“Ne vous conformez pas au siècle présent,
mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence,
afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu,
ce qui est bon, agréable et parfait.” Romains 12.2
La Musique dans l’Eglise
Dan Lucarini
(2e édition)
Le débat sur la musique dans l’église s’est ouvert aux Etats-Unis. Depuis les années 70, la musique rock, pop, puis hard rock, rap et punk est entrée dans l’église en s’habillant de paroles religieuses. Notre revue ‘Amour de la Vérité’ voudrait apporter sa contribution à ce débat, croyant que certains chants et certaines formes d’adoration sont irrévérencieuses et néfastes pour la croissance spirituelle des églises.
Dans l’article qui suit, nous aimerions citer des extraits du livre de Dan Lucarini, ex-directeur de louange dans des églises évangéliques américaines.
Nous voudrions préciser en avant-propos que le terme « Musique Chrétienne Contemporaine » (raccourci en ‘MCC’) ne désigne pas toute musique écrite récemment, mais un style de musique hérité des années 1960, essentiellement à base de rock. La musique ancienne n’est pas forcément plus spirituelle ou plus appropriée que la musique contemporaine. Il est même souhaitable que les chrétiens d’aujourd’hui composent des chants chrétiens dignes du Seigneur. Mais nous insistons pour que cela soit « des cantiques spirituels » et non du rock habillé de paroles chrétiennes.
Emmanuel Bozzi
Tiré du livre : “Why I left the contemporary Christian music movement”
« Pourquoi j’ai quitté le mouvement de la musique chrétienne contemporaine », par Dan Lucarini.
Avec permission, copyright 2002, Evangelical Press Faverdale North Industrial Estate, Darlington DL3 OPH, Grande Bretagne.
1. Mon histoire
Christ m’a sauvé quand j’avais 23 ans. Jusqu’à ce tournant de ma vie, j’avais été très actif dans le monde du rock et de la musique pop, ainsi que dans son style de vie immoral. Notre église venait d’engager un nouveau pasteur issu de la génération du baby-boom1 comme moi. Avec de bonnes intentions, nous tînmes des réunions d’église pour discuter des changements dans le ministère de la musique. C’est là que je rencontrai pour la première fois la résistance des ‘Traditionnels’, des membres plus anciens et des familles qui étaient dans l’église depuis longtemps. Pour chacune de leurs objections, notre groupe de partisans de la MCC avait une réponse rassurante. Non, nous n’allions pas ramener une batterie dans l’église. Oui, nous continuerions à chanter des cantiques. Tout se ferait dans la décence et l’ordre. Franchement, je pensais que ces gens tenaient simplement à leur tradition et n’avaient aucun fondement biblique pour leurs objections (j’oubliais que nous n’en avions pas non plus !). De notre côté se trouvait le sentiment d’avancer vers le destin, que le changement de musique était inévitable et même essentiel à la survie de l’église… Un moment typique de louange comportait environ 25 mn de chants de louange avec des prières intercalées. Le groupe de louange s’arrangeait pour garder un flot ininterrompu de musique afin de garder l’ambiance. Certains musiciens du groupe voulaient étendre les limites de l’acceptable en essayant de la musique plus ‘branchée’… En tant que leader, j’aurais pu décourager cela, mais je choisis au contraire de me laisser aller à mon appétit pour le rock. Disons-le clairement : je m’amusais bien ! En regardant en arrière, je me rends compte combien il était difficile de résister à la bête du rock… Je voudrais résumer ici mes raisons d’abandonner le mouvement de musique chrétienne contemporaine (MCC) :
1. Je ne pouvais plus accepter les prémisses sur lesquelles se fondait la MCC : la musique est ‘amorale’ ; Dieu accepte tous les styles de musique ; on ne devrait pas juger les goûts musicaux des autres.
2. Quand j’ai vu ce que la Bible dit sur la véritable adoration et ce que cela signifie d’être en présence de Dieu, j’ai éprouvé un dégoût pour ma génération qui utilisait de la musique profane et vulgaire dans des tenues légères.
3. Pour préserver mon mariage et mon intégrité, je devais m’éloigner des tentations inhérentes à la musique pop chrétienne : un ego grandissant et l’attirance envers les filles.
4. Les cultes dits ‘contemporains’ devenaient ennuyeux et prévisibles. Toutes les églises qui cherchent à plaire aux incroyants ont commencé à se ressembler comme des clones de ‘Integrity Hosanna’ ou de ‘Maranatha Praise’ (producteurs de MCC).
