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L’ANCIENNE CROIX

ET LA NOUVELLE

    A.W. Tozer

&

    “J’ai été crucifié avec Christ” (Théodore Monod)

L’ANCIENNE CROIX… ET LA NOUVELLE

A.W. Tozer (1919-1963) a exercé un fructueux ministère de pasteur, de prédicateur et d’écrivain aux États-Unis. Bien que l’article qui suit ait été rédigé il y a bientôt un demi-siècle, il n’a rien perdu de sa pertinence ni de son actualité.

Sans avertir et presque inaperçue, une nouvelle croix s’est introduite dans les milieux évangéliques de notre époque.

Elle ressemble à  l’ancienne, mais elle est différente : les similitudes sont superficielles, les différences fondamentales.

De cette nouvelle croix a germé une nouvelle philosophie de la vie chrétienne, et de cette philosophie une nouvelle technique évangélique : un nouveau style de réunion et un nouveau genre de prédication.

Cette nouvelle évangélisation emploie le même langage que l’ancienne, mais son contenu n’est pas le même.

La vieille croix signifiait la mort pour la nature orgueilleuse d’Adam. Elle mettait à exécution la sentence imposée par la loi du Sinaï.

La nouvelle croix n’est pas opposée à la vieille nature pécheresse ; elle en est, au contraire, une partenaire amicale et elle alimente un flot d’amusements légitimes et bons, et d’innocentes réjouissances.

Elle laisse Adam vivre sans entraves, avec une motivation inchangée; il peut continuer à vivre pour son plaisir et, maintenant, au lieu de se réjouir à chanter des chansons douteuses en buvant des boissons fortes, il se réjouit à chanter des cantiques et à regarder des films religieux. L’accent reste toujours sur la jouissance, à la différence près qu’on la vit à un niveau plus élevé !

Dans l’évangélisation, la nouvelle croix encourage une approche toute nouvelle et entièrement différente. L’évangéliste ne réclame plus le renoncement à l’ancienne vie pour que la vie nouvelle puisse s’installer. Il ne prêche pas des contrastes, mais des similitudes. Il cherche à se mettre au diapason de l’intérêt général en montrant que le christianisme n’a pas d’exigences désagréables, mais qu’au contraire il offre tout ce que le monde offre, mais à un niveau supérieur.

Tout ce après quoi le monde, corrompu par le péché, aspire de nos jours est très habilement présenté comme étant justement ce qu’apporte l’Évangile, le produit religieux étant, bien entendu, meilleur.

La nouvelle croix ne met pas le pécheur à mort, elle le réoriente. Elle le renvoie dans une autre direction, dans un mode de vie plus sain et plus heureux, tout en sauvegardant son amour-propre. À celui qui est autoritaire, elle dit : « Viens et affirme-toi pour Christ ! » À celui qui est imbu de lui-même, elle dit : « Viens et glorifie-toi dans le Seigneur ! » À celui qui est avide d’émotions, elle dit : « Viens goûter la communion fraternelle, c’est si passionnant ! »

Le message de l’Évangile est dévié, biaisé, dans le sens du courant en vogue, pour être accepté du public. La philosophie qui se tient derrière est sans doute sincère, mais sa sincérité ne l’empêche pas d’être fausse. Elle est fausse parce qu’elle est aveugle. Elle passe complètement à côté de la signification fondamentale de la croix.

La vieille croix est un symbole de mort. Elle représente la fin soudaine et brutale d’une vie humaine. Du temps des Romains, celui qui se chargeait de sa croix et qui s’engageait sur le sentier de la mort avait déjà dit adieu à ses amis. Il savait qu’il ne reviendrait pas. Il partait pour toujours. La croix ne faisait aucun compromis, elle ne modifiait rien, elle n’améliorait rien, elle n’épargnait rien ; elle immolait tout en l’homme, complètement et définitivement. Elle n’essayait pas de rester en bons termes avec sa victime. Elle frappait dur et cruellement, et quand elle avait achevé son œuvre, il ne restait rien de l’homme, il n’existait plus.

La race d’Adam est sous la sentence de mort. Il ne peut y avoir aucune commutation de peine, aucune échappatoire. Dieu ne peut approuver aucun des fruits du péché, aussi innocents ou agréables qu’ils puissent paraître aux yeux des hommes. Dieu doit mettre “le pécheur à mort” avant de pouvoir le ressusciter à une vie nouvelle.

