La pantomime et la Parole de la Croix
Walter Wjst
Les moyens de communication sont-ils neutres?
Une école de communication, qui se dit chrétienne, affirme dans son tract de présentation: «le travail par la musique et les médias occupe de nos jours une position-clé dans la proclamation de l’Évangile». Peut-on souscrire de gaieté de coeur à cette affirmation? Est-elle en accord avec la Parole de Dieu, notre seul critère?
Dans la mesure où les médias (littéralement: les moyens, les intermédiaires) se limitent à la transmission de la Parole de Dieu dans son intégralité (par exemple message biblique par radio ou cassettes), il y a accord avec Romains 10:17 «la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ». Par contre, si les intermédiaires prennent la première place et si leur source est suspecte, profane ou même démoniaque, alors ils doivent être dénoncés avec la plus extrême vigueur.
On considère volontiers les moyens d’expression comme «adiaphora» = neutres. Cela se dit de choses ou d’actions qui ne sont moralement ni bonnes, ni mauvaises. Mais ces médias ne sont vraiment neutres que si, dégagés de tout accessoire humain (y compris de ce qu’on appelle l’art) ils s’effacent totalement derrière le message à transmettre. Par exemple: à la lecture d’un livre (lettres et mots sont les moyens de communication) personne ne pensera à l’évolution de l’écriture ou aux rotatives qui ont imprimé ce livre.
En écoutant la radio (moyen de communication) personne non plus n’aura l’esprit constamment occupé par les ondes électromagnétiques ou par Heinrich Hertz, qui les a découvertes il y a 100 ans. De même personne, en écoutant un disque évangélique (éventuellement dans une langue encore non écrite) ne deviendra un fan de T.A. Edison, rien que parce qu’il a inventé le phonographe. Ici les moyens sont vraiment à l’arrière-plan. Mais par contre, personne ne contestera sérieusement le fait que les musiciens de rock chrétien et les acteurs de théâtre ou de mime exercent, volontairement ou non, une fascination sur le public. Ce fait est en criante contradiction avec le caractère de la prédication spirituelle (I Cor. 2:1-5).
Si les moyens de communication étaient en eux-mêmes neutres, et ne devaient être jugés que sur les paroles prononcées, Paul aurait dû être vivement réjoui par la servante qui avait un esprit de divination (Actes 16), car elle disait la stricte vérité: «Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très Haut, ils vous annoncent la voie du salut.» Cependant Paul en fut «irrité» et la réduisit au silence.
Actuellement on entend de plus en plus parler du rôle de groupes d’expression corporelle dans la proclamation de l’Évangile. Cela nous oblige à nous pencher sur ce thème avec beaucoup de sérieux.
- Gestes, attitudes et masques
La pantomime (du grec pantomimos = qui imite tout) est selon Larousse «une représentation théâtrale où la parole est entièrement remplacée par des gestes et des attitudes», éventuellement accompagnée de musique et de danse. Dans l’Antiquité grecque, on élabora à cette fin une doctrine spécifique de la danse pantomimique au théâtre, «l’orchestique.»
Elle est attestée en Grèce, mais aussi à Rome à l’époque qui précéda la naissance de notre Seigneur. Elle avait toujours une signification religieuse, dans le cadre des mystères du paganisme antique. Pour se faire une opinion sur la pantomime, il faut aussi prendre en compte un élément important: le masque que constitue le maquillage. D’après le dictionnaire, le masque est un objet qui dissimule le visage, dans le but de se cacher, de se défendre contre les mauvais esprits, d’effrayer des ennemis ou de s’approprier le pouvoir de celui que le masque représente. Son intention est de transformer et de renier la propre identité de celui qui le porte.
Dionysos (lat. Bacchus) le dieu de l’extasa* était pour cette raison le dieu du masque. Il se faisait reconnaître par des mouvements envoûtants qu’on se sentait poussé à imiter, ce qui est à divers degrés caractéristique de la pantomime.