2. Le Grand Mensonge
« On peut utiliser n’importe quel style contemporain de musique dans notre louange et Dieu l’acceptera. » Cette affirmation résume la philosophie de la MCC. Cette pensée a complètement neutralisé le discernement dans l’église. John Makujina, qui a étudié assidûment le mouvement de MCC, soulignait que « le ‘Jesus Movement’ qui est à l’origine de la MCC, appelait à venir à Jésus tel que l’on est ; le problème est que cet appel fut souvent interprété comme un ‘restez comme vous êtes’, au moins en ce qui concerne la musique, le langage, l’habillement et la conduite sociale. » (John Makujina, Measuring The Music, p.208).
1 Co 6.9-10 et la première épître de Jean affirment clairement qu’on ne peut demeurer dans le péché et espérer en même temps être accepté par Dieu. Au contraire, 1 Pi 2.11 nous enjoint de nous “abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme.” Dans cette nouvelle ‘Eglise de la Tolérance’, il est plus important d’accepter des comportements et des désirs mondains que d’exercer le discernement spirituel. On n’a simplement pas le droit de remettre en question les préférences personnelles d’un frère. « Dieu t’accepte où que tu sois, quoi que tu fasses. » Voilà le grand mensonge.
J’affirme que la vague irrésistible de la MCC est une conséquence de notre incapacité à nous opposer à cette tolérance totale. Ce faux enseignement a ouvert les portes de nos églises à l’esprit d’immoralité, de division et de mensonge.
Rick Warren écrit : « Le style de musique que vous choisissez pour l’adoration dans l’église est l’une des décisions les plus cruciales (et controversées) que vous puissiez faire. Ce pourrait être aussi le facteur le plus décisif pour déterminer la nature de votre auditoire et pour assurer la croissance de votre église. » (The Purpose Driven Church, p.280). Cette citation du pasteur Warren démontre à quel point la MCC est devenue la clé du succès d’une église contemporaine. Mais il n’apporte aucune base biblique pour lui accorder un tel statut, c’est seulement son opinion.
3. Le cœur d’une véritable adoration
C’est sur un forum en ligne que j’ai vu pour la première fois l’expression ‘le cœur de l’adoration’. J’ai entendu diverses explications au sujet de cette expression, mais voici comment elle est le plus souvent utilisée : « Si j’aime la musique punk, Dieu m’accepte-il encore ? – Oui, le style importe peu. Ce qui compte, c’est le cœur de l’adoration. »
Je suis d’accord avec le fait que l’attitude de cœur est importante dans l’adoration. Mais quelle est justement la véritable attitude de cœur ? Je crains que la grande majorité des églises contemporaines (mais aussi traditionnelles) se soient éloignées du cœur véritable de l’adoration parce qu’elles ne l’ont pas basée fermement sur la parole de Dieu, mais sur les besoins de l’homme2.
Le sens même du mot ‘adoration’ a été changé par les tenants de la MCC pour satisfaire à leur philosophie. Adorer ne correspond plus à la pratique biblique de s’incliner avec révérence et humilité devant Dieu. Le sens a été élargi de façon à inclure toute forme contemporaine : n’importe quel style de musique par n’importe quel musicien, la danse, le théâtre et l’art. Le mot hébreu pour ‘adorer’ dans la Bible est shachah, et le mot grec proskuneo, les deux signifiant s’incliner, se prosterner, rendre hommage humblement. Soyons francs : nous avons tendance à nous élever nous-mêmes plutôt que d’attendre de Dieu qu’Il nous élève. Pourtant Pierre écrit : “Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu afin qu’Il vous élève au temps convenable.” (1 Pierre 5.6).
Si le croyant de l’Age de la Grâce n’adore plus selon des rituels prescrits, il doit cependant continuer à adorer “en esprit et en vérité” (Jn 4.24).
Que signifie ‘en vérité’ ? Quand Satan est venu le tenter, Jésus a répondu : “II est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul” (Mt 4.8-10). Notre adoration doit être basée sur la vérité, telle qu’elle est écrite et non selon notre expérience, nos sentiments, les soi-disant besoins du consommateur ou notre vision anthropocentrique de la vérité.
Que signifie ‘en esprit’ ? Dans ses Commentaires, Adam Clarke écrivait : « Un homme adore Dieu en esprit quand, sous l’influence du Saint-Esprit, il dépose toutes ses affections, ses appétits et ses désirs devant le trône de Dieu ; et il L’adore en vérité quand chaque motivation et passion du cœur, et chaque acte d’adoration, sont guidés et réglés par la parole de Dieu. » La véritable adoration du cœur est celle qui s’incline et se soumet à la parole de Dieu, ni plus ni moins. C’était l’attitude de l’auteur de l’Epître aux Hébreux : “C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant.” (Hé 12.28-29).
