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Que faire donc, frères ?…

que tout se fasse pour l’édification.
1 Corinthiens 14.26

Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment ;

instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse,

par des psaumes, par des hymnes,

par des cantiques spirituels,

chantant à Dieu dans vos cœurs sous l’inspiration de la grâce. Colossiens 3.16

Comment louer Dieu ?…

Guitare électrique

    ou

    guitare classique ?…

Lettre à un frère africain

Deux lettres parues in “PROMESSES”, N°113 (1995/3)

Mon cher frère en Christ,

Ta bonne lettre du mois dernier m’est bien parvenue et avec elle ta demande de renseignements quant au prix de cinq guitares électriques, baffles, ampli et autre matériel d’accompagnement. Tu veux, par ce moyen, mieux servir ton Seigneur dans l’évangélisation de tes compatriotes. Je me réjouis de ton zèle, de ton amour pour Celui qui est devenu ton Sauveur d’une façon si merveilleuse. Mais en lieu et place des renseignements demandés, écoute plutôt l’avis et les conseils d’un frère aîné dans la foi qui t’aime dans le Seigneur et qui prie pour toi.

Cette orientation que tu penses prendre n’a pas ma faveur et je vais te dire pourquoi. D’abord, l’investissement financier sera lourd, surtout pour les bourses africaines, là où la situation économique est déjà si difficile. Il viendra s’y ajouter le suivi d’une telle acquisition : table de mixage peut-être, entretien, réparations toujours très coûteuses et souvent impossibles en Afrique, où le service après-vente n’est pas assuré. Tu perdras une partie de ta mobilité. Une guitare simple se transporte facilement avec soi et on peut s’en servir presque n’importe quand et n’importe où. Mais avec ton nouvel “éléphant”, il faudra prévoir un véhicule approprié pour le transport et trouver toujours une prise électrique. As-tu pensé à cela ?

Et même si ce projet se réalise “avec l’aide de Dieu” (on colle le nom du Seigneur sur beaucoup de choses aujourd’hui), il y a un côté spirituel sur lequel je désire attirer ton attention. C’est que, hélas, j’ai vu naître trop de ces ensembles instrumentaux qui, au début étaient tout feu tout flamme pour la cause de l’Évangile. Je les ai vus presque tous terminer leur association et leur vie chrétienne dans la désintégration, la mondanité et la négation de ce qu’ils avaient chanté. Leur témoignage est devenu un contre-témoignage au point qu’après avoir “chanté pour Christ”, ils chantent maintenant pour s’enrichir et amuser le monde qu’ils voulaient autrefois gagner pour le ciel. Cela ne pouvait guère finir autrement puisque personne, au départ, ne leur a fait voir leur erreur d’aiguillage. Ils avaient, selon eux, reçu un appel, un “ministère”, un “don” de l’Esprit qui n’est même pas mentionné dans l’Ecriture !

Le temps consacré à leurs répétitions était devenu tellement envahissant qu’ils en sont venus à se détacher petit à petit des réunions régulières de l’église. Avec la meilleure bonne intention, ils ont remplacé la réunion de prière par “leur” réunion de prière. L’étude de leurs chants leur a fait perdre le temps, puis le goût pour l’étude personnelle de la Parole de Dieu. Et la pire des choses leur est arrivée : ils ont eu du succès et on les a applaudis très fort. L’applaudimètre est devenu leur critère de spiritualité. Ils ont cru devoir cultiver et étendre leur renommée. Ils auraient dû savoir, ou on aurait dû leur dire, que si le bien ne fait pas de bruit, le bruit, lui, ne fait pas de bien !

J’ajouterai encore ceci : avec ton groupe tu chanteras pour tes auditeurs, qui viendront vous écouter chanter, mais qui, eux, ne chanteront plus ! En fait, comme cela se passe dans le monde, vous leur apprendrez surtout à ne plus chanter. Une sœur en Christ, âgée, m’a dit un jour : « Avez-vous remarqué que les jeunes ne chantent plus aujourd’hui ? » On doit mettre au crédit de Martin Luther qu’il a, lui, fait chanter le peuple de Dieu, mais toi, au contraire, tu lui fermeras la bouche si tu ne lui sers que des mélodies tonitruantes et arythmiques.

Et quand ceux qui sont venus à ton spectacle se retrouveront seuls, comment fredonneront-ils ou chanteront-ils dans leur cœur (Col 3.16) ces mélodies de l’impossible à propos desquelles on ne pourra jamais dire ce qu’on dit de nos cantiques de réveil : on les apprenait vite et on ne les oubliait jamais ! Vois-tu, mon frère, jamais, dans l’Église comme dans le monde, on n’a comme aujourd’hui eu autant de chantres avec un matériel aussi sophistiqué, mais jamais non plus le peuple n’a si peu et si mal chanté. Piètre résultat qui va à l’encontre du but poursuivi. Dieu sait pourtant si je crois que la musique et le chant peuvent être un excellent apport à l’introduction ou la clôture d’un message biblique. Oui, un accompagnement musical est souvent le bienvenu, à condition qu’il entraîne le chant sans le dominer.