Si l’on considère la pantomime dans l’optique de l’annonce de l’Évangile, on doit se demander ce qui peut pousser un enfant de Dieu à transformer en celui d’un Arlequin le visage que Dieu lui a donné, et précisément dans le cadre d’un service pour son Seigneur (Arlequin: de Heilequin, nom d’un diable malfaisant dans les légendes du Moyen Âge, puis bouffon de la comédie italienne.) On ne peut pas non plus ne pas voir que les scènes de pantomime, exécutées avec les meilleures intentions, sont la porte ouverte à des représentations franchement blasphématoires. Il en est ainsi lorsque le Seigneur Jésus est représenté, dans le «Godspell musical» comme un bouffon triste. Quelque part dans un cadre qui se prétendait évangélique on joua une pièce mimée «l’Agneau» dans laquelle le Seigneur était caricaturé en Arlequin. Dans le même milieu une autre pièce, sur la tentation du Seigneur, montrait Jésus avec costume blanc et maquillage adéquat, combattant le diable vêtu de noir.
- Signes des temps
On peut se demander aussi pourquoi c’est précisément à notre époque que ces choses sont mises en avant avec cette insistance, alors qu’elles ont toujours existé. Cela ne prouve-t-il pas qu’elles portent le caractère du temps de la fin où les hommes, selon II Tim. 4:4 se tourneront vers les fables (mythes, histoires imaginaires)? N’est-ce pas aussi l’accomplissement de cette parole du chapitre précédent: les hommes aimeront le plaisir plus que Dieu?
Si l’apôtre Paul s’était présenté devant l’aréopage d’Athènes avec un groupe théâtral, on l’aurait sans doute applaudi, au lieu de le traiter de discoureur. Mais il n’attachait aucune importance à être «bien vu» désir qui, sous de multiples formes, sous-tend souvent les «activités chrétiennes» aujourd’hui.
C’est à Christ seulement que Paul cherchait à plaire, et nous ferons bien de ne pas rechercher non plus ce qui plait aux hommes. «Ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu» (Luc 16:15).
- L’Evangélisation-spectacle ou l’Épée de l’Esprit?
L’un des plus célèbres acteurs de pantomime déclarait qu’il se considérait comme «un constructeur de ponts entre les non-chrétiens et les chrétiens». Mais un tel pont ne doit pas exister. Même si nous vivons dans une période calme en apparence, cette parole du Seigneur subsiste: mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. (Jean 15:19)
Mais quelle est la position intérieure de ces croyants qui se résignent plus facilement à être une pierre d’achoppement pour le frère (Rom. 14:13) qu’à s’exposer à être rejetés par le monde?
Martin Heide écrit dans son livre «Musique à tout prix»: Paul n’a pas fait de l’évangile un spectacle, une causerie divertissante. L’Évangile fut présenté directement, sans «papier- cadeau», sans compromis. Et pourtant les apôtres auraient pu utiliser d’emblée les moyens qui étaient à leur disposition à l’époque (prestations musicales et théâtrales, discours philosophiques, etc…) Paul, le plus grand évangéliste de tous les temps, aurait-il négligé des procédés ou des «véhicules» efficaces? Pourquoi Paul, pourquoi les autres apôtres et leurs collaborateurs, pourquoi les premiers Pères de l’Église ont-ils renoncé à «l’évangélisation-spectacle»?
Cela étant dit, il est bien sûr inutile de mentionner que les actions symboliques de différents prophètes de l’A.T. ont une tout autre signification. Nous vivons aujourd’hui à une époque dont notre Seigneur a dit: Quand Il (le Saint-Esprit) sera venu, Il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement. En lsraël au temps des prophètes, ce n’était pas le cas. De plus, ils agissaient chaque fois sur l’ordre direct de Dieu. C’était toujours pour annoncer un jugement et dans la plupart des cas la parole «ainsi parle l’Éternel» précédait ou accompagnait les gestes.
La recherche de nouvelles méthodes d’évangélisation fait naître un soupçon: ne ferait-on plus confiance à l’Épée de l’Esprit, la Parole de Dieu, marteau qui brise les rochers? (Jér. 23:29)
Nous devons savoir que les activités de la chair ne peuvent s’adresser qu’à la chair. Les choses spirituelles ne peuvent être transmises que par des moyens spirituels (I Cor. 2:13).
Que le théâtre et autres procédés n’en fassent pas partie devrait être évident, sans difficulté pour qui est prêt à ne rechercher que la volonté de Dieu.
Walter Wjst
*Aussi le dieu des vignes et du vin.
- tiré de «Die Wegweisung», 9/88 (traduction et publication autorisées par l’auteur)
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