Quand le responsable de la louange est confronté à cela, il (ou elle) ne sera plus jamais le même ! Cette connaissance pénétrera ses goûts musicaux et il deviendra très sélectif pour choisir la musique qui introduira l’adoration. C’est ce qui m’est arrivé…
Steve Camp, l’un des précurseurs du rock chrétien, a été tellement choqué par l’industrie de la MCC qu’il a publié sur Internet3 107 thèses appelant les artistes chrétiens à une réforme de leurs pratiques commerciales.
4. Je veux MA musique !
« Nous nous efforçons de toucher les incroyants ! » Voilà la plus commune excuse à l’utilisation de la MCC dans l’église. John McArthur nous avertit que cette course vers des églises conviviales « est devenue une excuse pour introduire des amusements mondains dans l’église en faisant appel à des intérêts charnels. » (Ashamed of The Gospel, p.46).
En 1996, Al Mohler Jr., Président du Séminaire des Baptistes du Sud, écrivait : « Notre culture de consommation et de matérialisme a séduit de nombreux évangéliques au point qu’ils ont adopté un ministère basé sur le marketing et non plus sur la mission. Les évangéliques acceptent des compromis moraux au nom du choix d’un certain style de vie. L’adoration biblique authentique est souvent supplantée par la culture de divertissement où la technique et les préférences personnelles remplacent la simplicité et la place centrale de Dieu. Nos églises sont mondaines dans leurs modes de vie, dans leur adoration et dans leur piété. » (Discours de l’Alliance des Evangéliques Confessants, Cambridge, Massachussetts).
L’esprit de complaisance est entré dans l’église avec la génération du baby-boom. L’appel à changer de musique a coïncidé avec l’arrivée des baby-boomers à des positions de leaders dans l’église vers les années 1980. Les pasteurs qui dirigent le mouvement de croissance des églises viennent du baby-boom. Ils ont apporté dans l’église cette emphase sur le MOI. Si on ne meurt pas à soi-même constamment en vivant par le Saint-Esprit on peut rapidement devenir des chrétiens narcissiques qui demandent à Jésus de les aider à réaliser leur potentiel. On croit adorer le vrai Dieu mais une attitude égocentrique interfère et vole l’attention qui revient à Dieu au point que l’adoration devient se focalise sur l’homme et non sur Dieu.
II y a des victimes de cette attitude. McArthur précise : « La conséquence évidente de cette quête obsessionnelle de l’incroyant est la place réduite laissée à ceux qui forment la véritable église. Les besoins spirituels des croyants sont négligés au détriment du corps entier. » (Ashamed of The Gospel, p.46).
Nous avons établi un ministère musical qui encourage l’ego et les désirs charnels, au lieu de nous occuper des disciples qui nous entourent.
5. La séduction des saints
La MCC comprend de nombreux styles différents de musique, en général avec un rythme très syncopé, comme le rock, le jazz, le rap, la pop. Mais le père de tous est bien le rock’n roll. Ce style de musique a été créé dans un but immoral par des hommes immoraux, et a toujours été utilisé par le monde pour exprimer des attitudes immorales. Le nom même de rock’n roll provient de l’argot et signifie “avoir une relation sexuelle”.
Quand j’étais encore partisan de la MCC, je disais souvent : « Ecoutez, je ne vois aucune orgie apparaître pendant le temps de louange où nous utilisons le rock ! » Comme beaucoup d’autres, j’étais aveugle devant les influences charnelles qui s’introduisaient sournoisement dans notre groupe de louange. Nous croyons pouvoir utiliser sans danger la musique rock et la ‘purifier’ parce que nous sommes parmi les sauvés et que nous demandons à Dieu de l’utiliser. Erreur ! On ne peut pas séparer le style de musique de ses connotations immorales. La musique Rock corrompt les chrétiens inévitablement : “… apprenez à vous dépouiller, par rapport à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité.” (Ep 4.22-24).
Au nom de la Louange, nous voyons des comportements que l’on considérait autrefois comme honteux et immoraux se manifester régulièrement dans l’église : des tenues moulantes et provocantes en imitation des chanteuses du monde ; les mouvements de danse et de déhanchement provoqués par le rythme rock ; une atmosphère sensuelle…
A.W. Tozer écrivait : « Une grande partie des chants dans certaines réunions évangéliques tiennent plus du romantisme que du Saint-Esprit. Les mots et la musique excitent la libido. Christ est courtisé avec une familiarité qui révèle une totale ignorance de ce qu’Il est. On n’y trouve pas l’intimité révérencieuse de l’adorateur selon Dieu, mais la familiarité insolente de l’amant charnel. » (Born After Midnight, 1959).