Selon 1 Cor 2.13, les choses spirituelles se communiquent par des moyens spirituels (J. N. Darby). Non, mon frère, la puissance et la vie de l’Esprit ne sont pas dans la frénésie et le brise-tympan. Imite, de préférence, l’apôtre Paul en amenant tes gens à l’obéissance de la foi (Rom 1.5). Canalise le dynamisme de tes co-équipiers à de meilleures fins. Dis-leur plutôt de s’appliquer à la lecture de la Parole de Dieu et d’y être tout entier… (cf. 1 Tim 4.13-15).

N’oublie pas la façon dont Dieu s’y est pris avec toi. Selon ton propre témoignage, il s’est servi, pour te sauver et te guérir d’une maladie incurable, d’une modeste cassette enregistrée il y a longtemps et dans laquelle je ne parlais même pas de guérison ! C’est ce murmure doux et léger (1 Rois 19.12) qui a calmé la tempête de ta vie et qui t’a ouvert des perspectives de service insoupçonnées. Ne t’égare pas dans les méandres d’une mode qui se démode et qui n’aura pas cours dans le ciel. Suis plutôt les traces de Timothée à qui Paul disait : “Fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ… ce que tu as entendu de moi, confie-le à d’autres… souffre avec moi comme un bon soldat de Jésus-Christ… combats selon les règles… efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a pas à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité… demeure dans les choses que tu as apprises et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises… je t’en conjure devant Dieu… prêche la parole… toi, sois sobre en toute chose (même en instruments de musique)… supporte les souffrances (même celles que te causent cette lettre !)… fais l’œuvre d’un évangéliste (et pas d’un troubadour)… remplis bien ton ministère…” (cf. 2 Tim 2.1 à 4.5)

Laisse à d’autres la charge de signer au bas de la page de leur vie : « Décibellement vôtre ». Que ta signature à toi soit celle de 2 Tim 4.7 : “J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la courses, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée…”

Ma lettre t’attristera pour un temps, c’est possible, mais reprends-en la lecture, plusieurs fois s’il le faut. Va à genoux t’expliquer avec ton Seigneur, et s’il te convainc de la superficialité de ton entreprise, aie le courage de faire demi-tour, quitte à déplaire à tes amis. Il n’y a aucune honte à se remettre en question. Il n’y a, paraît-il, que les fous qui ne révisent pas leur point de vue !

Mes prières accompagnent cette lettre. Avec toute mon affection fraternelle dans le Seigneur.

Auteur anonyme, mais connu de la rédaction de Promesses

Réponse du frère africain

J’accuse bonne réception de ta lettre, dont j’ai bien compris le contenu. Cette lettre est pour moi une prophétie, voire même une lampe qui est venue éclairer mes ténèbres. Tous ceux qui me sont proches ont lu cette lettre, y compris le groupe d’intercession. Je l’ai même donnée à d’autres pasteurs de différentes assemblées qui avaient aussi ce projet. Et nous avons tous compris qu’on était dans l’erreur.

Il faut constater chez nous que beaucoup de musiciens mondains ont commencé dans les groupes religieux et fini par le monde.

Depuis que je vous ai connu, vous n’aviez jamais écrit une aussi longue lettre. Elle m’a beaucoup édifié et c’est vrai que vous m’aimez.

Après avoir lu votre lettre, j’ai encore consulté les Ecritures Saintes. Les apôtres n’ont pas utilisé les moyens que nous utilisons actuellement, mais par la puissance de la Parole qu’ils prêchaient, et avec l’aide du Seigneur, beaucoup de gens venaient à lui et se convertissaient.

Oui votre lettre m’a d’abord beaucoup attristé par ce que vous y disiez. Je me suis mis à genoux et j’ai imploré le Seigneur ; tout juste à la fin de cette prière, je me suis retrouvé avec les larmes aux joues. J’ai compris qu’avant de faire un projet il est nécessaire de consulter le Seigneur et les Ecritures, et que Dieu utilise toujours ses serviteurs pour parler à son peuple. Voilà pourquoi j’ai dit que cette lettre est pour moi une lampe qui a éclairé ma route et une prophétie. Le Seigneur m’a convaincu que j’allais commettre une faute grave.

Je vous aime et salue tous ceux qui partagent cette bonne nouvelle avec vous, souhaitant vous lire encore prochainement. Je salue aussi notre sœur votre épouse. Ton fils dans le Seigneur

CRIE, BP 82121 F-68060 MULHOUSE CEDEX 2  (E-mail : lecrie@online.fr)