Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. (Hé 13.15)

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Le style de la louange en vogue

Compléments, tiré  d’un article de Christian Willy dans le ‘Christianisme Aujourd’hui’, nov. 2006 p. 20-21 paru (sous le titre : Notre louange est-elle devenue narcissique ?) à l’occasion de la sortie du troisième volume du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’, de Jeunesse en Mission.12

Le numéro de novembre 2006 de ‘Christianisme Aujourd’hui’ contient un article fort intéressant de Christian Willy sur l’évolution du recueil de chants ‘J’aime l’Eternel’. Il rappelle son historique, relevant combien les débuts furent difficiles, tant le contenu des cantiques traduisait parfois « une spiritualité désincarnée, une confusion entre royaume de Dieu et la notion de nation ». Son succès s’est imposé par l’usage, « la piété, avec un accent mis sur le ressenti, a eu raison de la précision doctrinale », conclut-il.

Aujourd’hui le recueil est très répandu, surtout dans le mouvement évangélique classique et charismatique.13

Selon le constat dressé par la psychologue Sarika Pilet, « le recueil a transformé la physionomie de la louange du mouvement évangélique… Placées sous la loupe, les paroles des 837 chants publiés en trente ans traduisent une évolution vers une louange qui s’est décentrée de Dieu pour se focaliser sur l’individu, ses attentes et ses demandes. »

Les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995

Les résultats de l’enquête sont très significatifs… « Centrée sur les paroles des chants d’adoration et de consécration, elle met en évidence plusieurs changements significatifs. Les chants basés sur des textes bibliques ont notablement reculé (de 33% à 13% entre ceux écrits avant 1980 et ceux composés dès 1990). Par ailleurs, dans les premiers, les paroles de consécration impliquaient une démarche active du fidèle, alors que désormais elles mettent davantage l’accent sur l’intervention de Dieu (“Purifie-moi”, “touche mon cœur”, etc.). Parallèlement, les chants de la catégorie “adoration” comportent toujours plus de demandes (la moitié sous forme de souhait, l’autre sous forme d’impératifs : “Bénis-moi”, “remplis-moi” etc.) Enfin, les chants qui ne parlent que de Dieu ont disparu dès 1995, alors que l’adorateur lui-même prend toujours plus de place dans les paroles des chants14. »

Changement de mentalité ou dérive vers une autre spiritualité ?

Les observations faites par Sarika Pilet sont très significatives pour quelqu’un qui se soucie de la croissance spirituelle (vue d’un point de vue biblique) des croyants.

Qu’indiquent donc ces changements ? Pour Sarika Pilet, le rapport croissant entre l’individualisme, la culture de l’esprit de consommation et des chants centrés sur l’individu est indéniable : « Ces chants traduisent notre manière d’entrer en relation avec Dieu : l’homme reste centré sur lui-même et ses besoins. Il s’agit de vivre des expériences spirituelles fortes15, d’accéder à la plénitude, au bien-être, etc. Les chants reflètent parfois aussi le côté “tout, tout de suite” développé par notre société axée sur la consommation. », observe-t-elle. Pour nous, le contenu de ces chants indique plutôt un changement dans la relation entre le chrétien et Dieu.

Faut-il, alors, parler de changement de mentalité ? N’est-ce pas davantage une dérive vers une spiritualité qui n’a plus tellement à voir avec l’action du Saint-Esprit dans le cœur de l’enfant de Dieu ?

Autre constat pour Christian Willy : « Plus les chants sont récents, plus ils se basent sur l’expérience personnelle du croyant dans la louange. Les chants d’adoration plus anciens contenaient peu de demandes et, lorsque tel était le cas, la requête concernait l’avancement du Royaume de Dieu. »

Sylvain Freymond, auteur et compositeur de cantiques et responsable de l’édition du recueil, met cette évolution sur le compte de la bénédiction de Toronto et du développement de la relation d’aide : « Le côté positif de cette évolution, c’est qu’elle a permis à de nombreuses personnes d’être touchées et d’approfondir leur relation avec Dieu. » Une telle influence de la soi-disant “bénédiction de Toronto”, est propre à nous inquiéter et à nous interpeller sérieusement sur ses effets néfastes.

Nous suivons la conclusion de Jean-Paul Zürcher, secrétaire du Réseau Evangélique, lorsqu’il considère que : « la louange traduit davantage la situation spirituelle de l’église qu’elle ne l’influence », en ajoutant toutefois : ne faut-il pas s’interroger sur la nature de l’esprit qui inspire une telle louange ?

La situation préoccupe des personnes comme Sarika Pilet qui espère qu’une prise de conscience plus générale se produira. Des efforts ont été entrepris pour inverser la tendance égocentrique et retrouver l’équilibre, dit-on. Mais quel équilibre peut-on retrouver si, à la base, il n’y a pas de compréhension juste des lois spirituelles concernant les bases de la vie chrétienne, à commencer par une connaissance biblique de ce que sont les deux notions fondamentales : la repentance et la foi ?

Nous relevons avec intérêt ces remises en question. Cependant, il ne nous semble pas qu’un retour vers une louange selon les Ecritures soit chose aisée dans un contexte où le “psychique” prend souvent la place du “spirituel”.

E. Ropp

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