6. Les églises divisées
Lorsqu’une église passe des cantiques traditionnels à la MCC, il survient souvent une division où les “Traditionnels” sont accusés de juger et de diviser les frères. Tous ceux qui essayent de se mettre en travers de la route de la MCC sont neutralisés grâce à l’étiquette de “pharisiens-légalistes”. Quiconque ose critiquer quelque chose de nos jours est forcément considéré comme méchant et dans l’erreur. Je considère que la division et le jugement viennent des “Contemporains” qui insistent pour faire passer leur musique préférée sans tenir compte de la conscience et du discernement des autres frères. Certains pasteurs sont devenus totalement insensibles sur cette question : « S’ils n’aiment pas cette musique, qu’ils aillent voir d’autres églises qui leur plaisent mieux. » Ou bien : « C’est juste une question de style et de préférence. Cela ne vaut pas la peine de se battre. » On voit donc que certains chrétiens n’ont même plus un berger pour les protéger, mais un berger qui a décidé qu’il valait mieux perdre certains membres pour installer la MCC. Rick Warren prévient ceux qui appliquent ses méthodes ; « Une fois que vous avez décidé le style de musique que vous utiliserez, vous avez donné une direction à votre église. Elle déterminera quelles personnes vous attirerez et garderez, et quelles personnes vous perdrez. » (The Purpose Driven Church).
Avez-vous souffert d’une telle situation ? Avez-vous quitté une église pour cette raison ? Je puis vous assurer que Dieu pansera vos plaies et vous aidera à trouver une communion chrétienne plus saine, si vous voulez bien abandonner toute amertume.
7. Est-ce simplement une question de goût ?
Les partisans de la MCC nous expliquent que Dieu est un Dieu de diversité et de créativité et qu’après tout il a créé différentes sortes de personnes aux goûts musicaux variés. Pourtant, à partir des Saintes Ecritures, je suis persuadé que les préférences et les goûts sont importants aux yeux de Dieu.
1. Il nous demande d’éviter toute préférence qui peut être associée au mal : “Abstenez-vous de toute espèce de mal.” (1 Th 5.22)
2. Il nous demande d’user de notre liberté avec sagesse : “Tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’édifie pas.” (1 Co 10.23)
3. Il nous demande de ne pas être une occasion de chute pour notre frère : “Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles.” (1 Co 8.9)
4. II nous appelle à bâtir et non à démolir : “Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle.” (Ro 14.19)
Nous avons besoin d’églises qui pratiquent ces principes d’édification, où les chrétiens sont prêts à sacrifier leur liberté personnelle et à mettre les besoins des autres au-dessus des leurs.
8. La musique n’est-elle pas amorale ?
Le ‘Credo du Rocker Chrétien’ [NDLR : oui, cela existe… ] affirme : « Nous croyons qu’il est évident que toute musique a été créée égale, qu’aucun instrument ni aucun style de musique n’est mauvais en lui-même, que la diversité d’expression propre à l’homme révèle la créativité illimitée de notre Père Céleste. » (1988). Rick Warren ajoute : « Il n’y a pas de ‘musique chrétienne’, seulement des paroles chrétiennes. Si je jouais un morceau sans les paroles, vous ne seriez pas capable de dire si c’est chrétien ou non. » (The Purpose Driven Church)
Je suis d’accord pour dire que la musique en tant que concept est neutre. Les notes et les accords, la mélodie et le rythme n’ont rien de mauvais en eux-mêmes. Mais personne ne chante dans l’église des notes et des accords au hasard, sans un certain style. Et je crois qu’ainsi l’homme peut corrompre la musique. Le style rock, que les chanteurs chrétiens utilisent beaucoup, a-t-il une dimension morale ? J’affirme qu’il est clairement associé à l’immoralité, la promiscuité et l’adultère, la glorification des drogues et la rébellion à l’autorité. Changer les paroles et utiliser des musiciens chrétiens ne peut enlever ce caractère.
9. Si Dieu a créé la musique, toute musique n’est-elle pas bonne ?
C’est vrai, Dieu a créé toutes choses bonnes. Dieu a créé l’homme. Dieu a créé la musique. Mais Dieu n’écrit pas les chansons : c’est l’homme qui le fait. On pourrait comparer les notes de musique à l’alphabet. Une lettre ou une autre n’est pas morale en soi. Mais l’assemblage des lettres peut donner des paroles bonnes ou mauvaises, morales ou immorales (on pourrait rajouter le fait que toute la création, bien que créée bonne, demeure sous la servitude de la corruption en attendant sa rédemption) (Ro 8.20-22).