Cette prédication de l’Évangile qui établit des parallèles conciliants entre les voies de Dieu et celles des hommes est traîtresse envers la Bible et cruelle pour l’âme des auditeurs. La foi en Christ ne marche pas en parallèle avec le monde, au contraire, elle s’en coupe.

En venant à  Christ, nous ne haussons pas notre vieille nature à un niveau supérieur, nous l’abandonnons à la croix. Le grain de blé doit tomber dans le sol et mourir. Nous qui prêchons l’Évangile, nous ne devons pas nous considérer comme des agents de relations publiques, envoyés pour établir de bons rapports entre Christ et le monde. Nous ne devons pas nous imaginer chargés de mission pour rendre Christ acceptable auprès du grand commerce, de la presse, du monde du sport, ou de l’enseignement moderne. Nous ne sommes pas des diplomates, mais des prophètes, et notre message n’est pas un compromis, mais un ultimatum.

Dieu offre la vie, mais pas la vie ancienne améliorée. La vie qu’il offre est une vie qui renaît de la mort. Elle se tient toujours de l’autre côté de la croix. Celui qui veut la posséder doit passer par cette croix : il doit renoncer à lui-même et approuver la juste sentence de Dieu envers lui.

Qu’est-ce que cela signifie pour celui qui veut trouver la vie en Jésus-Christ ? Comment cette théologie peut-elle se traduire en vie ? Il doit se repentir et croire. Il doit renoncer à ses péchés et aller plus loin en renonçant à lui-même. Qu’il ne cache rien, n’excuse rien, ne justifie rien. Qu’il n’essaye pas d’argumenter avec Dieu, mais qu’il courbe la tête sous le choc de la sévère réprobation de Dieu, et se reconnaisse lui-même digne de mort.

Après cela, qu’il porte le regard, avec une foi simple, sur le Sauveur ressuscité, de qui jailliront la vie, la nouvelle naissance, la purification et la puissance. La croix, qui a mis fin à la vie terrestre de Jésus, mettra aussi à mort le pécheur ; et la puissance qui a relevé Christ d’entre les morts ressuscitera aussi le pécheur à une vie nouvelle avec Christ.

À celui qui proteste ou considère que c’est une conception étriquée et personnelle de la vérité, je dirai que Dieu a mis le sceau de son approbation sur ce message, depuis le temps de Paul jusqu’à nos jours.

Que les termes aient été exactement les mêmes ou non, tel fut, tout au long des siècles, le contenu de la prédication qui a communiqué la vie et la puissance dans le monde.

C’est là-dessus que les hommes de Dieu du passé, les réformateurs, les prédicateurs du réveil, ont mis l’accent ; et des signes, des miracles et des opérations puissantes de l’Esprit-Saint ont témoigné de l’approbation de Dieu sur leur message.

Oserions-nous, en tant qu’héritiers d’une telle puissance, falsifier la vérité ? Oserions-nous, de nos crayons rouges, retoucher le tracé “du plan de l’architecte”, ou altérer le modèle révélé pour nous sur le mont du Calvaire ? Dieu nous en garde !

Prêchons-la, l’ancienne croix, et nous connaîtrons l’ancienne puissance !

A.W. Tozer

“J’ai été crucifié avec Christ” Galates 2.20

Être crucifié avec Christ… c’est chose poignante et terrible, mais c’est la seule voie de la délivrance sur le péché.

Y donnez-vous votre consentement ? Voulez-vous permettre à la main de Dieu de vous saisir, de vous unir à Christ sur la croix, et ainsi de vous séparer de vous-même, de votre passé, de votre vieil homme, c’est-à-dire de l’homme que vous étiez, l’homme que vous détestez et qui vous rend si malheureux ?

Êtes-vous disposé  à vous en laisser délivrer au prix d’une crucifixion qui a été accomplie à votre place ?

S’il en est ainsi, il ne vous reste qu’une chose à faire, c’est de vous confier au Sauveur, pour qu’il vous cloue avec Lui sur la croix (à méditer : Romains 6.3 à 14).

Consentez-vous à  être crucifié avec Christ ? C’est, dites-vous, une figure, une métaphore, une manière de parler. Soit. Toujours est-il que c’est la manière de parler de Dieu. Et la réalité, c’est qu’il faut être crucifié pour être sanctifié, et qu’il faut être saint pour entrer au Ciel ! Acceptez-vous cette vérité de Dieu ?

Théodore Monod

Ces deux textes sont extraits de ‘LA VOIX DANS LE DÉSERT’