10. Où la Bible dit-elle que le rock est mauvais ?
A cette question, on pourrait rajouter une liste entière de questions similaires : « Où la Bible interdit-elle de fumer de la marijuana ? etc.
Bien sûr, la Bible ne mentionne pas spécifiquement la musique rock. Mais elle n’en condamne pas moins les comportements qui en découlent. La musique rock peut-elle être utilisée par Satan ? Quelle question ! Le nom même de groupes comme ‘Black Sabbath’, ‘KISS’ (acrostiche de Chevaliers au Service de Satan), ‘AC/DC’ (Anti-Christ, Death to Christ), ‘Sex Pistols’, démontre clairement leur caractère. La Bible nous recommande de nous abstenir de toute forme de mal (1 Th 5.22). Le mot grec traduit ici par “forme” veut aussi dire “apparence” ou “aspect extérieur”. La conclusion devient évidente. La sainteté exige que l’on se sépare du monde pour Dieu. Cela veut dire que nous devons entre autres éviter la musique rock.
11. La Bible ne dit-elle pas que l’on peut tout utiliser pour atteindre les gens ?
On entend souvent que la MCC attire les âmes perdues bien mieux que la musique traditionnelle, parce que c’est une musique qu’elles ont l’habitude d’entendre et parce qu’elles seront plus réceptives à L’Evangile présenté dans un style de musique connu. Le verset utilisé pour appuyer cela est 1 Co 9.22 : “J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns.” Paul explique dans ce passage qu’il respecte les scrupules des différents groupes auxquels il s’adresse. Prendre ce verset pour justifier des pratiques douteuses de louange ou des méthodes d’évangélisation discutables n’est pas honnête. Nous ne devrions accepter aucune méthode charnelle pour atteindre les âmes perdues.
12. La louange est-elle différente de l’adoration ?
Dans une certaine église, le pasteur, qui voulait introduire la MCC, fit remarquer que certains styles musicaux inappropriés pour l’adoration pouvaient être utilisés dans la louange. Le Psaume 150 est souvent cité pour justifier la MCC et la danse de louange dans les églises : “Louez-le avec le tambourin et avec des danses ! Louez-le avec les instruments à cordes et le chalumeau ! Louez-le avec les cymbales sonores ! Louez-le avec les cymbales retentissantes !” Les Hébreux utilisaient, certes, des percussions dans l’adoration publique, mais il me semble ridicule de comparer leurs tambourins avec les caisses des ‘Rolling Stones’. Dans les Psaumes, le mot hébreu traduit par “louange” est Hallal. Sa racine signifie “briller”. Quand nous louons Dieu, brillons-nous pour Lui ? Nous ne devrions pas le louer avec un cœur sale et terni. Les sons et les paroles que nous utilisons pour la louange sont-ils clairs pour ceux qui écoutent ? Le N.T. grec utilise au moins six mots différents pour désigner la louange ; epainos en est le plus fréquent. S
on sens se rapproche beaucoup de l’adoration. Comme je le rappelais au chapitre 3, l’adoration est l’action de révérer humblement Dieu pour ce qu’Il est ; la louange est notre expression de ce que Dieu est. Peut-on louer Dieu sans l’adorer ? Je ne le crois pas. Peux-on adorer sans louer ? En fait, il arrive souvent que l’on soit poussé à adorer Dieu au milieu d’un chant de louange.
13. Luther et Wesley n’ont-ils pas utilisé de la musique contemporaine dans l’église ?
On dit que Luther et Wesley ont placé des paroles chrétiennes sur des airs populaires, notamment certaines chansons de bars. En conséquence, l’Eglise devrait être ouverte et accepter n’importe quelle musique de son temps dans le culte.
Considérons ce que Makujina a découvert dans ses recherches historiques sur Luther : « Luther prît la mélodie d’une seule chanson du monde qui s’appelait ‘Je viens d’un pays étranger’. Elle fut publiée en 1535, mais remplacée quatre ans plus tard par un air original de Luther. » A propos de Wesley, Makujina continue : « John, le frère de Charles, sélectionnait les hymnes qui seraient chantés à l’église. Il était très loin des conceptions amorales d’aujourd’hui. Comme Darsey l’affirme : ‘Wesley était très sélectif en ce qui concernait les airs qu’on utilisait pour l’adoration et il n’aurait jamais cherché des airs de bistrot pour en faire des cantiques.’ » (John Makujina dans Measuring The Music)
Mais quelqu’un dira : « Si les chansons grivoises du passé sont devenues acceptables après plusieurs générations, n’en sera-t-il pas de même avec la musique rock ? Ne perdra-t-elle pas un jour sa connotation immorale ? » Un autre nous rappellera que l’orgue, à son introduction dans l’église, fut considéré comme un instrument du diable et qu’il pourrait en être de même avec la batterie de percussions à notre époque. Je crois que personne ne peut prédire si cela arrivera jamais et quand cela arrivera. Le problème de cet argument est que les partisans de la MCC ne veulent pas attendre 100 ans pour que cesse la controverse… Ils veulent leur rock maintenant !
14. La MCC n’est-elle pas plus facile à chanter que les vieux cantiques ?
On entend dire que les vieux hymnes sont trop durs à chanter, que les mots sont difficiles à comprendre, que de moins en moins de personnes savent chanter sur une partition à quatre voix, et que cette musique d’église va repousser les visiteurs. Par contraste, il est dit que la MCC aide à la participation de tous dans l’adoration et met à l’aise les visiteurs. Ces arguments sont-ils justes ?
Lorsque je conduisais mon groupe de louange de MCC, j’ai commencé à remarquer que certains chrétiens ne participaient pas et n’avaient pas l’air heureux. Après enquête, j’ai trouvé deux raisons à cela :
1. Certaines personnes ont du mal à apprendre les mélodies très syncopées des chants modernes. Certains styles emploient continuellement la syncope pour se rapprocher des rythmes rock. Dans ces chants, il est difficile de déchiffrer la musique et il est nécessaire de “sentir” le rythme.
2. La seconde raison m’a choqué parce que je croyais que la MCC créait une osmose entre les participants du culte. En fait, certaines personnes étaient intimidées par les chanteurs professionnels des équipes de louange. Qui peut rivaliser avec des voix travaillées, amplifiées et accompagnées d’un orchestre au complet ? A l’inverse, les hymnes donnent moins de place à des performances de solistes et plus de place à la congrégation.
Même les visiteurs inconvertis apprécient des hymnes bien chantés et la communion harmonique entre les membres de la congrégation peut les attirer à l’Evangile. De nombreux visiteurs se rappellent leur enfance en entendant certains airs classiques comme ‘Amazing Grace’, ‘Tel que je suis’, ‘Dieu Tout-Puissan’, etc. La beauté des hymnes anciens demeurera longtemps si nous suivons les instructions de John Wesley dans son livre Rules for Methodist Singers (Règles pour les chanteurs Méthodistes) :
– Apprenez l’air.
– Chantez-le tel qu’il est écrit.
– Chantez toutes les strophes. Si c’est une croix pour vous, portez-là et vous y trouverez une bénédiction.
– Chantez de tout cœur.
– Chantez modestement, sans crier.
– Chantez en rythme : ne courez pas ou ne restez pas en arrière.
– Par-dessus tout, chantez spirituellement. Gardez les yeux sur Dieu quand vous chantez. Cherchez à Lui plaire plus qu’à vous faire plaisir ou à plaire aux autres. Méditez sur le sens de ce que vous chantez et prenez garde que votre cœur ne soit emporté loin du sens par la musique.
15. La MCC n’est-elle pas utile pour gagner les adolescents à Christ ?
« Pourquoi ne pas utiliser la musique du monde pour amener les jeunes à écouter la parole de Dieu ? » On croirait entendre les israélites récalcitrants se plaindre de leurs chefs. Pourquoi ne peut-on pas utiliser certains rites païens pour notre culte ? Pourquoi ne peut-on pas sacrifier à Dieu sur les hauts lieux, comme eux ? Si nous ne pouvons pas le faire, nos adolescents vont rejeter la foi en Yahvé et se tourner vers les dieux des Philistins !
Mes amis, Dieu ne veut pas que nous lui associons des méthodes utilisées par les païens dans leurs pratiques immorales. Il est un Dieu jaloux qui nous demande de nous éloigner des idoles.
Quel est le fruit dans la vie de ces adolescents nourris à la MCC ? Ma femme et moi avons été responsables d’un groupe de jeunes dans une église baptiste. Nous avons pensé que la MCC serait un outil d’évangélisation parfait pour toucher les perdus et même pour en faire des disciples. Après tout, le rythme les attirait. Alors, nous avons emmené les ados à des concerts de musique chrétienne rock. Ce n’était pas du heavy metal ni du hip-hop, mais des chanteurs de pop qui semblaient pouvoir faire de bons modèles pour ces jeunes. Mais nous nous sommes rendus compte que ces artistes, peut-être poussés par leurs sociétés de production, imitaient les artistes non-chrétiens dans leur musique, leurs vêtements, leur coupe de cheveux, et leur marketing. Tout était fait pour gagner de l’argent sur le dos des enfants. En plus, ces artistes avaient tendance à aller de plus en plus loin dans leur son rock et dans leur style de vie. Certains sont devenus des modèles d’indécence, de rébellion, de séduction et de promiscuité.
Au lieu de pratiquer 2 Co 6.3 en ne scandalisant personne, certains artistes encouragent les adolescents chrétiens à les idolâtrer. Suis-je injuste en disant cela ? Nous avons vu de nos yeux les ados vénérer l’image de leurs chanteurs favoris : posters sur les murs, T-shirts à l’effigie du chanteur, cris de bonheur quand l’artiste entre en scène, imitation de l’apparence physique de l’idole. Cela est une désobéissance flagrante au premier commandement de Exode 20.4.
Aujourd’hui, nous ne croyons plus que la MCC soit un bon outil pour les jeunes. Cela nourrit plutôt leurs passions charnelles et ne produit pas le fruit de l’Esprit. Nous nous sommes rendus compte que cela les rapprochait de plus en plus du monde et que l’étude de la Bible et la prière étaient incompatibles avec la sensualité de la MCC.
16. La pente glissante des cultes mixtes
Je sais que de nombreux pasteurs et responsables de la louange dans les églises fondamentalistes subissent de grandes pressions des partisans de la MCC pour la laisser entrer dans leurs cultes. Un compromis est proposé sous forme de “culte mixte” qui combine des éléments musicaux anciens et contemporains. En théorie, cela devrait plaire à tout le monde. Malgré les promesses des contemporains, le style de musique suit une pente glissante, de plus en plus loin des cantiques traditionnels.
II faut d’abord prendre conscience que les ‘Contemporains’ et les ‘Traditionnels’ ne voient pas le culte de la même façon. Les deux veulent sincèrement glorifier Dieu et Jésus-Christ. Mais, pour le reste, des divergences apparaissent. Je les ai réunies sous forme d’un tableau :
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Quand la batterie est introduite dans le culte, alors l’église arrive au bord du gouffre. Plus que tout autre instrument, la batterie de percussions est l’instrument clé de la MCC ; elle soutient le beat (rythme), et donne le caractère rock à la musique. Les choix musicaux deviennent de plus en plus rock pour s’adapter à la présence de la batterie. Le son devient plus fort et plus extrême. Certains ont essayé d’enfermer la batterie dans une cage en plexiglas pour en atténuer le son, mais cela ne fait qu’attirer l’attention sur elle. En voulant mixer moderne et traditionnel on obtient un résultat inadéquat ainsi qu’une compétition entre musiciens, chaque tenant d’un style essayant de mettre la congrégation de son côté.
Laissez-moi vous conter une triste expérience. Dans l’une des églises où je dirigeais la louange, nous avions adopté un style totalement MCC. Néanmoins, pour le repas du Seigneur, je fus conduit à choisir un cantique dans le recueil traditionnel. Lorsque j’annonçai le numéro du cantique, il y eut un moment de confusion, parce que les chrétiens n’utilisaient plus le recueil et parce que les lumières tamisées empêchaient de bien voir. Je demandai que l’on allume complètement et la congrégation chanta ce cantique avec de magnifiques harmonies, seulement accompagnée du piano. Pas de batterie ni de synthé pour couvrir le chant des saints. Jamais je n’avais vu une participation aussi complète de la congrégation dans un chant. Toutes classes d’âges confondues, quelles que soient leurs préférences musicales, unissaient leurs voix dans la repentance et la louange à Jésus ; les barrières étaient tombées. Juste après cela, on rangea les cantiques et les lumières furent de nouveau tamisées…
17. Comment adorerons-nous ensemble ?
Je prie chaque jour que chaque responsable de la louange devienne conscient du besoin d’une réforme de la musique dans l’église. Nous devrions retirer les styles et les influences musicales qui sont mondains.
Voici quelques avantages d’une telle décision :
– Moins de divisions dans les églises
– Moins de tentations vers l’immoralité
– Moins de tensions entre membres d’églises
– Moins de compromis en ce qui concerne nos principes chrétiens
– Dieu sera glorifié par toutes ces choses
Je crois que nous devrions revenir aux hymnes traditionnels et aux chants récents qui ne créent pas de controverse. Notre musique devrait refléter la beauté et la paix. Au lieu de faire des choix musicaux radicaux ou extrêmes, nous devrions être très prudents. Les saints sont ceux qui sont mis à part du monde pour la gloire de Christ. Eloignons-nous donc de la mondanité dans nos louanges. La mission de l’Eglise est de rendre gloire à Dieu en toutes choses (1 Co 10.31). Cela crée un désir de plaire à Dieu dans tout le culte. Comparez cela avec les cultes dirigés vers les visiteurs : chaque détail est destiné à plaire… aux gens !
Voilà ce que l’on trouve aujourd’hui dans l’église où nous adorons :
– Les grands hymnes de la foi
– Une participation enthousiaste de la congrégation
– Des chants modernes de louange et d’adoration (mais qui n’utilisent pas le style de la MCC)
– Un piano et un orgue
– Un orchestre avec cordes, cuivres et instruments à vents
– Une chorale enthousiaste et bien formée
– Des soli accompagnés de musiciens sur place
– Des ensembles qui mettent en avant l’harmonie des chants et non le rythme
– Un style vestimentaire modeste et respectueux.
Voilà ce qu’on n’y trouve pas :
– Les styles de la MCC comme le soft rock, le hard rock, le jazz, le rap ou la country
– Un groupe de louange avec guitares électriques et batterie de percussions
– Des musiciens qui miment les artistes du monde
– Des paroles sur un écran au lieu d’une partition dans un livre de cantiques
– Un auditorium avec les lumières tamisées
– Des solistes qui s’habillent comme des stars
– Des cassettes d’accompagnement
Mais plus que toutes ces choses, ce qui importe pour moi aujourd’hui est l’esprit d’adoration. Nous devons apprendre à humilier nos cœurs devant notre grand Dieu. Nous devons obéir à Sa parole si nous voulons qu’Il agrée notre sacrifice de louanges.
Qu’en est-il des plaintes envers certains cultes traditionnels qui sont lourds, morts et peu pertinents ? Je dois confesser qu’il y a quelque vérité dans cette critique. Nous ne devons pas compromettre nos principes mais néanmoins glorifier Dieu de mieux en mieux lors de nos cultes.
Quand vous commencerez à vous opposer à la MCC, vous serez taxé injustement de divers noms : pharisien, légaliste, ritualiste, mettant la tradition au-dessus de Christ, insensible aux besoins des autres, esprit de jugement, hypocrite, passéiste, opposé à tout ce qui est nouveau… On utilisera ces accusations pour vous marginaliser. Basez donc vos objections sur ce qui vient des Ecritures. Soyez doux et veillez à ne heurter personne. Demandez aux partisans de la MCC d’expliquer et de motiver leur philosophie musicale. Rappelez que vous n’êtes pas opposé à la nouvelle musique, mais seulement à celle qui est associée à un style de vie immoral.
18. Comment choisir une musique acceptable pour le culte ?
Humainement parlant, combien j’aurais aimé que Dieu inspire un chapitre de la Bible pour définir la musique acceptable dans l’église ! Notre Dieu qui donne tant de détails pour la construction du Tabernacle aurait pu placer quelques versets du genre : « Tu me loueras en 6/8 et pas autre chose »… Mais Il a choisi de ne pas faire ainsi. Cela m’amène à une question : aurions-nous placé la musique à un niveau que Dieu n’a jamais voulu ? Peut-être Dieu veut-Il que nous soyons plus concentrés sur la prédication de la parole, un domaine sur lequel la Bible s’étend beaucoup et qui est utile au salut1 (1 Co 1.21).
Voilà mes derniers conseils à celui qui choisit la musique pour son église :
Premièrement, celui qui choisit la musique pour son église doit se soucier de sa relation avec Jésus-Christ. Y aurait-il un péché non confessé qui pourrait altérer son jugement spirituel ?
Deuxièmement, puisque Dieu demande la séparation, il devrait être très prudent avec ses goûts musicaux. Si l’on écoute du rock toute la journée à la radio, il sera difficile de choisir une musique acceptable pour l’église ! Si je baigne dans les styles musicaux du monde, j’en serais forcément influencé.
Dan LUCARINI
3 Cette question nous paraît capitale car elle nous ramène à l’essentiel : la place de la prédication dans le culte chrétien. Tous les milieux ne sont-ils pas guettés par une “inflation” de la musique ? (note de l’éditeur)
Ce texte a paru dans le N°62 du bulletin “Amour de la Vérité”, de l’Alliance Baptiste de France. Il peut être obtenu au CRIE, BP 82121 F-68060 MULHOUSE-CEDEX 2